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OPEP : L’Arabie Saoudite trouve un accord avec la… Russie

Posté le par Pierre Thouverez dans Énergie

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se sont entendus le 30 novembre dernier pour réduire leur production de brut après deux années de laisser-faire. Un retournement de stratégie permis par un accord avec la Russie, non-membre de l’OPEP, pour faire remonter les prix du baril.

Cela faisait des mois que les analystes financiers attendaient l’annonce de l’OPEP, c’est désormais fait. Après plusieurs années de production tous azimuts pour faire s’écrouler les prix du baril et regagner les parts de marchés perdues à cause du développement des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis, les membres de l’OPEP ont décidé de réduire leur production.

1,2 millions de barils jour en moins

L’OPEP a annoncé à Vienne une réduction de 1,2 millions de barils de pétrole par jour (Mbj)  à partir du 1er janvier 2017 pour atteindre une production totale de 32,5 Mbj. Une décision qui a immédiatement fait remonter les cours mondiaux (environ 10% en moyenne). Le poids de cette baisse de production est partagé différemment selon les pays et leur situation. L’Arabie Saoudite, premier acteur pétrolier de l’organisation, en prend logiquement la plus grande partie (-486 000 bj), suivie de l’Irak (-210 000 bj), les Emirats Arabes Unis (-139 000 bj), et le Koweït (-131 000 bj). L’Iran est le seul membre de l’OPEP qui non seulement ne participe pas à la baisse, mais voit son quota augmenté de 90 000 bj pour atteindre 3,8 Mbj. Une exception liée à la levée progressive des sanctions économiques qui touchent la République Islamique encore en-deçà de son niveau historique (près de 4 Mbj). Cet accord est applicable pour six mois et peut être renouvelé.

Moscou entre dans la danse

La portée de cette décision dépasse le cartel pétrolier puisque l’accord prévoit également une baisse de production de pays hors-OPEP à l’instar de la Russie qui aurait accepté de réduire ses exportations de l’ordre de 600 000 bj, soit à elle seule, la moitié de l’effort consenti par toute l’organisation. Une alliance que beaucoup de membres de l’OPEP appelaient de leurs vœux pour donner plus de poids à leur décision.

Reste à savoir si les engagements seront respectés, ce qui n’a pas toujours été le cas. C’est pourquoi l’OPEP a annoncé dans la foulée la constitution d’un comité de suivi et de contrôle présidé par le Koweït et constitué de l’Algérie, le Venezuela et deux autres pays non-membres de l’organisation pétrolière. Il aura la charge de contrôler lesdites  réduction de production dans les pays concernés.

Bilan

Quel bilan peut-être tiré de ces années de surproduction pétrolière voulue par l’OPEP ? Premièrement que l’effet sur les cours du baril du brut a été fort, confirmant la grande inélasticité du rapport offre/demande de pétrole. Cette chute des cours avait pour objectif d’écarter de l’offre mondiale les productions de pétrole non conventionnel (issu des roches-mères) essentiellement d’Amérique du nord, pour que l’OPEP récupère ses parts de marchés. Sur ce point, le secteur pétrolier américain a certes traversé une crise avec plusieurs faillites à la clé, mais les mouvements massifs de concentration d’entreprises et les économies d’échelle lui ont permis de mieux résister que prévu dans un environnement de prix bas. De fait, malgré une chute massive des prix du baril (48$ en moyenne en 2015 contre 93$ en 2014), les Etats-Unis restaient en 2015 le premier producteur mondiale de pétrole devant l’Arabie Saoudite et la Russie, selon le BP Statistical Review. Un échec cuisant pour Ryad, principal instigateur de cette stratégie, qui voit désormais son leadership être menacé à l’extérieur (Etats-Unis) et à l’intérieur de l’OPEP par son frère-ennemi : l’Iran. Que Téhéran soit parvenu à être le seul à ne pas être touché par la baisse des quotas est un signe d’un retour en force du pays au sein du cartel au détriment de l’Arabie Saoudite. Enfin, le concours nécessaire de la Russie à cet accord étaye la théorie de la perte progressive d’influence de l’OPEP sur un marché pétrolier devenu de plus en plus multipolaire.

Romain Chicheportiche

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