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Décryptage

Exoplanètes : beaucoup de bruit pour rien ?

Posté le par Sophie Hoguin dans Informatique et Numérique

Vous n'avez pas pu y échapper. Le monde entier s'est passionné pour l'annonce de la Nasa autour de la découverte d'un système de 7 nouvelles exoplanètes... Mais pourquoi chercher si loin alors que la vie existe peut-être, à portée de sondes, dans notre propre système solaire ?

Sans aucun doute, la recherche de vie extraterrestre et d’exoplanètes habitables (voire habitées) est un des domaines de l’astronomie qui continue de faire rêver l’humanité.

Avec la dernière annonce de la Nasa (qui en fait vient compléter l’annonce déjà faite l’année dernière par l’ESO et une équipe belge – voir cet article -), on a encore pu assister à un emballement médiatique mondial dont l’emblème pourrait être ce “doodle” de Google sur le thème.

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Des projets et des recherches à la pelle

La chasse aux exoplanètes bat son plein depuis une vingtaine d’années. Au compteur, plus de 3400 exoplanètes répertoriées dont 1284 pour la mission du télescope spatial Kepler, dont les données ne sont pas encore toutes analysées. Et les trouvailles continuent avec les observatoires spatiaux déjà lancés comme Kepler et Spitzer (le téléscope spatial infrarouge qui a servi à compléter les données sur le système planétaire autour de Trappist-1 – voir cet article -) et bientôt avec le prochain téléscope spatial James Webb (JWST) qui sera lancé par la Nasa en 2018. Mais les télescopes terrestres ne sont pas en reste et, avec l’aide enthousiaste de millions d’amateurs (comme ceux réunis autour du projet de sciences participatives Planet Hunters), ils participent activement à cette quête. A titre d’exemple, des chercheurs ont rendu publique la masse de données accumulées par le spectromètre HIRES installé sur le télescope Keck-1 à Hawai afin de monter un projet participatif (voir cet article). Sur ces données, les astronomes ont déjà identifié 114 signatures pouvant être des exoplanètes : 54 à forte probabilité, 60 à confirmer.

D’autres projets sont prévus à plus ou moins courts termes tels que les observatoires spatiaux européens CHEOPS (mesure et caractérisation d’explanètes déjà connues) et PLATO (photométrie et astrosismologie pour découvrir de nouvelles planètes) dont les lancements sont respectivement prévus en 2017 et 2024.

Des sondes pour aller sur place

Enfin dans le domaine du projet plus lointain, citons les deux expéditions présentées pour aller visiter Proxima b, l’exoplanète la plus proche de la Terre (4,2 années lumières) et potentiellement habitable. Breakthrough Starshot, proposée par le milliardaire russe Yuri Milner, est un essaim de nanosondes munies de voiles qui seraient poussées par des lasers tirés depuis la Terre. Elles pourraient survoler Proxima b d’ici 20 ans, mais ne feraient que passer. Un autre projet alternatif, proposé début février dans un article de Astrophysical Journal Letters, consisterait à envoyer des sondes munies de voiles poussées par les vents solaires pour un voyage de plus de 300 ans dans tout le système de Proxima du Centaure avec un retour sur Terre. Evidemment, cette fois la moisson de données seraient vraiment plus importante.

L’illusion de la zone d’habitabilité

Cependant, dans un pertinent article paru sur le site The Conversation, l’astronome chilien Joshua Tan, condamne l’emballement médiatique et scientifique autour des exoplanètes “analogues” à la Terre et qui sont placées dans la zone d’habitabilité. En effet, cette fameuse zone d’habitabilité d’une planète, définie comme la zone par rapport à une étoile où l’eau pourrait se trouver sous forme liquide est une condition tellement insuffisante pour déterminer si la vie pourrait s’y développer qu’on peut même s’étonner qu’elle soit encore utilisée: selon que la planète possède une atmosphère, selon sa géologie et son environnement dans l’espace tout peut changer ! Il n’y a qu’à regarder Vénus ou Mars. Si l’on continue à utiliser cette notion, c’est surtout pour restreindre le champ de recherche à une zone de probabilité d’apparition de la vie plus grande. Mais, pourtant notre système solaire, nous l’a maintenant dévoilé, l’eau liquide, que l’on considère comme le support privilégié de la vie, peut tout aussi bien se trouver sous la surface d’une planète, bien en dehors de cette zone d’habitabilité…

De l’eau, de l’eau !

De l’eau liquide sous la surface, on est à présent sûr qu’il y en a sur Encelade (satellite de Saturne) ou sur Europe (satellite de Jupiter), et certainement sur bien d’autres lunes, planètes ou météorites de notre système. Ce sont les résultats des dernières explorations du système solaire. Des océans enfouis, protégés des rayonnements et vents cosmiques par de la glace ou de la roche. Quand on voit la richesse de la vie sous-marine dans les abysses, que peut-on s’attendre à trouver si la vie y existe ? Ceci sans compter la vie qui peut se passer d’eau, comme cela pourrait être le cas sur Titan (voir cet article). Seulement, il faudra encore être patient avant d’en avoir le coeur net. La mission la plus proche pour aller voir le système Jupiter est Juice (Jupiter Icy Moon Explorer) programmée par l’Esa en 2022 avec une arrivée en 2030. Elle survolera en détail Jupiter et trois de ses satellites (Ganymède, Europe et Callisto). Suivie de peu, si elle obtient les financements, par la mission américaine Europa Multiple Flyby Mission qui est censée préparer l’arrivée d’un atterriseur dix ans plus tard. Mais si les grandes puissances spatiales traînent un peu des pieds, c’est que la communauté internationale est plutôt focalisée actuellement sur la maîtrise et l’étude approfondie de la Lune et de Mars, plus proches, avant de se lancer dans des atterrisseurs pour des mondes inconnus comme Titan, son épaisse atmosphère et ses mers d’hydrocarbures ou d’envisager sérieusement des robots foreurs à faire fonctionner dans les glaces des satellites de Jupiter. En attendant, il est plus simple de scruter le ciel pour répertorier des mondes qui pourraient, dans un avenir bien plus lointain, nous intéresser.

Sophie Hoguin

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