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Interview

« L’ingénieur a un rôle pivot dans la transition écologique » selon le Shift Project

Posté le par Séverine Fontaine dans Environnement

Le Shift Project a sorti un guide théorique et pratique pour permettre aux formations d’ingénieurs d’avoir toutes les clés en main pour faire face à la transition écologique.

Former l’ingénieur du XXIe siècle aux enjeux socio-écologiques, c’est ce que propose le Shift Project qui a travaillé en collaboration avec le groupe INSA pour publier un référentiel de connaissances et de compétences accessible en ligne, un outil théorique et pratique dont les écoles peuvent s’emparer.

Plus précisément, celui-ci se décline en trois documents : le guide méthodologique à destination des établissements, le Manifeste pour l’ingénieur du XXIe siècle et le catalogue de retour d’expériences. Ce travail de 18 mois a regroupé environ 200 personnes de tous horizons professionnels : chercheurs, entrepreneurs, parties prenantes de l’enseignement supérieur, associations, ONG…

Pour mieux comprendre le rôle de l’ingénieur dans la transition écologique et l’objectif des travaux réalisés pour l’accompagner, nous avons échangé avec Damien Amichaud, chef de projet ClimatSup INSA au Shift Project.

Techniques de l’ingénieur : Quel est le rôle de l’ingénieur dans la transition écologique ?

Damien Amichaud : L’ingénieur a un rôle pivot qui peut être important, notamment sur la partie technique. Les infrastructures, les objets qui nous entourent ou encore les services sont liés, à un moment ou un autre, au travail de conception d’un ingénieur. Les ingénieurs ne décident pas de tout, c’est vrai, mais ils ont une grande influence sur la manière de concevoir et d’intégrer les nouveaux enjeux dans la production d’objets et de services. C’est pour cela que nous proposons un ensemble de connaissances et de compétences qui leur seront nécessaires pour pouvoir agir en faveur de la transition écologique dans leurs pratiques professionnelles.

Sous quelle forme cela se traduit dans vos travaux ?

Dans le Manifeste, nous présentons le référentiel sous forme de fiches, de notions clés pour chaque type de connaissance, et des références académiques. Nous proposons également des idées d’intégration dans les maquettes pédagogiques. Puis, nous avons une partie qui parle plus spécifiquement des compétences techniques des ingénieurs.

Sur la partie connaissance par exemple, il s’agit de comprendre les enjeux écologiques en profondeur en ayant une approche scientifique. Avoir un bagage scientifique solide est une force d’action dans une structure d’emploi. Si l’ingénieur ne peut pas justifier pourquoi il faut baisser les émissions de gaz à effet de serre et pourquoi telle ou telle méthode le permettrait, cela ne fonctionnera pas. Nous avons également ajouté une partie sciences humaines et sociales pour repolitiser le rôle de l’ingénieur. Il s’agit de leur faire comprendre comment fonctionne la société à l’aune des enjeux écologiques et quel est le lien entre leur activité professionnelle et ces enjeux de société.

Y a-t-il derrière ces travaux une volonté de pousser les ingénieurs à repenser les domaines polluants ?

Nous n’étions pas là pour dire qu’il y a des vilains canards dans l’industrie, mais pour proposer aux écoles un ensemble d’objectifs d’apprentissage donnant une autonomie intellectuelle aux étudiants pour qu’ils puissent ensuite faire leur choix en toute conscience. Dans la transition, nous avons besoin d’agir partout et à des niveaux différents. Dans le Manifeste, nous mettons en valeur ces différents niveaux – le choix de l’employeur, l’action en interne, etc. – pour que, en fonction de la situation, il soit capable de faire le meilleur choix possible.

Cependant, nous expliquons tout de même dans la partie « quelles ingénieries et techniques ? » qu’il va falloir renoncer à certaines pratiques, et donc à certains domaines peut-être, lorsqu’il n’y a pas de reconversion possible. Mais nous montrons également qu’il existe déjà de nombreuses pratiques vertueuses en ingénierie, comme les principes de l’économie circulaire ou l’écoconception qui ne sont pas encore déployés partout. Et nous terminons par l’innovation et les principes qui sous-tendent les low tech et le biomimétisme en abordant à la fois les plus pertinentes pour la transition et ce à quoi il faut faire attention. Par exemple, il y a un potentiel important sur les matériaux biosourcés, mais il faut faire attention à ne pas surexploiter à nouveau la nature.

Comment enseigner ces nouvelles connaissances et compétences ?

Sur la dernière partie du Manifeste, nous allons proposer de favoriser les pratiques pédagogiques où l’étudiant est actif. Plusieurs avantages à faire ça : comme une grosse partie des étudiants souffrent d’écoanxiété, le fait de parler de tout ça peut faire peur. Si on passe uniquement du temps sur le constat des problèmes, on alimente le risque de dépression. L’idée est aussi de réfléchir aux manières de répondre à ces enjeux de transition, chacun à son niveau, avec les enseignants chacun dans leur domaine. Le fait de se mettre personnellement en action, même sur l’étude d’un cas, c’est déjà commencer à agir.

Pour aller plus loin

Posté le par Séverine Fontaine


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