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Le dilemme énergétique de l’Allemagne

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Les centrales à charbon européennes perdent de l’argent !

Posté le par Matthieu Combe dans Énergie

Le think tank financier Carbon Tracker Initiative invite les investisseurs à fuire le charbon. Et les opérateurs électriques à fermer leurs usines. Car presque plus aucune centrale ne sera rentable en 2030.

Décidément, le charbon fait couler beaucoup d’encre. Dans son étude « Lignite of the living dead » parue cette semaine, le think tank financier Carbon Tracker jette le discrédit sur la filière charbon européenne. Le groupe spécialiste de l’analyse du risque climatique pour les marchés financiers a analysé les comptes de 619 centrales à charbon dans 28 Etats membres. Les résultats ne sont pas brillants du tout.

Au bout du compte, 54 % des centrales au charbon perdent de l’argent en Europe. Cette proportion atteindra 97 % en 2030 si rien n’est fait. Selon Carbon Tracker, les pertes accumulées pourraient alors atteindre 22 milliards d’euros. Pourtant, les entreprises ont actuellement prévu de ne fermer que 27% de leurs centrales à charbon d’ici là.

Des renouvelables plus compétitives

Dès 2021, les futures normes de qualité de l’air imposeront à 70 % des centrales à charbon existantes d’installer de nouveaux systèmes de filtration. Des filtres très chers pour nettoyer les gaz qu’elles rejettent. Et les prix du carbone feront grimper leurs coûts d’exploitation du charbon. Finalement, d’ici 2024, construire des éoliennes terrestres coûtera moins cher que d’exploiter les centrales au charbon existantes. D’ici 2027, ce sera également le cas pour le solaire photovoltaïque. Sortir du charbon et développer les énergies renouvelables sera donc bon pour la qualité de l’air, la santé des habitants mais aussi pour le portefeuille des actionnaires.

La palme d’or du nombre de centrales à charbon le moins rentable revient à l’Allemagne. En les fermant, le pays pourrait économiser 12 milliards d’euros. En Pologne, l’épargne pourrait atteindre 2,7 milliards d’euros. La République tchèque, l’Espagne et le Royaume-Uni pourraient quant à eux économiser respectivement 2,2 milliards, 1,8 milliard et 1,7 milliard d’euros. En France, la fermeture des centrales permettra d’éviter 770 millions d’euros de pertes pour EDF et 830 millions pour Engie.

Respecter l’Accord de Paris ?

C’est bien l’application de l’Accord de Paris qui est dans la ligne de mire de cette étude. Car continuer à produire de l’électricité à base de charbon en Europe au niveau actuel est incompatible avec la baisse des émissions promise. Bonne nouvelle : déjà sept pays européens ont défini une date de sortie du charbon, pour 2030 et ou avant. C’est le cas évidemment de la France pour 2022, à travers son Plan Climat. Mais aussi du Danemark, de la Finlande, de l’Italie, des Pays-Bas, du Portugal et du Royaume-Uni. En revanche, la majorité des Etats européens s’y refusent toujours. C’est notamment le cas de la Pologne qui aide ses centrales à hauteur de 400 millions d’euros pour qu’elles s’équipent de filtres.

Le rapport détaille que les centrales à charbon peuvent maintenir leur activité pour plusieurs raisons. Elles peuvent notamment espérer bénéficier du marché de capacité ou d’aides publiques accordées à l’avenir pour accélérer la fermeture des centrales. Certaines espèrent aussi peut-être que les prix de l’électricité repartiront à la hausse suite à la fermeture de leurs usines concurrentes. Enfin, garder des centrales en activité permet de reporter leurs coûts de démantèlement.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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