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Décryptage

Environnement, énergie : une inquiétude intergénérationnelle

Posté le par La rédaction dans Environnement

L'idée de respecter davantage l'environnement et de mieux gérer l'énergie fait progressivement son chemin dans les mentalités. Mais quelles perceptions en ont les différentes générations ? Une enquête réalisée auprès de 270 personnes réparties en trois classes d’âge tente d'y répondre. Premier volet : quel niveau d'inquiétude.

L’idée de respecter davantage l’environnement et de mieux gérer l’énergie fait progressivement son chemin dans les mentalités. Mais quelle perception en ont les différentes générations ? Pour y répondre, Christine Castelain Meunier, chercheur au CNRS, et auteur avec F.Meunier de « Adieu pétrole ! Vive les énergies renouvelables » a réalisé une enquête auprès de 270 personnes réparties en trois classes d’âge (20/30 ans, 45/60 ans, 70 ans et plus). Objectif : déterminer quelles perceptions ces différentes personnes peuvent avoir des problèmes liés à l’environnement et à l’énergie.Premier constat : les énergies renouvelables sont généralement perçues comme des alternatives positives, voire indispensables, surtout par les jeunes.Leur efficacité est toutefois parfois mise en doute et leur coût élevé est déploré. Le solaire est la plus connue des alternatives, avec les éoliennes. Mais le coût réel de ces technologies est mal connu et entraîne des critiques sur le manque d’informations disponibles dans ces différents domaines.Au final, le rapport avec les énergies renouvelables dépend des représentations liées aux problèmes de l’environnement, de l’énergie et du sentiment d’urgence. Quel que soit leur âge, la dégradation de l’environnement et les problèmes d’énergie constituent un sujet commun d’inquiétude pour les 270 personnes de l’enquête. Si chacun l’exprime avec sa sensibilité propre, en fonction de son âge, de son histoire, de ses origines sociales ou de son lieu de résidence, ces questions ne laissent personne indifférent. Certes, l’angoisse reste toute relative. Ces problèmes « ne m’empêchent pas de dormir » est une phrase qui revient souvent.

Un appel au respect des protocoles
L’inquiétude est malgré tout réelle, diffuse, mal définie. Elle crée un besoin de disposer d’informations claires et précises sur la réalité des pollutions, du changement climatique, de la déforestation… et suscite une demande d’intervention de la part des pouvoirs publics à l’égard des entreprises polluantes et du comportement des citoyens, en particulier dans les transports et le respect de la nature, prise comme le miroir de l’état de santé de nos sociétés. Une nature qui reste considérée par ailleurs de façon ambivalente, à la fois comme une source d’énergie mais aussi à travers sa dimension réparatrice, susceptible de sauver les individus des méfaits et des nuisances de la modernité. Ces inquiétudes se traduisent par un appel, adressé aux grandes puissances, à respecter les protocoles de régulation. Ils sont également nombreux à réclamer des réglementations, des limites, des normes, des balises, y compris des mesures répressives sous forme d’amendes ou de taxes. Ils ne disposent pas d’éléments suffisants pour surmonter les contradictions fondamentales qu’ils ressentent, qu’il s’agisse des nuisances qu’ils perçoivent, mais aussi des propositions et des mesures qu’il faudrait mettre en place pour maîtriser la situation. L’anxiété s’exprime dans un contexte global où l’on s’insurge contre la domination du marché, l’obsession de l’argent, du profit et de ses effets négatifs indirects ou directs sur l’environnement et l’individu.
Garantir un environnement de qualité et dénoncer les abus
Chacun alimente cette angoisse et la désamorce à sa manière, par un état d’esprit qui peut paraître individualiste, même s’il se prévaut du bien-être d’autrui. Mais l’angoisse est entretenue par un sentiment d’opacité qui rend difficile l’identification des problèmes majeurs, d’autant que les contours de l’angoisse varient avec l’âge. Qu’il s’agisse des rapports à l’avenir, du sentiment de responsabilité, des modèles de modernisation et du degré de contribution aux modèles passés qui sont jugés aujourd’hui préjudiciables pour l’environnement, la nature et le degré d’inquiétude ne se présentent pas de la même manière pour tous, ce qui ajoute encore au sentiment d’incohérence et de complexité.Beaucoup souhaitent renforcer, sur ces questions, l’éducation à l’école, dans la famille et dans la société en général. Cette éducation est considérée comme faisant partie de la citoyenneté actuelle et se réfère à des principes dont le respect et l’application sont perçus comme la base du civisme, comme « ne pas jeter par terre ».

Entre mondialisation et protection de la nature
Mais pour une proportion importante, plus de la moitié des personnes interrogées, tous âges confondus, l’environnement est avant tout « l’entourage proche », « le milieu où je vis, le milieu familial », « la convivialité, la courtoisie, l’entente », « la tranquillité, le bien- être personnel, collectif », « le monde qui nous entoure, la terre fragile, la famille », les autres. C’est aussi soi avec les autres et donc aussi les problèmes relationnels et la question du civisme, du respect d’autrui, du respect de la nature, de la conception de la société qui passe par des liens entre soi, les autres et avec la nature.Comment la mondialisation vient-elle s’inscrire dans cette perception ? Selon certaines personnes interrogées, ce sont les pays développés qui sont responsables de la dégradation de l’environnement des pays émergents, de la couche d’ozone, des gaz émis par certains pays développés. Mais ce n’est pas tout : « les pays émergents n’ont pas les moyens. Les pays dominants veulent imposer leurs règles, ils aggravent ainsi le retard des pays pauvres ».

Des liens pas toujours explicites
Les personnes interrogées sont tiraillées entre une conscience coupable à l’égard des problèmes d’inégalité, de pauvreté des pays dépendants mais aussi la peur qu’en se développant, ces pays soient source d’inquiétude et de pollution. L’ambivalence s’amplifie face à l’industrialisation des pays émergents comme la Chine ou l’Inde, qui va contribuer au réchauffement de la planète et à augmenter la pollution. « Les pays émergents polluent presque autant que les pays développés ».Avec cette particularité que l’environnement n’a pas de frontière, lui porter atteinte génère une peur d’autant plus diffuse qu’elle est sans limite. Tout se passe comme si l’environnement était perçu globalement comme menacé et donc menaçant, et, si les raisons d’aimer l’environnement l’emportent largement sur celles qui consistent à s’en méfier, aimer cet environnement n’éteint pas la critique des nuisances qui en émanent.

Trois types de vigilance se démarquent
Au nom de la citoyenneté, de la valorisation d’un bon environnement et du respect auquel tout citoyen a droit, plusieurs types de vigilance interfèrent dans les liens entre l’individu et l’environnement. Le premier s’attache à ce que puisse être garanti à tout citoyen un environnement de qualité, preuve d’une modernité réussie et d’une société harmonieuse.Le deuxième dénonce les atteintes faites à cet environnement et, derrière elles, l’irrespect qui est fait à l’individu, de la part de tous ceux qui contribuent d’une manière ou d’une autre à dégrader la qualité de notre cadre de vie ou qui ne contribuent pas à diffuser des informations claires et fiables. Le troisième, enfin, pointe l’incompétence des responsables, l’incurie des dirigeants, le gâchis et les inégalités entre les pays.Par Christine Castelain Meunier, chercheur au CNRS, auteur de Adieu Pétrole! Vive les énergies renouvelables, Dunod

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