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Deux gigafactories d’électrolyseurs pour hydrogène « vert » lancées en France

Posté le 2 juin 2021
par Joël Spaes
dans Énergie

Cette fois, le plan hydrogène français est bel est bien lancé. Coup sur coup, deux gigafactories d’électrolyseurs de taille industrielle ont été annoncées. La semaine dernière, c’est l’opérateur historique du secteur, McPhy, qui a indiqué la présélection de Belfort, en Franche-Comté, pour sa gigafactory d’électrolyseurs de 1 GW par an. Un mois auparavant, le « petit dernier » Genvia s’installait dans les locaux de l’usine Cameron, à Béziers, dans l’Hérault, pour produire ses électrolyseurs.

Genvia, la nouvelle société commune de Schlumberger New Energy, CEA, Vicat, Vinci et la Région Occitanie, via son Agence régionale énergie-climat (Arec, qui a pris 6,5 % de Genvia, soit 3,5 M€), a commencé à s’installer dans les locaux de l’usine Cameron, à Béziers (appartenant à Schlumberger) dans l’Hérault, pour produire ses électrolyseurs. Les premiers équipements pourraient être produits dès juillet prochain. « Start-up » issue du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), l’industriel, Genvia fait appel à une technologie de rupture de l’électrolyse du CEA.

Florence Lambert (ex-responsable du CEA-Liten), la directrice générale de Genvia, a rappelé lors de l’inauguration du site en avril que plus de 40 brevets ont été déposés autour de la technologie qui va être mise en œuvre.

Genvia, l’électrolyse « réversible »

La technologie Genvia d’électrolyseur d’oxyde solide à haute performance, développée par le CEA, est entièrement réversible, ce qui lui donne la flexibilité de passer de l’électrolyse à la pile à combustible. La conception de la technologie Genvia permettra d’augmenter de 30 % le rendement de conversion de l’électricité par kilogramme d’hydrogène produit, ramenant le coût de production d’hydrogène propre à un niveau concurrentiel par rapport aux autres sources d’énergies, signalent les partenaires.

Tirant parti de l’expérience de Schlumberger en matière d’industrialisation de nouvelles technologies, la première ligne pilote de fabrication s’appuiera également sur un centre technologique copiloté avec le CEA et installé sur le site du CEA-Grenoble, afin d’accélérer l’exploitation de la maturation de la technologie par le processus d’industrialisation.

Genvia participera à une série de projets de démonstration avec des partenaires dans différents cas d’utilisation pour les secteurs de l’industrie, de l’énergie et de la mobilité. Ces projets de démonstration ouvriront la voie au développement de la chaîne de valeur complète, pour l’utilisation de l’hydrogène comme « vecteur d’énergie » décarbonée de choix. Les différents projets de démonstration devraient porter sur des systèmes de 300 kW en 2023 et des systèmes d’une capacité de plusieurs mégawatts dès 2024.

Sur le site biterrois, quelque 70 personnes travailleront afin de fabriquer les fameux « stacks » réversibles, à des coûts compétitifs. À partir de juillet prochain, les équipements de l’usine comprendront une zone où s’opéreront les opérations de « coulage en bande et de découpe laser », « de fabrication des interconnecteurs », puis « de fabrication des sous-ensembles unitaires ». Une seconde zone accueillera les assemblages de stacks et leur conditionnement, enfin les tests pour assurer leur l’activation.

McPhy, leader de l’électrolyse alcaline sous pression

McPhy propose déjà une gamme d’électrolyseurs parmi les plus étendus du marché, de 3 kW à 100 MW, voire plus. La série « Augmented McLyzer » a une capacité de production doublée par rapport aux standards du marché, grâce à la combinaison unique de l’électrolyse haute pression de McPhy (30 bar) et d’électrodes avancées à haute densité de courant, précise le fabricant. Ces unités (4 MW) sont modulables afin de réaliser des unités de 20, 100 MW et plus. Jusqu’alors McPhy possède une usine en Italie capable de « sortir » quelque 300 MW par an d’électrolyseurs. Mais le site de Belfort, ancré au cœur de l’écosystème hydrogène européen et de la Vallée de l’Energie, donnera un coup de boost à cette production.

La décision finale devrait être prise d’ici à la fin de l’année, après la finalisation des études préliminaires, l’obtention des autorisations administratives, et sous réserve notamment de l’obtention des financements nécessaires, dont ceux sollicités dans le cadre du processus IPCEI.

L’IPCEI (« Important Projects of Common European Interest » ou PIIEC « Projets Importants d’Intérêt Européen Commun ») est en effet un système de financement qui permet de soutenir des projets jugés essentiels pour la compétitivité de l’Europe, autorisant les Etats membres à financer des initiatives au-delà des limites habituellement fixées par la réglementation européenne.

L’objectif est de débuter la production au cours du 1er semestre 2024 avec une montée en charge progressive jusqu’à atteindre une capacité de 1 GW par an.

La construction de cette nouvelle infrastructure industrielle représenterait un investissement de 30 à 40 millions d’euros et conduirait à la création, à pleine charge, de plus de 500 emplois chez McPhy, dont environ 400 en France, et une centaine en Allemagne et Italie. S’y ajouteraient plusieurs centaines d’emplois indirects en France et en Europe, indique le groupe.

Pascal Mauberger, président de McPhy, a déclaré, dans un communiqué publié lors de l’annonce de la présélection de Belfort : « Nous sommes très heureux d’annoncer la présélection de Belfort, grande métropole industrielle française et européenne, pour entamer aujourd’hui le chemin de la construction d’une gigafactory d’électrolyseurs alcalins. Cette future usine aura vocation à jouer un rôle majeur dans le passage à l’échelle industrielle de l’électrolyse, condition indispensable pour que l’hydrogène vert atteigne les objectifs de décarbonation fixés par le gouvernement français et les autorités européennes. Nous remercions tous les acteurs et partenaires qui nous accompagnent dans cette grande ambition, ainsi que les équipes McPhy. »


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