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Les entreprises se démènent pour économiser de l’eau

Posté le par La rédaction dans Chimie et Biotech

De la production d'aliments pour animaux au traitement des eaux usées, les entreprises n'ont pas manqué d'imagination lors de la Semaine verte à Bruxelles pour trouver des idées visant à utiliser l'eau de manière plus efficace.

Le monde est confronté à la raréfaction de l’eau douce et traverse une période de stagnation en matière de productivité, que ce soit pour réparer des fuites domestiques ou pour diminuer le gaspillage dans le milieu industriel. Ce sont les conclusions des experts de la société d’études McKinsey, qui prévoient une diminution des réserves d’eau douce de 40 % en 20 ans si aucune mesure radicale n’est prise pour améliorer l’efficacité agricole, industrielle et domestique.

Sous la pression de la hausse des prix et par crainte d’une pénurie, certaines entreprises vont de l’avant pour aboutir à une meilleure efficacité. Selon une étude financée par la Commission européenne, l’UE pourrait rendre son utilisation de l’eau environ 40 % plus efficace, uniquement par le biais d’améliorations techniques. Les décideurs politiques ont également invité les entreprises à prendre des initiatives. Face à la raréfaction grandissante de l’eau, ils envisagent la possibilité de réguler la consommation d’eau de l’industrie et de l’agriculture.

Aliments pour animaux

L’une des initiatives financées par l’Union européenne consiste à réduire radicalement le gaspillage d’eau entraîné par le processus de stérilisation des aliments pour animaux. Un projet pilote du département animalier de l’entreprise alimentaire Mars a démontré que de nouvelles techniques de stérilisation des aliments permettaient de réduire la consommation d’eau. L’entreprise projette d’étendre ces méthodes testées en Allemagne à d’autres pays où elle est implantée, à savoir la Grande-Bretagne, la France et la Lituanie. « Cela implique une consommation importante d’eau potable et bien sûr, en Europe occidentale, cette consommation est coûteuse », a expliqué à EurActiv Thomas Gaartz, ingénieur senior d’une filiale de Mars à Verden, en Allemagne.

La stérilisation thermique des conteneurs d’aliments pour animaux doit être effectuée à une température supérieure à 120 °C. Traditionnellement, l’eau douce était utilisée pour chaque lot puis rejetée dans les égouts. La technique de conservation ou de récupération de l’eau (« recowater ») de Mars utilise des rayons ultraviolets pour purifier les eaux usées et les réinjecter dans les chambres de stérilisation, a expliqué M. Gaartz. Ce recyclage a diminué de 95 % les rejets d’eaux usées et permis de réduire la consommation et le traitement de l’eau, pour des économies d’environ 300 000 euros par an dans l’usine de Verden. Ces recherches ont été financées par le programme-cadre de l’UE pour l’innovation et la compétitivité, un fonds de 200 millions d’euros visant à promouvoir la technologie et l’efficacité dans le processus de production sur la période 2008-2013.

Plans de conservation

À l’instar de Mars, Dow Chemical exploite sa propre technologie de traitement et de purification de l’eau afin d’investir dans la fabrication de produits chimiques et plastiques plus efficaces en termes d’utilisation des ressources.  » La durabilité et la rentabilité ne sont pas des objectifs antagonistes » selon Ilham Kadri, la directrice générale des matériaux avancés chez Dow à Dubaï. Elle a accordé un entretien à EurActiv en amont de son discours à l’occasion de la semaine verte à Bruxelles.

« La gestion de l’eau n’est pas qu’une question économique, il s’agit également de la sécurité de l’approvisionnement. » Dow assure avoir réduit sa consommation d’eau publique dans l’un de ses plus grands complexes industriels à Terneuzen aux Pays-Bas, en récupérant les eaux usées des communautés voisines pour les traiter et les utiliser à des fins industrielles. Mme Kadri a souligné que d’autres entreprises pétrochimiques étaient intéressées par ce processus et que Dow comptait partager cette technique avec des usines en Espagne, en Chine et dans d’autres régions. Ce projet, résultant de la coopération entre le gouvernement local et l’entreprise, est un modèle de coopération public-privé qui pourrait fonctionner ailleurs en Europe, soutient la directrice. « Nous véhiculerons un message bleu pendant la semaine verte », a-t-elle déclaré aux organisateurs de cet événement européen qui porte cette année sur le thème de la conservation de l’eau.

Elle a ajouté que les décideurs politiques à Bruxelles devraient promouvoir les partenariats public-privé dans le domaine de la conservation, surtout en période de restrictions financières et d’austérité gouvernementale. Le recyclage de l’eau présente un avantage supplémentaire : la diminution des exigences de traitement des eaux à Terneuzen permet de réduire de 65 % la consommation d’énergie pour la purification de l’eau, affirme l’entreprise. De même, M. Gaartz a ajouté que la technique de stérilisation de Mars permettait de réduire la consommation d’énergie en limitant la demande de traitement des eaux usées.

Moins d’eau dans les boissons

D’autres entreprises s’inquiètent de la sécurité des ressources et de la compétitivité des coûts pour la conservation de l’eau, que ce soit pour réparer des fuites dans les toilettes ou pour réutiliser l’eau de l’industrie pour le lavage ou l’arrosage. Coca-Cola Europe vise à réduire de 20 % sa consommation d’eau par le biais de nouvelles technologies et de mesures de conservation. Une canette de Coca-Cola contient 96 % d’eau et l’entreprise utilise 294 millions de mètres cubes d’eau douce par an, soit trois fois le volume d’eau consommé par la ville de Londres, selon le programme de responsabilité environnementale de la multinationale.

Le géant de la boisson gazeuse est l’une des multinationales qui a rejoint le programme European Water Stewardship lancé en 2010 par le partenariat européen pour l’eau (European Water Partnership) afin de promouvoir la conservation et l’efficacité. L’étude de McKinsey souligne qu’avec les niveaux de consommation actuels, la demande agricole pourrait à elle seule dépasser les surfaces durables disponibles pour l’approvisionnement d’ici 2030. De plus, pendant cette même période, la demande alimentaire et intérieure devrait augmenter. Aujourd’hui, les marchés émergents et les pays en développement sont plus que jamais confrontés à un écart grandissant entre les besoins de l’Homme et les ressources en eau disponibles.

Cette étude intitulée « Charting on water future » a été publiée l’année dernière lors de la semaine verte à Bruxelles. Cette année, la raréfaction de l’eau est également au programme de la semaine verte qui prendra fin vendredi.

Source : EurActiv.fr

Posté le par La rédaction


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