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Décryptage

News Environnement : février 2012

Posté le par La rédaction dans Environnement

[BILAN]

Les événements qui ont marqué l'actualité du secteur Environnement / Energie en février 2012. Au programme l'alimentation durable, le RESIF et un centre de recherhce sur la sécheresse des plantes.

Pour une alimentation durable

Dans un contexte de défi alimentaire auquel est confrontée l’humanité, qui plus est sur fond de changement climatique, l’alimentation dite « durable » s’inscrit évidemment dans la continuité d’une agriculture elle-même durable. Si cette dernière a fait l’objet de travaux conséquents et de réflexions importantes au cours de ces dernières années, en revanche l’alimentation durable [1], qui constitue pourtant un thème majeur des années à venir, n’a pas encore la notoriété de son « aînée ». D’où l’intérêt de l’ouvrage que publient les Editions Quae. Intitulé Pour une alimentation durable, fruit de la réflexion stratégique d’un travail nommé duALIne (DUrabilité de l’ALImentation face à de Nouveaux Enjeux). Réalisé entre novembre 2009 et juin 2011, celui-ci a mobilisé environ 125 experts au travers de 10 ateliers. Coordonné par Catherine Esnouf, Marie Russel et Nicolas Bricas, cet ouvrage dresse ainsi en dix chapitres un panorama des évolutions des systèmes alimentaires et identifie les points critiques afin de dégager des axes de recherche pour de futurs programmes.

Une partie de ce livre vise à montrer quels ont été les grands déterminants qui ont structuré et organisé la dynamique du système alimentaire plutôt industriel et à identifier les difficultés auxquelles est confronté celui-ci, puis à envisager les pistes de recherche les plus prometteuses qui émergent actuellement. « La logique de départ de l’industrie alimentaire, sa première fonction, c’est la conservation, avec la possibilité d’une consommation retardée dans le temps des aliments », explique Louis-Georges Soler, chercheur en économie qui dirige l’Unité ALISS (Alimentation et Sciences Sociales) au sein de l’INRA et a piloté un atelier dans le cadre de ce travail. Parallèlement à cette fonction de conservation ont émergé deux activités dans cette industrie : d’abord le fractionnement de la matière agricole et ensuite l’assemblage. La première, qui a donné naissance à tout un domaine spécifique de cette industrie, vise à décomposer la matière agricole en composants élémentaires et en ingrédients, au contraire de la seconde dont l’objectif est de formuler et de fabriquer de nouveaux aliments. La dissociation de ces deux fonctions a évidemment entraîner une standardisation de la matière agricole nécessaire à l’optimisation des procédés de fractionnement. « En revanche, la possibilité pour l’industrie d’assembler et de reformuler a conduit à un déplacement des leviers d’action de la création de variétés de produits et à l’ouverture d’un espace des possibles », observe-t-il.

Ce changement de la logique du système industriel alimentaire a eu évidemment des conséquences importantes en particulier au niveau de la diffusion, du rôle de l’innovation et des échanges de matières au sein des filières. Louis-Georges Soler explique qu’à ce stade, duALIne a pu identifier 4 difficultés. La première d’entre elles tourne autour de l’énergie consommée lors des différents changements de la matière, depuis la matière première agricole jusqu’au produit final. La deuxième de ces difficultés est que ce modèle qui s’est progressivement mis en place a intégré peu à peu toute une succession de contraintes : la contrainte microbiologique, la contrainte organoleptique, la contrainte nutritionnelle, enfin la contrainte environnementale et énergétique. D’où aujourd’hui un certain essoufflement des gains de productivité qu’a entraîné cet empilement des contraintes. « Nous ne l’avons pas démontré formellement, mais nous supputons assez fortement que l’empilement des ces contraintes y est pour partie l’un des déterminants », précise Louis-Georges Soler. Troisième difficulté, une plus grande variabilité de la matière première agricole en raison de la multiplication des échanges et de l’instabilité en termes de prix, alors que le système mis en place a conduit à une homogénéisation et une standardisation de la matière première agricole. « Aussi va-t-il falloir réussir à augmenter la flexibilité et la robustesse d’un système qui n’a pas été pensé pour cela », note l’économiste de l’INRA. Quant à la quatrième difficulté, elle vient de la distance qui sépare aujourd’hui un aliment, tel que les consommateurs se le représentent, et celuii qui sort effectivement de l’outil industriel, avec son lot d’additifs et d’ingrédients complémentaires, le tout sur fond de process technologique, un contexte qui pousse tout naturellement les consommateurs à se poser des questions, voire à contester ce modèle de production.

« Peut-on se sortir aujourd’hui de ces difficultés, par de simples ajustements mais en ne touchant pas aux grandes logiques mises en place, ou sommes-nous confrontés à la nécessité de repenser de façon un plus fondamentale le modèle actuel », s’interroge le chercheur de l’INRA ? Certes, il n’est pas question de revenir en arrière. En revanche, plusieurs voies commencent à être explorées par les technologues comme le minimal processing qui vise à réduire les changements d’états tout au long de la chaîne de fabrication pour trouver des solutions permettant de réduire la consommation énergétique. « Sans doute faut-il aussi repenser le fractionnement de manière à générer des co-produits qui vont devenir des substituts à l’énergie fossile carbone et plus généralement, repenser l’interface entre agriculture et industrie », conclut Louis-Georges Soler.

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RESIF, une Très Grande Infrastructure de Recherche pour la géophysique

C’est le 8 février dernier qu’a été lancée officiellement la Très Grande Infrastructure de Recherche RESIF (Réseau sismologique et géodésique français) dont la construction sera réalisée avec le soutien financier du programme d’investissements d’avenir dont RESIF est lauréat comme Equipement d’Excellence, à hauteur de 9,3 Millions d’Euros. Son but : créer une antenne d’observation géophysique sur l’ensemble de la France métropolitaine dédiée à l’étude de la Terre interne et des risques telluriques. Placé sous les tutelles du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable mais aussi du Bureau Central Sismologique Français, RESIF mobilise une centaine de chercheurs et d’ingénieurs et implique vingt établissements et organismes de recherche, parmi lesquels le CNRS joue le rôle de coordinateur au sein de ce consortium.

Regroupant ainsi 750 instruments permanents (sismomètres large bande, accéléromètres, récepteurs GPS, gravimètres), répartis sur l’ensemble du territoire national, avec une densification dans les zones de forte variabilité du sous-sol et de sismicité plus importante, RESIF apparaît comme une réponse coordonnée de la recherche afin de mieux comprendre la Terre profonde et de mieux évaluer ses ressources et les risques naturels potentiels. D’ici 2020, 150 nouveaux instruments devraient être intégrés à cette Très Grande Infrastructure de Recherche. Parallèlement, une instrumentation géophysique et géodésique mobile permettra de collecter des données sur des zones cibles comme l’outre-mer tropical français, de façon ponctuelle.

Précisons que par la mise à disposition immédiate des données et l’interopérabilité avec les centres européens, RESIF s’intègre totalement dans le dispositif européen et mondial d’observations géophysiques. Aussi est-il d’ores et déjà pressenti comme une contribution française majeure à l’infrastructure de recherche européenne, European Plate Observing System (www.epos-eu.org). Les données de RESIF pourront alors être utilisées par les chercheurs du monde entier, d’autant plus que la France métropolitaine est un exemple typique de pays fortement urbanisé et industrialisé avec une sismicité significative où les grands séismes se sont toutefois produits peu souvent.

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Tolérance à la sécheresse des plantes : PhénoArch, une plate-forme unique en France

Face au changement climatique, il est urgent pour l’agriculture de développer des plantes capables de tolérer de plus fortes contraintes environnementales telles que le déficit hydrique, des températures plus élevées ou un air plus sec. Aujourd’hui, les chercheurs de l’INRA de Montpellier disposent d’une plate-forme unique en France. Baptisée PhénoArch, celle-ci a pu être réalisée grâce à un financement exceptionnel de l’INRA et au soutien du Conseil Régional Languedoc-Roussillon et de différents partenaires (CNRS, Cirad, Université de Montpellier 2 et Montpellier SupAgro).

Au sein de cette plate-forme, 1 650 plantes peuvent être analysées simultanément, les conditions climatiques et l’état hydrique du sol y étant mesurés chaque minute. Ici, les plantes, qui peuvent être des céréales, mais aussi de la vigne ou encore de petits arbres, sont cultivés en pots qui se déplacent sur des convoyeurs gérés par informatique. La teneur en eau du sol est automatiquement contrôlée dans chaque pot par pesée et arrosage automatique pour obtenir une humidité cible pour chaque plante étudiée.

Prises à intervalles réguliers, des images en trois dimensions permettent de suivre l’architecture et la surface foliaire de chaque plante. C’est également à l’aide de l’imagerie qu’est estimée l’accumulation de biomasse, la transpiration des plantes quant à elle l’étant par pesées successives. Autant de données grâce auxquelles il est alors possible de calculer l’efficience d’utilisation de la lumière ou de l’eau des différentes variétés et espèces qui sont analysées au sein de cette plate-forme PhénoArch. Reste ensuite pour les chercheurs a analyser génétiquement chacun de ces caractères pour identifier des modalités de gènes (allèles) qui apportent des avantages aux plantes placées en conditions de stress. Précisons que cette plate-forme est couplée avec des modèles permettant la simulation du comportement des génotypes au champ dans un grand nombre de scénarios climatiques, présents ou futurs.

 

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Publié par P.T

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