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Greenpeace propose sa transition énergétique

Posté le par Matthieu Combe dans Chimie et Biotech

Malgré son absence volontaire du processus officiel, Greenpeace apporte sa contribution au débat public du débat national sur la transition énergétique en publiant son scénario qui s’étend jusqu’en 2050.

Le scénario de Greenpeace prévoit une sortie du nucléaire dès 2031, une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 %, une diminution de 63 % de la demande en énergie primaire et de 52 % en énergie finale d’ici 2050 par rapport à 2011. L’ONG affirme que ce véritable virage ne coûtera pas plus cher que la trajectoire actuelle.

De plus, pour respecter ses engagements d’une baisse de la part de l’électricité d’origine nucléaire de 75 % à 50 % en 2025, l’organisation est formelle : le président François Hollande doit fermer au moins 10 réacteurs avant la fin de son mandat actuel.

Pour parvenir à ces résultats, l’organisation environnementale mise, à l’instar du scénario négaWatt, sur le triptyque « efficacité énergétique, sobriété et développement massif des énergies renouvelables ». 

Les économies d’énergie font les deux tiers du travail

Les économies d’énergies sont réalisées par l’efficacité et la sobriété énergétique, grâce, d’une part, aux transferts d’usage vers les modes les plus efficaces et renouvelables (notamment pour le chauffage), d’autre part grâce à une évolution vers une organisation de l’espace public et commun plus sobre. 

En résumé, cela suppose : rénovation thermique, isolation des bâtiments, diminution des véhicules individuels au profit des transports en commun et des modes de transports doux. Cela passe aussi par la lutte contre l’étalement urbain et le rapprochement des bureaux, des lieux de loisirs, de services et des commerces vers les zones d’habitation. Le scénario requiert aussi l’abandon du chauffage électrique ou au fioul, au profit du chauffage solaire pour l’eau chaude sanitaire, et la géothermie ou la biomasse pour le chauffage des bâtiments.

Une grande partie de l’électricité économisée grâce à ces différents leviers est réallouée au développement du transport électrique. Ces transferts d’usage font que l’évolution de la consommation électrique reste très modérée, passant de 424 TWh en 2009 à près de 409 TWh en 2050. En revanche, ils permettent une baisse de la demande de pointe de 25 % en 20 ans, de 102 GW en 2012 à 74 GW en 2035. 

L’éolien et le solaire remplacent le nucléaire

Dans ce scénario de transition énergétique, les énergies renouvelables représentent 84 % de l’énergie primaire consommée et 92 % de l’énergie finale en 2050.  Greenpeace prévoit un déploiement rapide de l’éolien et du solaire, puisque ces deux énergies représentent dès 2025 près de 41 % de l’électricité produite. En 2050, les renouvelables produisent 98 % de l’électricité en France, leur puissance installée s’élève à 189 GW.

Cette évolution s’accompagne de celle des réseaux de transport et de distribution, du développement des interconnexions avec les réseaux européens, des moyens de stockage (par exemple STEP, gaz de synthèse) et de la cogénération chaleur/électricité.

Une analyse économique poussée

Greenpeace a estimé les investissements nécessaires à réaliser dans le système de production électrique pour son scénario de transition énergétique et les a comparé à un scénario de référence qui «  renforce la production électronucléaire, maintient des niveaux de consommation énergétique élevés et échoue à réduire suffisamment les émissions de gaz à effet de serre, avec une réduction de 49 % en 2050 par rapport  1990 », précise le rapport. Dans les deux cas, les investissements sont estimés à environ 490 milliards d’euros entre 2011 et 2050. 

En revanche, au fur et à mesure que les énergies renouvelables se développent et que la part des énergies traditionnelles diminue, les dépenses liées à l’importation de pétrole, charbon, gaz et uranium diminuent drastiquement dans le cas de la transition énergétique. Aujourd’hui, les besoins en énergie primaire de la France reposent à 91 % sur des ressources fossiles ou fissiles, qui sont importées à 100 % pour l’uranium et le charbon, 99 % pour le gaz et 98 % pour le pétrole. Dans ces conditions, la facture des importations énergétiques s’élevait à près de 61,4 milliards d’euros pour l’année 2011, ce qui représente 88 % du déficit commercial national. Entre 2011 et 2050, le taux d’indépendance du secteur électrique passe de seulement 10 % (principalement grâce à l’électricité hydraulique) à plus de 95 % en 2050 dans le scénario de transition.

Si la part élevée des énergies renouvelables de la transition augmente légèrement le coût de production de l’électricité jusqu’en 2030 comparé au scénario de référence, les différences s’amenuisent avec le temps. Ainsi, en 2050, la production d’un kWh coûte 0,2 centimes d’euros de moins dans le scénario de transition par rapport au scénario de référence. Les analystes arrivent tout simplement à cette conclusion en prenant en compte l’évolution du prix du CO2, l’augmentation du prix des ressources conventionnelles et des technologies nucléaires et la baisse des coûts de production pour les renouvelables. 

Pour faire ses calculs, l’organisation a utilisé un prix du baril de brut de 93 € jusqu’en 2020 et 126 € entre 2020 et 2050. On ne pourra donc pas lui reprocher de surévaluer le prix futur du pétrole. De même, elle utilise pour le gaz un prix qui passe progressivement de 6,55 € par gigajoule (GJ) en 2010 à 19,89 €/GJ en 2050. Toutes les hypothèses sont clairement mentionnées dans le rapport et sont consultables en ligne.

« Greenpeace prouve avec ce scénario que la transition énergétique, vers une France libérée de sa dépendance aux énergies fossiles et fissiles, est non seulement techniquement possible, mais qu’elle est de plus rentable économiquement, comparée à la trajectoire actuelle. » conclut Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie climat au sein de l’organisation.

Par Matthieu Combe

 

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