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Décryptage

Pourquoi faut-il sauver les abeilles ?

Posté le par La rédaction dans Environnement

Evoquée depuis plusieurs années, la problématique de la disparition des abeilles, agents principaux de la dissémination du pollen dans la nature, revient régulièrement sur le devant de l'actualité.

Le trouble des abeilles, les téléphones portables en cause

Une étude réalisée par le biologiste Daniel Favre a démontré après plus de 83 expériences près des ruches que le signal des téléphones cellulaires trouble le comportement des abeilles. Tous les résultats obtenus, sous la forme d’audiogrammes et des spectrogrammes de ces différents sons, ont démontré que les radiations des téléphones mobiles ont un impact direct sur le comportement des abeilles.

Des téléphones mobiles ont été positionnés à proximité immédiate des abeilles et les sons produits par les abeilles ont été enregistrés et analysés. Les ondes électromagnétiques provenant des téléphones mobiles agissent négativement sur le comportement des abeilles induisant des signaux d’alarme émis par les abeilles ouvrières. Les sons émis par les abeilles ouvrières annoncent généralement la préparation à l’essaimage, les téléphones occasionnent de grandes perturbations d’une colonie d’abeilles.
La pollution électromagnétique serait l’une des causes de l’effondrement de la population d’abeilles dans le monde, avec de graves implications sur notre écosystème.

La disparition des colonies d’abeilles se répand dans de nombreux pays européens depuis plusieurs années. L’Europe va s’appuyer sur l’expertise et les moyens de l’Agence de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) pour rechercher des solutions. D’après les autorités, les causes seraient multiples, resteraient difficiles à identifier, la communauté scientifique ne parviendrait pas à quantifier le problème. Les données chiffrées, fiables, pérennes en termes de suivi épidémiologique à la fois des populations et des problèmes sanitaires manquent, mais les facteurs à l’origine d’une surmortalité des abeilles sont identifiés et multiples : maladies, parasites, intoxications par les pesticides, conditions climatiques, pollution de l’air, de l’eau et du sol.

Le laboratoire de l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES), à Sofia-Antipolis, a été nommé laboratoire de référence par la Commission européenne. Ses scientifiques seront chargés de missions nombreuses et variées. Analyser les causes d’intoxication des colonies d’abeilles, améliorer et développer de nouveaux outils diagnostiques, identifier les maladies…

Les abeilles, le maillon indispensable des écosystèmes.

Quatre-vingts pour cent des espèces végétales dépendent directement de la pollinisation par les insectes. Comme agent pollinisateur, l’abeille domestique contribue pour une part importante à cet équilibre. En ville, une même espèce de plante est souvent fort éloignée, il est donc indispensable qu’un insecte pollinisateur puisse transporter le pollen d’une fleur mâle vers la fleur femelle d’une même espèce. Les insectes pollinisateurs, en butinant nos nombreuses espèces de plantes à fleurs, favorisent le développement en quantité et en qualité des fruits et des graines produits par nos plantes et nos arbres. La conservation d’un équilibre entre les insectes pollinisateurs est également primordiale. Toutes les graines et tous les fruits sont essentiels pour perpétuer les espèces végétales, ainsi que pour nourrir de nombreuses variétés d’insectes, d’oiseaux et de mammifères. Apis Bruoc Sella favorise également la conservation de nos espèces locales domestiques ou sauvages, telles que l’abeille noire, les abeilles sauvages, les bourdons, les syrphes, etc. La bonne santé des abeilles est essentielle, car elles sont les sentinelles de l’environnement. Tout ce qui peut agresser l’abeille peut également poser de graves problèmes à d’autres pollinisateurs. Les abeilles contribuent à la pollinisation des végétaux, ce qui impacte positivement l’environnement. Elles participent à près de 80 % de la pollinisation des espèces végétales et sont donc le maillon indispensable à la survie, à l’évolution et à la reproduction des plantes. Les productions agricoles et la filière du miel sont également des filières agricoles non négligeables.

Le rôle des abeilles est de butiner les fleurs et de ramener le pollen à la ruche pour ensuite en faire du nectar, du miel et de la cire. Les vents, les abeilles et d’autres insectes assurent la pollinisation des fleurs. La pollinisation : c’est le processus de reproduction des fleurs. Cette reproduction se fait par le transport du pollen (poudre jaune produit par les étamines) vers le carpelle (organe femelle de la fleur). La biodiversité est assurée par le maintien de tous les éléments de la chaîne alimentaire. S’il fallait donner une valeur monétaire à ce service écologique, il serait estimé à 153 milliards d’euros (source : http://www.alarmproject.net/alarm/), pratiquement 10 % de la valeur de la production agricole mondiale destinée à la consommation humaine.

Nous avons été sensibilisés au rôle des abeilles dans l’écosystème. En effet, elles favorisent la pollinisation des plantes sauvages et cultivées et elles sont sensibles aux traitements phytosanitaires. Depuis quelques années le sort des abeilles est devenu inquiétant : leur taux de surmortalité atteint 30 à 35 %, taux anormalement élevé qui atteint dans certains cas 50 % de pertes hivernales. Sur le banc des accusés : multiplication des substances chimiques dans l’environnement, présence de parasites, effets désastreux des monocultures, ravages du frelon asiatique, impact du changement climatique…

Les substances chimiques :

Les raisons de l’extinction des abeilles et autres insectes sont multiples : La multiplication des substances chimiques et des pesticides dans l’environnement en est une. Mais les abeilles meurent aussi à cause du traitement des semences : Le traitement de semence utilisé pour le maïs est le Gaucho. Pour le tournesol c’est le régent. Lorsque l’abeille butine une fleur traitée, elle meurt avant d’avoir pu retourner à la ruche.

Le frelon asiatique :

D’autres facteurs affectent les abeilles : le frelon asiatique, introduit accidentellement en France dans les années 2000, envahit et détruit les ruches d’abeilles… sans aucune réaction des responsables politiques pourtant alertés de cette menace grandissante. Les abeilles sont confrontées depuis quelques années à un nouveau prédateur venu d’Asie, qui colonise peu à peu le territoire. Le frelon asiatique, importé accidentellement de Chine, se dissémine rapidement en France. Dix frelons suffisent à anéantir une ruche en l’espace de quelques jours, en capturant les abeilles ou en restant présents près du rucher, stressant la colonie et en perturbant le fonctionnement. Ainsi en Gironde, 150 à 200 ruches ont probablement été détruites par l’action du frelon en 2006. Cet insecte menace également d’autres espèces de butineurs et met en danger l’Homme par ses piqûres et son comportement agressif.

L’ampleur de l’invasion est telle le qu’il semble difficile de l’éradiquer, malgré le développement de techniques de piégeage et de destruction des nids. Il est aujourd’hui urgent que le frelon asiatique soit classé dans la liste des espèces nuisibles, afin que les départements bénéficient de réels moyens d’action et qu’un réseau de vigilance soit mis en place via une campagne nationale d’information.

Les effets désastreux des monocultures :

Malgré l’effondrement alarmant du nombre d’abeilles, le ministre de l’Agriculture a réautorisé en décembre 2008 le Cruiser, un insecticide de traitement des semences de maïs, mortel pour les abeilles et hautement toxique pour les oiseaux et l’environnement, fabriqué par la firme Syngenta, l’un des leaders mondiaux sur le marché des pesticides. Cette seconde autorisation qui courait jusqu’au 15 mai 2009, juste après les semis de maïs, a été reconduite pour 2010 puis 2011. Pourtant, nos voisins allemands, italiens et slovènes ont suspendu l’homologation de ce produit suite aux mortalités catastrophiques des abeilles au printemps 2008. En autorisant à nouveau le Cruiser, le ministère de l’Agriculture paraît privilégier les intérêts des firmes agrochimiques. Sur la seule foi des industriels, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments a émis un avis favorable tout aussi complaisant que surprenant. Schizophrène, l’État mobilise par ailleurs des fonds pour le soutien de la filière apicole !

L’abeille contribue à la reproduction de 80 % des espèces de plantes à fleurs : c’est donc une alliée indispensable dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes et de notre agriculture. Or, 30 à 40 % des colonies ont été décimées en moins de 10 ans en Europe. Scientifiques et apidologues s’accordent à dire que les 5 000 pesticides commercialisés ont une part de responsabilité importante dans ces disparitions. De plus, à cause d’une baisse considérable de la biodiversité dans les cultures qui attirent en temps normal les abeilles, celles-ci se sont mises progressivement à visiter d’autres cultures, comme les céréales et les vignes, très gourmandes en pesticides. Mais d’autres facteurs représentent également des menaces. Les colonies sont affectées par des parasites comme le varroa, un acarien maîtrisé par les apiculteurs mais pour lequel les médicaments disponibles sont réduits, ou par des bactéries et des virus.

Pire, butinant jusqu’à plusieurs kilomètres de leurs ruches, les abeilles pourraient être malgré elles responsables de la propagation des OGM, tout en étant intoxiquées par des plantes génétiquement modifiées qui produisent leur propre insecticide.
Plus généralement, c’est l’ensemble de la biodiversité des insectes pollinisateurs qui est menacé. C’est un cercle vicieux : moins de plantes à fleurs réduit la diversité de pollinisateurs, ce qui accentue encore la diminution des espèces végétales. La monoculture intensive sur des centaines d’hectares, la raréfaction des fleurs des champs et l’entretien chimique des bords de route concourent à l’escalade menant à une extinction de masse du vivant. Enfin, un changement climatique entraînant des périodes de sécheresse et des hivers plus doux affaiblirait les abeilles.
Développer des moyens alternatifs aux pesticides, revenir à une agriculture en lien avec les territoires, s’éloigner des pratiques de remembrement et de monoculture, qui attirent davantage les subventions que les abeilles : les responsables publics doivent prendre la vraie mesure de l’enjeu et respecter les engagements du Grenelle de l’environnement, qui se cantonnent pour l’instant à de grands discours.

En Chine, dans la province du Sichuan, des producteurs en sont réduits depuis quelques années à fertiliser les fleurs de poirier à la main, les pollinisateurs et les plantes à pollen de la région ayant été détruits par une utilisation incontrôlée de produits chimiques.
Pollution par les pesticides.

Il est urgent de mener une expertise indépendante, pluraliste et contradictoire

Alors que les apidologues sont unanimes sur le rôle primordial des pesticides dans l’érosion des ruches, les différentes études menées par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments brouillent les pistes en mettant en avant une multitude de facteurs environnementaux.

L’AFSSA est la seule entité de l’État, présentée comme agence « indépendante », qui produise des études sur les causes de mortalité des abeilles. Or, à y regarder de plus près, son conseil d’administration regroupe les diverses composantes du lobby des pesticides : le directeur de l’Union des producteurs de pesticides, le président de l’Association générale des producteurs de maïs, le président des Chambres d’agriculture et un représentant de l’agro-industrie. Or ces firmes ont-elles l’indépendance requise pour analyser et éventuellement mettre en cause les pesticides ?

Dans sa dernière expertise sur ce sujet, l’AFSSA n’a même pas pris en compte les études établissant les effets des pesticides Gaucho et Régent sur l’abeille ! Pour éviter toute mise en cause ultérieure, la directrice de cette Agence n’a pourtant pas hésité à rappeler, que « I’AFSSA ne s’est jamais prononcée sur les risques environnementaux, lesquels ne relèvent pas de sa mission ».

Le laboratoire de l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES), à Sofia-Antipolis, a été nommé laboratoire de référence par la Commission européenne. Ses scientifiques seront chargés de missions nombreuses et variées. Analyser les causes d’intoxication des colonies d’abeilles, améliorer et développer de nouveaux outils diagnostiques, identifier les maladies… Il est urgent d’agir.

 

Source : Picbleu

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