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Décryptage

Le re-use, la meilleure alternative pour l’industrie

Posté le par La rédaction dans Environnement

Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais c’est la grande tendance. Le re-use, ou recyclage de l’eau, permet de limiter les prélèvements et les rejets. Une solution très intéressante, mais exigeante.

Prenez une navette spatiale. L’eau circule dans un circuit complètement fermé, avec des recyclages à l’infini, ou presque. Des rejets liquides quasi-inexistants, un appoint très limité. « C’est un système ultime d’un circuit complètement bouclé », explique Jean-Louis Roubaty, professeur associé des universités. En théorie, ce fonctionnement idéal peut très bien s’appliquer à une usine, avec à la clé une réduction de la consommation d’eau et surtout des rejets. C’est la grande tendance selon les professionnels du secteur, qui l’appelle le « re-use », ou recyclage de l’eau (lire l’interview de François Morier, Proserpol). Le phénomène lui n’est pas nouveau. « Cela concernait surtout des sites très particuliers », explique Bernard Gély, directeur du pôle eaux industrielles de Guigues environnement. Et de citer l’exemple d’une raffinerie de pétrole en région parisienne dont la seule eau accessible était la nappe de Champigny, qui alimente notamment les parisiens et qui baissait en quantité et en qualité. Située à 17 km de la Seine, elle ne pouvait rejeter ses effluents que dans ce cours d’eau. Il y a 30 ans, une première en France, cette raffinerie a mis en place un système de séparation des eaux salées et des eaux non salées, avec deux réseaux d’égouts et un traitement séparé, l’eau moins saline étant recyclée en réfrigération. En France, des projets plus ambitieux de re-use sont étudiés, par exemple pour une autre usine toujours à proximité de la Seine. Le Japon est très en pointe sur le sujet. Le Canada s’y intéresse aussi de près, notamment dans l’industrie pétrolière. Il dispose en effet de la deuxième réserve de pétrole derrière l’Arabie saoudite, mais il est difficile à exploiter, car très visqueux. « L’exploitation se fait en injectant de la vapeur dans le sol pour réchauffer le pétrole, commente Bernard Gély. On obtient un mélange pétrole eau. L’eau est ensuite traitée pour la recycler dans les chaudières. Il s’agit de débits très importants, de l’ordre de 1.000 à 2.000 m3/h. » De grands investissements sont en cours en Chine, en Inde ou au Brésil. Ces pays en forte croissance intègrent le re-use dès la conception. De tels projets sont plus difficiles à mener pour des installations existantes.

Bien définir les spécifications de l’eau
Le re-use suppose un investissement conséquent, avec des technologies nouvelles et éventuellement des changements de procédés de fabrication. Il se fait donc le plus souvent sous la contrainte, comme dans le cas de cette raffinerie de région parisienne citée ci-dessus. Les évolutions en cours au niveau réglementaire vont dans ce sens : réduction des  prélèvements dans la nappe phréatique pour certains sites et surtout limitation voire réduction des polluants dans les rejets (lire l’article). « Quand on veut recycler, il faut pour l’instant un traitement encore plus sévère que pour le rejet dans le milieu naturel », précise Bernard Gély. Si les contraintes deviennent plus fortes pour le rejet, il deviendra plus avantageux de recycler. Au niveau technologique, il existe deux grandes familles : l’évaporation et l’osmose inverse. Ces technologies sont déjà bien au point. « L’enjeu pour les techniques membranaires, commence par une parfaite connaissance des effluents à traiter, condition indispensable à la fiabilité des dimensionnements et à la pérennité des installations », précise Bertrand Garnier, directeur technique d’Ondeo industrial solutions (Suez Environnement). A moyen terme, l’utilisation de nanoparticules dans les technologies membranaires devrait permettre de nouvelles avancées. Pour mener au mieux un projet de re-use, il faut avant tout bien connaître les eaux disponibles sur le site. « Il faut définir des spécifications de l’eau comme matière première dans un procédé donné », explique Jean-Louis Roubaty. Les spécifications seront très différentes selon les procédés et plus ou moins complexes selon les secteurs industriels, la pharmacie et l’électronique figurant parmi les plus complexes. « Pour optimiser le re-use, il faut éviter la ‘surqualité’, préconise-t-il. Il faut notamment éviter les blocages psychologiques. Un atelier va vouloir de l’eau de rivière purifiée alors que ce n’est pas forcément nécessaire. » Par ailleurs, il faut veiller à ne pas provoquer d’autres formes de pollution, avec des rejets sous forme physique (boue) ou gazeuse. Il faut aussi veiller à prendre en compte la réglementation sur les légionelles et les systèmes de refroidissement. Par Corentine Gasquet

Posté le par La rédaction


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