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Les jours du diesel sont comptés

Posté le par La rédaction dans Environnement

Le gouvernement français pourrait mettre un terme à la politique pro-diesel

7 milliards d’euros. C’est la perte fiscale estimée par la Cour des comptes du fait des exonérations dont bénéficie le diesel. 7 milliards. On comprend que le gouvernement, en recherche désespérée de recettes,  réfléchisse à la question. D’autant plus que le débat sur les privilèges de la filière diesel fait régulièrement surface (environ 20 centimes/L  de moins à la pompe que l’essence malgré un prix HT similaire). Et les attaques sont nombreuses.

Tout d’abord les écologistes dénoncent son caractère polluant. On sait que les moteurs à essence émettent plus de CO2 que les moteurs diesel, même si ces derniers rejettent des oxydes d’azote, eux aussi étant des gaz à effet de serre. En fait, ce qui pose problème ce sont les particules fines. Des rejets qui seraient à l’origine de 42 000 décès par an selon l’organisation mondiale de la santé (OMS). Elle a d’ailleurs officiellement déclaré les émanations des moteurs diesel cancérigènes l’été 2012.

De leur côté les associations de défense du consommateur s’interrogent ouvertement sur les réelles économies d’un véhicule diesel pour les particuliers. En effet, s’il est acquis dans les consciences que rouler au diesel est plus économique, dans la réalité, il faudrait parcourir au moins 20 000km par an pour rentabiliser l’investissement que cela représente.

Or, d’après une enquête réalisée par l’institut CSA pour l’UFC-Que choisir en 2012, seuls 71% des personnes roulant au diesel en fait autant ! Chiffres confirmés par le Comité français des constructeurs automobiles (CCFA) qui déclare que les véhicules diesel parcourent en moyenne 14 000km, contre 8000 km pour les véhicules essence.

Comme quoi la politique incitative menée depuis plusieurs années a réussi à conditionner les esprits. Et à faire du parc automobile français le plus important en quantité de véhicules diesel, qui représentent les deux tiers des voitures et 80% de la consommation de carburant. 

Une proportion considérable, bien supérieure à celle rencontrée dans les autres pays européens. Il faut dire que la France, ou plutôt ses industriels, sont à la pointe de la technologie diesel. Et la bonne santé de nos entreprises prime sur les questions économiques des particuliers ainsi que sur les soucis environnementaux et les conséquences sur la santé. 

L’industrie automobile, chouchou des gouvernements ? Assurément. Et en cette période de crise où Renault tente de limiter la casse quand Peugeot s’effondre, on voit mal nos ministres décider de les pousser encore plus prêt du précipice en fragilisant le marché du diesel.

Néanmoins, le diesel a du souci à se faire puisqu’il est dans le viseur de la commission européenne qui affiche clairement sa volonté de mettre fin à une fiscalité aidant un produit dangereux pour la santé. En ce sens, la norme Euro 6 visant à limiter les rejets des moteurs diesel entrera en vigueur dès 2014. Un coup dur pour les industriels du secteur qui devront installer des équipements couteux pour la respecter, ce qui devrait augmenter les prix des véhicules à l’achat. Et ce n’est pas tout puisque l’Europe a vraiment le diesel dans le collimateur.

Une nouvelle directive sur la taxe carbone pourrait bien faire fondre comme neige au soleil l’écart de prix entre le diesel et l’essence, mettant ainsi un terme à l’avantage fiscal, mis en avant comme critère de décision par 84% des acheteurs de diesel. L’effet dissuasif devrait être immédiat ! 

Pragmatique, le CNPA annonce le rééquilibrage entre véhicules essence et diesel pour 2020, sans qu’il y ait besoin d’une politique agressive anti-diesel : « La volonté des pouvoirs Publics de rééquilibrer le marché diesel-essence interviendra de facto à horizon 2020 sans évolution de la fiscalité sur le gazole, grâce notamment aux nouveaux moteurs à essence mis sur le marché par les constructeurs ».

Bref, en douceur ou dans la douleur, le diesel pourrait bientôt disparaître…

Par Audrey Loubens, journaliste scientifique

Posté le par La rédaction


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