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Y a-t-il accélération ou décélération du niveau des océans ?

Posté le par La rédaction dans Environnement

« Le niveau marin moyen global a monté de 3,2mm/an depuis 20 ans. C’est supérieur aux 1,7 mm/an observés à l'échelle du XXème siècle. Donc il y a accélération de la montée du marin et ainsi la marque d’une influence humaine.» Ce type de raisonnement est au climato-exagérateur gourmand en catastrophisme culpabilisant ce que le poumon est au Malade imaginaire de Molière.

Le problème vient d’une analyse superficielle et/ou politisée de la situation, et en outre de la confusion, souvent involontaire mais parfois volontaire, entre vitesse (variation de niveau marin par an) et accélération (dérivée de la vitesse).

En effet, s’il y a bien montée du niveau marin, une analyse plus fine montre qu’il y a une décélération de – 0.06 mm par an carré depuis 2 décennies (Dean et Houston 2013), plus précisément entre -0.04 et -0.08 mm/an2 si l’on se base sur les données des marégraphes ou sur celles des satellites.

Une analyse spectrale singulière de Monte-Carlo permet de plus d’identifier sur les 3 derniers siècles une oscillation très nette dont la période est de six décennies (Jevrejeva 2008), oscillation multi-décennale qui a été mise en relation par Scafetta 2013 avec différentes oscillations océaniques.

Il y a une accélération de 0.01 mm par an carré (Jevrejeva 2008) si l’on considère les trois derniers siècles, mais curieusement on ne trouve pas d’accélération globale à l’échelle du dernier siècle. Comme le souligne Nicolas Scafetta: « parmi 6 enregistrement de marégraphes,  (Sydney, Fremantle, New York, Honolulu, San Diego et Venise) deux  présentent une légère accélération (+ 0:01 mm/an2), alors que les quatre autres présentent une légère décélération (-0:01 mm/an2). »  Les XVIIIème et XIXème (accélération) « noient » le XXème siècle (pas d’accélération) quand on considère les 3 siècles conjointement.

Le 4ème rapport du GIEC (2007) le confirmait: « aucune accélération du niveau de la mer  à long terme n’a été identifiée en utilisant uniquement  les données du XXème siècle » (IPCC 2007). Et dans l’AR5 qui vient d’être publié on peut lire page 3-5: « Il est probable (likely dans le jargon du GIEC ndlr) que le niveau moyen marin global  ait augmenté entre 1920 et 1950 à un taux  identique à celui observé entre 1993 et 2010 »  (IPCC 2013). A l’évidence, le signal anthropique n’est, du moins à ce stade, pas perceptible.

Modestie dans les prophéties

Il est donc difficile d’affirmer de manière catégorique qu’il y a accélération de la montée du niveau marin. Et encore plus difficile, et même impossible à ce stade, d’affirmer péremptoirement que c’est lié à l’homme. Les 5 à 10 années qui viennent permettront sans doute d’y voir plus clair.

En attendant une approche prudente concernant les projections pour le futur semble être l’approche la plus sage, a fortiori quand on sait d’une part que le réchauffement climatique marque une pause (non prévue) depuis 15+ ans, et que d’autre part l’on connait l’importance des incertitudes qui pèsent sur l’origine des variations de volume des calottes polaires (Wouters 2013).  « Il n’existe aujourd’hui aucun consensus concernant les accélérations [au niveau des calottes polaires], à savoir si elles résultent d’une variabilité inhérente aux systèmes climatiques associés aux inlandsis, ou si elles  reflètent une tendance à long-terme permettant alors une extrapolation pour le futur. »

C’est précisément cette modestie qui est mise en avant en France par le thermo-physicien François Gervais, médaille d’or du CNRS, comme par exemple durant l’émission de France Culture du 27 septembre animée par Michel Alberganti et intitulée « Rapport du GIEC: Comment expliquer la stagnation actuelle du réchauffement climatique ? », ou durant l’émission C Dans l’air d’Yves Calvi, émission du 1er octobre intitulée « Le climat, le monde s’en fout !  »

Une étude (Thomas 2013) qui vient d’être publiée dans Geophysical Research Letters montre d’ailleurs que la variation de température au niveau de l’Antarctique Ouest n’excède pas la gamme de variabilité naturelle observée depuis 3 siècles. Et la grande étude internationale NEEM (North Greenland Eemian Ice Drilling) a permis de mettre en évidence la remarquable résistance de la calotte du Groenland durant une période chaude de l’histoire de la Terre, l’Eémien (la température était alors de plusieurs degrés Celcius supérieure à l’actuelle dans cette région du monde), résistance qui a surpris les scientifiques.

Selon les scientifiques du programme Ice2sea (2013), le niveau marin pourrait monter entre 16,5 et 69 centimètres d’ici 2100, soit moins qu’estimé auparavant. L’hypothèse haute repose sur une fonte rapide des calottes polaires, ce qui ne fait pas consensus au sein de la communauté scientifique.

S’il y a décélération du niveau marin, il est peu probable qu’il y ait accélération du contenu énergétique de l’océan

La thématique de la pause (ou hiatus pour faire snob) est, « émergente, intéressante et complexe  » selon Thomas Stocker qui a piloté la synthèse à ce sujet pour le rapport du GIEC.

Si la décélération du niveau marin de -0.06 mm/an2 observée depuis 20 ans se poursuit, voire s’amplifie dans les années à venir, cela enrichira le débat sur les variations de volumes des calottes polaires ainsi que le débat sur l’énergie contenue dans les océans, la fameuse  « chaleur manquante  » que Kevin Trenberth croit avoir retrouvée entre 700 et 2000 mètres sous les mers, ce qui est fortement controversé à ce stade car, il est vrai, très peu convaincant.

Comme le souligne Michel Alberganti dans un article intitulé « L’échec du climato-catastrophisme » et publié sur Slate.fr  quelques jours après le débat sus-mentionné, « au lieu de hurler à une catastrophe qui ne fait pas réagir les foules, au lieu de miser sur la peur pour rêver d’un changement de civilisation improbable, au lieu de l’incantation scientifique, n’est-il pas possible d’analyser ce qui est en train de se produire sur Terre avec moins de passion et plus d’efficacité? Une lueur d’espoir ne peut-elle s’allumer à l’ombre du spectre de la punition divine? »

N’en déplaise aux Tartuffes et autres dévots époumonés de la climato-apocalypse, les débats, d’une part sur le réchauffement du climat, c’est-à-dire par définition de l’atmosphère terrestre, et d’autre part sur le réchauffement de l’océan, sont plus que jamais libres et ouverts.

Par Olivier Daniélo

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