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Décryptage

Un Bilan Carbone pour tous, tous pour un Bilan Carbone ?

Posté le par La rédaction dans Environnement

Il est assez fréquent de penser que les émissions de gaz à effet de serre n'ont que deux grandes causes, et donc deux seules catégories de coupables : les transports et les industriels. Ainsi, un charcutier, une agence bancaire, une agence de voyages, un hôtel, ou un commissariat de police n'engendreraient pas d'émissions significatives, et un plan d'action pourrait très bien oublier ces acteurs de la vie économique ou sociale. Ces affirmations sont-elles pertinentes ?

Malheureusement, la réalité est bien plus complexe. Aujourd’hui, toute activité humaine, quelle qu’elle soit, engendre directement des émissions de gaz à effet de serre, même une compagnie d’assurances ou une crèche. Il faut en outre y rajouter des émissions « indirectes », liées aux produits ou services consommés pour « faire tourner la boutique », et qui peuvent facilement être bien plus importantes que les émissions directes. Commençons par le principal de ces gaz à effet de serre, le gaz carbonique. Il s’en dégage dans l’atmosphère dès que nous brûlons un produit contenant du carbone : du charbon, du pétrole, du gaz naturel, du bois…ou encore du plastique, qui n’est rien d’autre que du pétrole transformé. Nous allons donc trouver des émissions de gaz à effet de serre :

  • dès que l’on utilise une source d’énergie « fossile » (charbon, gaz, produits pétroliers), que ce soit pour se déplacer (en avion, en voiture, ou en bateau) ou pour se chauffer (les émissions du chauffage des logements et bureaux, en France, représentent des émissions supérieures à celles des voitures particulières). Le tableau donne une idée de la répartition des émissions, en associant les Kg équivalent carbone émis par tonne équivalent pétrole pour diverses énergies (1 tonne équivalent pétrole = 11.600 kWh = 42 milliards de Joules). Les énergies « fossiles » sont celles de gauche, du gaz naturel au coke de lignite (un charbon particulièrement riche en carbone). Pour les moyens purement électriques (hydroélectricité, éolien, nucléaire) les valeurs indiquées correspondent à la consommation de 11.600 kWh électriques (source ADEME, EDF) ;

  • lorsque l’on incinère des ordures contenant du plastique ;
  • pour produire de l’électricité en partant de combustibles fossiles (5% à 10% de l’électricité française est faite avec de tels combustibles, mais cette manière de faire représente plus de 80 % en Pologne ou…..au Danemark) ;
  • pour faire des matières premières (on utilise beaucoup d’énergie fossile pour produire de l’acier, du plastique, du verre, du ciment….) ;
  • dans l’agriculture, qui utilise de l’énergie (dans le tracteur), et qui engendre des émissions de gaz autres que du gaz carbonique, à travers l’élevage de ruminants (boeufs, moutons, chèvres) et l’utilisation des engrais ;
  • dans la putréfaction (par exemple la décomposition du papier en décharge).

Il résulte de cette énumération que n’importe quelle activité humaine, quelle qu’elle soit, engendre des émissions directes de gaz à effet de serre, ne serait-ce qu’à travers le chauffage de ses locaux (s’il est fait au gaz ou au fioul), et des émissions indirectes, qui sont fréquemment très supérieures aux émissions directes, et qui sont « incluses » dans les produits ou services en provenance de l’extérieur et nécessaires à l’activité, même si cette dernière est tertiaire.

Par exemple :

  • il faut chauffer les locaux, et cela engendre des émissions directes (gaz ou fioul) ou indirectes (électricité, avec la remarque ci-dessus) ;
  • toute activité consomme de l’électricité, qu’il faut produire. Cependant, selon la compagnie qui fournit l’électricité, les émissions liées à sa production peuvent varier du tout au tout (le tableau ci-dessous, qui montre les émissions liées à la production d’électricité, illustre bien ce propos. (Source : ADEME) ;

 

  • les transports qui sont nécessaires, que ce soit pour permettre aux salariés de venir travailler, pour livrer les marchandises ou les matières premières, ou pour les déplacements des salariés pendant les horaires de travail, émettent tous des gaz à effet de serre (en fait essentiellement du CO2), car ils consomment des produits pétroliers ;
  • il a fallu bâtir les locaux occupés par l’activité, et donc fabriquer les matériaux de construction, les transporter, et les assembler, et tout cela représente une consommation de combustibles fossiles importante, donc des émissions de gaz à effet de serre ;
  • il a éventuellement fallu fabriquer les matières premières utilisées pour l’activité, et cette fabrication a engendré des émissions de gaz à effet de serre ;
  • éventuellement, il a fallu construire les machines utilisées, ce qui a aussi nécessité d’utiliser de l’énergie pour produire les matériaux, les assembler, et les transporter ;
  • il peut y avoir des réactions chimiques, de l’évaporation de certains solvants, ou des fuites de certains gaz, qui conduisent à relâcher des gaz à effet de serre dans l’atmosphère ;
  • les déchets, ou les emballages des produits vendus, lors de la mise en décharge ou de l’incinération, émettent des gaz à effet de serre…

Comme il n’existe pas une entreprise qui n’utilise pas de moyens de transports pour faire venir ses salariés, ou ne consomme aucun produit manufacturé, fût-ce des feuilles de papier, dont la production a conduit à des émissions de gaz à effet de serre, il n’existe pas une entreprise qui n’exerce pas directement ou indirectement une pression sur le climat futur.

De ce fait, toute entreprise ou activité administrative ou associative peut légitimement s’intéresser aux émissions qu’elle engendre, directement ou indirectement. Comme le lieu d’émission des gaz à effet de serre est sans importance, toute réduction, que ce soit sur les émissions directes, ou sur les émissions induites, est bonne à prendre, et très souvent les émissions induites sont très supérieures aux émissions directes.

Et, bien entendu, il n’est pas possible d’agir et d’établir des priorités autrement qu’en mesurant l’importance respective des différentes sources d’émission, directes ou indirectes. Tout le monde peut agir, et ce n’est qu’avec la mesure qu’il est possible de savoir quelles sont les marges de manoeuvre et où elles se situent.

C’est dans cet esprit qu’a été mis au point, entre mi-2000 et fin 2003, pour le compte de l’ADEME et de la Mission Interministérielle pour l’Effet de Serre, une méthode permettant d’estimer à la fois les émissions directes et les émissions indirectes de gaz à effet de serre de toute activité industrielle ou tertiaire, intitulée le « Bilan Carbone ». Cet intitulé désigne tout à la fois :

  • une méthode de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, compatible avec l’initiative GHG Protocol ;
  • un tableur Excel prêt à l’emploi pour effectuer le calcul des émissions, comparer entre elles les émissions d’une année sur l’autre, et évaluer le potentiel de diverses actions de réduction ;
  • le manuel d’utilisation du tableur ;
  • le document décrivant la mise au point de la méthode, qui explique notamment comment ont été choisies les valeurs par défaut utilisées dans le logiciel et les sources utilisées.

L’esprit général de la démarche est de partir de données facilement disponibles dans l’entité examinée pour parvenir à une bonne évaluation des émissions directes ou induites de l’activité. A long terme, l’objectif est bien sûr de généraliser ce Blian Carbone, puisqu’on voit bien que chaque activité humaine produit des GES, en quantité difficilement estimable sans cet outil.

J-M.J

Sources : ADEME, EDF, X-Environnement.

Posté le par La rédaction


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