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Décryptage

L’Europe a installé davantage de solaire que d’éolien et de gaz en 2011

Posté le par La rédaction dans Environnement

L’EPIA, Association Européenne de l’Industrie Photovoltaïque, vient de rendre public son « Global Market Outlook » à horizon 2016, mettant en lumière que les nouvelles capacités photovoltaïque (PV) installées en 2011 ont largement dépassé celles des autres filières, qu’elles soient renouvelables, fossiles ou nucléaire. Une première historique.

Sur la base de la puissance cumulée fin 2011, le PV délivre à présent 2 % de l’électricité de l’Union européenne à 27 (4 % en période de pointe de la demande) : le PV, dont le bilan sanitaire et environnemental est excellent d’après les études scientifiques multicritères, est vraiment sorti de la marginalité en Europe et permet au continent de tirer profit d’une ressource locale et inépuisable.

Un niveau record d’électricité d’origine solaire est atteint en Italie (5,39 %), en Allemagne (4,19 %), en République tchèque (3,15 %), en Espagne (3,04 %) et en Belgique (2,33 %), ceci en fort contraste avec le niveau français (0,71 %).

Au sein de l’UE27, 21,9 GW de PV ont été installés durant l’année 2011, soit davantage que le total des nouvelles capacités nettes d’éolien (+ 9,4 GW), de centrales à gaz naturel (+ 8,8 GW) et de centrales à charbon (+ 1,3 GW) installées durant la même année. En parallèle, le nucléaire a décliné de 5,9 GW et les centrales au fioul de 0,4 GW. L’Italie a été le premier marché du PV à l’échelle mondiale en 2011, avec 9,3 GW de connectés durant l’année, suivi de l’Allemagne (7,5). L’Italie et l’Allemagne ont représenté à elles seules 60 % de la croissance du marché mondial l’année dernière.

En Bavière, grande région du sud de l’Allemagne, le niveau d’équipement PV s’élève au niveau impressionnant de 646 Watts par habitant, c’est-à-dire à 3 panneaux PV par habitant en moyenne, suivi au nord par le Brandebourg (607) et la Saxe-Anhalt (350). L’Extremadure (508) et la Puglia (534), respectivement dans le sud de l’Espagne et de l’Italie, font également partie des régions championnes en Europe.

Le niveau d’équipement de la France (40 Watts par habitant), pays relativement bien ensoleillé, est deux fois plus bas que celui de la moyenne européenne (79), 7 fois et demi plus faible que celui de l’Allemagne (303), 5 fois plus faible que celui de l’Italie (213) et 4 fois et demi plus faible que celui de la Belgique (184). Cinq régions sont cependant championnes à l’échelle nationale, la Corse (195), le Midi-Pyrénées (100), le Languedoc-Roussillon (96), la Picardie (77), et Provence-Alpes-Côte d’Azur (75). Toutes les autres régions françaises sont bien en dessous de la moyenne européenne. Les experts de l’EPIA indiquent que « le mix énergétique national a été très débattu pendant la campagne électorale présidentielle en France. Mais l’état d’esprit prégnant en France ne devrait pas conduire à d’importants changements dans la façon dont sont développées les énergies renouvelables. Pour la plupart des hommes politiques français, le nucléaire reste la technologie bas carbone préférée ».

François Hollande s’est engagé à « réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d’ici 2025 », mais en annonçant la fermeture d’une seule centrale nucléaire, celle de Fessenheim (1,8 GW), en 2017. Et en ouvrant parallèlement une nouvelle centrale nucléaire à Flamanville, l’EPR (1,6 GW), ce qui, selon Greenpeace-France est « incohérent » avec l’objectif affiché.

Selon les différents scénarii étudiés par l’EPIA, le PV pourrait représenter en 2020 entre 2,4 % et 12 % du mix électrique de l’UE27. Le développement vigoureux du PV en Europe ces dernières années pourrait être difficile à soutenir si des politiques inadaptées étaient mises en place, les investisseurs ayant besoin d’un cadre réglementaire clair, stable et attractif. « Les politiques de type stop-and-start, avec par exemple des changements fréquents et brutaux dans les tarifs d’achat, peuvent menacer la croissance du PV en détruisant la confiance des investisseurs » soulignent les auteurs. Les politiques de tarifs d’achat, qui n’ont par construction aucun impact sur les finances publiques, constituent un levier clé pour booster la croissance de la filière PV fortement génératrice d’emplois non délocalisables, les deux tiers de la chaîne de valeur portant sur la partie aval.

A l’échelle mondiale, la puissance PV installée cumulée fin 2011 est de 69 GW, produisant 85 TWh d’électricité par an, soit 0,5 % de la demande électrique mondiale, assez pour alimenter 11 millions de personnes vivant selon les standards français. Les trois-quarts (51 GW) de la puissance PV cumulée mondiale concerne l’Europe. Viennent ensuite le Japon (5 GW), les USA (4,4 GW), la Chine (3,1 GW), l’Australie (1,3 GW) et l’Inde (0,46 GW). La Chine, qui produit aujourd’hui plus de la moitié des panneaux solaires à l’échelle mondiale, a installé sur son sol 2,2 GW durant la seule année 2011 et a décidé récemment de mettre en place une politique de tarif d’achat pour booster son marché intérieur. Le Japon, suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, a mis en place la politique la plus incitative du monde en matière d’énergies renouvelables.
Hors d’Europe, dans le reste du monde, la croissance du PV a été de 100 % en 2011. Les marchés extra-européens existants (Chine, USA, Japon, Inde),  sont loin d’avoir atteint leur plein potentiel. Et de nouveaux marchés sont en plein émergence, dans des secteurs géographiques très ensoleillés, notamment en Afrique, au Moyen-Orient, dans le sud-est asiatique et en Amérique du sud, du fait de la prise de conscience progressive de l’énorme potentiel que représente le PV.  « Globalement, le marché du PV continuera de croître » estiment les auteurs du rapport. Ceci indépendamment des politiques européennes.

Par Olivier Daniélo

 

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