Décryptage

COP21 : résultats du débat citoyen planétaire

Posté le 8 juin 2015
par Matthieu Combe
dans Environnement

En vue de la COP21, 10 000 citoyens de 75 pays ont participé ce samedi à un débat citoyen planétaire sur le climat et l'énergie. Que pensent-ils de la lutte contre le réchauffement climatique? Premiers éléments de réponse.

29 pays en Afrique, 15 pays en Amérique, 18 pays en Asie-Océanie et 13 pays en Europe, dont 13 îles, ont pris part aux 96 débats organisés lors de la journée du 6 juin. « Il est remarquable de constater que le nombre de pays le plus important est en Afrique, et que des débats ont pu être organisés en Afghanistan, en Iran, au Malin, mais aussi au Burundi ou au Népal, malgré les évènements récents », insistent les organisateurs dans un communiqué.

Les organiseurs concluent de la remontée des débat que « les citoyens sont très concernés, critiques et volontaristes ». 79 % des citoyens du monde se disent être « très concernés par le changement climatique » (contre 81 % en France), 19 % être « moyennement concernés » (18 % en France) et attendent beaucoup de la COP21. 73 % des citoyens du monde et des Français estiment que l’accord devra comporter des objectifs nationaux juridiquement contraignants pour tous les pays.

Malgré ces attentes, les citoyens jugent sévèrement les résultats des négocations des Nations Unies depuis 1992. Ils sont 71 % au niveau mondial à avoir un avis « très négatif » et même 88 % en France. Mais le dernier espoir porté par la conférence de Paris semble porter ses fruits en France où 76 % des citoyens pensent que « tout doit être fait à Paris pour limiter le réchauffement de la température à 2°C ». Au niveau mondial, un accord au rabais à tout prix ne semblerait néanmoins pas être une solution acceptable, ils ne sont que 64 % à considérer que « tout doit être fait » pour y parvenir.

Comment lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?

Si 69 % des citoyens du monde estiment que la lutte contre le changement climatique est « avant tout » une responsabilité mondiale (72 % en France), ils sont quand même 48 % à estimer que c’est « essentiellement » une responsabilité des citoyens (56 % en France). Les citoyens pensent majoritairement que les solutions les plus effices pour lutter contre le réchauffement climatique restent les solutions appliquées au niveau mondial (60 % en France et 59 % dans le monde). Ils pensent que les outils les plus adaptés à la réduction des émissions sont les programmes éducatifs destinés au grand public (76 % en France et 78 % dans le monde), et la protection des forêts tropicales (50 % en France et 42 % dans le monde). Les résultats sont identiques concernant les efforts mondiaux qui devraient se concentrer de manière égale sur l’adaptation et l’atténuation (64 %). Plus de 80 % des citoyens du monde et 85% des Français pensent que leur pays doit réduire les émissions de gaz à effet de serre, même si les autres n’agissent pas Ils pensent même majoritairement que tous les pays devraient publier leurs émissions et les progrès réalisés (95 % en France et 91 % au niveau mondial).

Pour les citoyens, quelle serait la meilleure façon de fixer l’ambition des contributions nationales dans la luttre contre le réchauffement ? Cette question divise grandement les politiques, mais un peu moins les citoyens. Selon eux, les contributions devraient donc se baser sur les émissions actuelles ou anticipées (39 % dans le monde, 41 % en France) et les capacités économiques actuelles ou futures (38 % en France, 33 % dans le monde). Après 2020, 79 % des citoyens du monde considèrent que les pays à haut revenu devraient payer plus que les 100 milliards de dollars annuels, prévus par le fonds vert. En France, un pays directement concerné, les citoyens partagent évidemment un peu moins cet avis (62 %). Trois quarts des citoyens du monde estiment que les efforts des pays en développement devront dépendre du soutien financier des pays développés.

Des différences culturelles qui ressortent

Le débat fait remonter des différences culturelles plus importantes. Seulement 25 % des Français estiment que le changement climatique est une priorité nationale, contre 44 % à l’échelle mondiale. 65 % des Français pensent que cette lutte devrait le devenir, contre 46 % des citoyens du monde. Car 81 % des Français estiment que le changement climatique est une opportunité, alors qu’au niveau mondial, seulement 66 % des citoyens sont aussi optimistes. Importance du nucléaire oblige, seulement 47 % des Français estiment que les subventions aux énergies renouvelables doivent être priorisées pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre ; les citoyens sont 57 % à considérer cette option dans le monde. Egalement 61 % des Français estiment que chaque pays devrait avoir le droit d’inspecter les autres sur leurs efforts, alors qu’ils ne sont que 50 % au niveau mondial.

La dernière grande différence porte certainement sur l’utilité du débat citoyen planétaire dans le processus de décision de la COP21. 84 % des citoyens du monde estiment que ce processus est « utile ou tout à fait utile », lorsque les Français, désabusés, ne sont que 65 % à avoir cette opinion.

Les citoyens ont débattu et voté selon la méthode établie par le Danish Board of Technology. L’objectif d’un tel débat était de faire remonter la vision du réchauffement climatique par les citoyens à l’échelle mondiale, ainsi que leurs préoccupations et attentes dans la perspective de la COP21. Ce débat a été co-initié par le Secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changement Climatique (CCNUCC), la Commission nationale du débat public (CNDP), la Danish Board of Technology Foundation (DBT) et Missions Publiques. 60 pays en développement ont reçu une aide financière du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie (MEDDE) pour l’organisation des débats.

Par Matthieu Combe

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