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Décryptage

La lutte contre le réchauffement ne passe pas seulement par la réduction des émissions de CO2

Posté le par La rédaction dans Environnement

[Tribune] Lou Grinzo

La revue scientifique américaine PNAS vient opportunément de publier un article passionnant qui examine les différentes voies, autres que la réduction des émissions de CO2, pour ralentir l'approche du chaos climatique.

La revue scientifique américaine PNAS vient opportunément de publier un article passionnant qui examine les différentes voies, autres que la réduction des émissions de CO2, pour ralentir l’approche du chaos climatique.L’article de six pages, intitulé Reducing abrupt climate change risk using the Montreal Protocol and other regulatory actions to complement cuts in CO2 emissions, est disponible ci-dessus en ligne au format PDF. Quelques commentaires sur l’approche globale et les conclusions des auteurs :

  • L’idée élémentaire de chercher d’autres stratégies complémentaires des efforts pour réduire le CO2 me semble non seulement bonne ou sensée mais aussi impérative. Ainsi que les auteurs le signalent, le carbone noir et autres polluants jouent un rôle important dans l’augmentation anthropogénique du forçage radiatif. Nous aurions dû nous y intéresser, ainsi que diriger nos efforts en direction de la reforestation, depuis au moins dix ans si ce n’est trente. Je suis seulement inquiet que cela ne diminue le sentiment d’urgence lié à la réduction des émissions de CO2.
  • Les auteurs signalent que certaines incertitudes demeurent. Par exemple, les estimations du forçage radiatif du carbone noir varient pas mal. S’ajoute à cela le fait que brûler moins de charbon et de pétrole ne réduira pas seulement les émissions de carbone noir mais réduira également les aérosols de sulfate atmosphériques. Les aérosols de sulfate ont un effet refroidissant estimé à 1,15 watts/m2 [1]. En valeur absolue, cela représente 69 % du réchauffement causé par le CO2 atmosphérique (1,66), 72 % de l’effet anthropogénique net (1.6), et 3,8 fois l’effet de forçage du carbone noir [2]. (Voir le Chapitre 2 dans The Physical Science Basis in the current IPCC report, notamment la Table 2.12.) En d’autres termes, stopper ces émissions entraînerait une baisse très rapide des niveaux d’aérosols de sulfate atmosphériques avec pour effet concomitant une augmentation du réchauffement. Cela ne veut pas dire que s’attaquer aux émissions de carbone noir est une mauvaise chose mais simplement qu’il faut s’y prendre de façon à éviter un retour de bâton.
  • Ils signalent d’importantes économies potentielles à partir de la séquestration du CO2 grâce au charbon vert ou biochar et une meilleure gestion des forêts(réduction de la déforestation et augmentation de la reforestation). Ces efforts semblent avoir un gain potentiel important en terme de retrait du CO2 de l’atmosphère mais ils dépendent fortement de politiques nationales et internationales. Je n’ai donc aucune idée de la manière de les mettre aujourd’hui en pratique à l’échelle évoquée par les auteurs.
  • Les auteurs ne parlent pas du méthane, la seconde source la plus importante du réchauffement anthropogénique. Etant donné la source de nos émissions de méthane principalement la production alimentaire et les déchets – il semble extrêmement difficile de les réduire de 80 % dans le monde, selon le pourcentage avancé [3].
 [1] J’ai ajouté l’effet de forçage direct des aérosols de sulfate (-0.4) et l’ordre de grandeur moyen pour l’effet d’albédo des nuages induit par les sulfates (entre 0 et -1,5) dans la Table 2.12 de l’IPCC.[2] J’ai ajouté l’effet de forçage direct du carbone noir (0.2)et l’effet de forçage du carbone noir sur la neige (0.1), de laTable 2.12 de l’IPCC.[3] Voir également l’article ByDegrees – Curbing Climate Change While Capturing Lost Methane surla capture du méthane qui s’échappe des puits de gaz naturel et desinstallations. En 2007, il y avait aux Etats-Unis 699,9 millions detonnes métriques d’émissions de méthane (en unité équivalente deCO2), selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie : EIA- Emissions of Greenhouse Gases in the U.S. 2007-Overview. Economiste de formation, Lou Grinzo est un écrivain freelance basé à New York. Il anime le blog The Cost of Energy.

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