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Éolien en mer : accélération en cours

Posté le 6 février 2024
par Stéphane SIGNORET
dans Énergie

Grâce à des politiques de développement ambitieuses et à une filière industrielle fortement structurée, les parcs éoliens en mer se multiplient en Europe. L’année 2023 a particulièrement été productive, avec +4,2 GW. La France, en retard sur ses voisins, commence tout juste à décoller.

L’année 2023 a fait souffler un vent heureux en Europe sur la filière de l’éolien en mer. Le Vieux Continent a vu s’installer 4,2 GW de nouvelles installations le long de ses côtes, dont 3 GW pour les seuls pays de l’Union européenne. La fédération européenne des professionnels de l’éolien, Wind Europe, s’est félicitée de ces capacités complémentaires ayant très largement dépassé celles de 2022, qui étaient respectivement de 2,5 GW et 0,9 GW. En comparaison, 14 GW d’éoliennes terrestres ont été installées dans l’Union européenne en 2023. Le parc éolien total installé dans l’UE est de 220 GW dont une petite vingtaine pour l’éolien en mer.

L’objectif de l’Union européenne est de porter la capacité éolienne offshore à 60 GW en 2030 et à 300 GW en 2050. Le rythme de construction de nouveaux parcs doit donc s’accélérer. Fin 2023, la Commission européenne a acté un paquet de 15 mesures allant en ce sens, et les acteurs de la filière ont signé une charte pour faciliter les projets avec la majorité des États Membres, 21 d’entre eux ayant spécifiquement annoncé leurs objectifs de développement. Un contexte qui semble porteur, d’autant plus que les machines progressent toujours, se traduisant notamment par une hausse du facteur de charge pour les installations neuves de 50% pour l’éolien en mer et de 30-48% pour l’éolien terrestre. Wind Europe est néanmoins attentive aux conditions réelles des appels d’offres, malmenés par la hausse de l’inflation. Elle veille aussi à ce que le Net Zero Industry Act ne perturbe pas la situation actuelle : il prévoit qu’une part minimum (20 %) des marchés européens soient alimentés par des produits européens. Si cela fait sens pour les filières industrielles avec de fortes importations, cela n’a pas de raison d’être pour le secteur éolien européen où quasiment toutes les éoliennes posées sont fabriquées en Europe (250 usines, 300 000 emplois au total dans la filière).

Des parcs de très grande taille

Les pays ayant le plus porté la dynamique haussière de 2023 sont les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la France. Au large des côtes néerlandaises a été inauguré le plus grand parc éolien en mer du Monde, nommé Hollandse Kust Zuid, avec une puissance de 1 529 MW, soit l’équivalent d’un EPR ! Réalisé par l’énergéticien suédois Vattenfall, il est constitué de 139 éoliennes de Siemens Gamesa, d’une puissance unitaire de 11 MW. Réparties sur quatre parcelles représentant au total une superficie de 115 km2, à une distance de 18 à 36 km de la terre, elles ont été installées en seulement deux ans. Sans subvention, l’électricité sera vendue directement sur les marchés ou à des industriels (BSF, Air Liquide) dans le cadre de contrats de long terme.

Le Royaume-Uni a déjà 14,7 GW d’éolien offshore en service et compte arriver à 50 GW en 2030. Face à l’inflation, il a rehaussé le prix plafond des appels d’offres de 44 à 73 £/MWh[1], ce qui a remis sur les rails une dizaine de projets qui pourraient cumuler 10 nouveaux gigawatts. À elle seule, la ferme éolienne en mer de Hornsea 3, en projet au nord-est de Norwich, deviendrait la plus grande du monde avec 231 éoliennes totalisant 2,9 GW.

La France, de son côté, a enfin vu émerger les premières éoliennes de ses premiers parcs. Après celui de Fécamp en 2022 (480 MW), ce sont ceux de Saint-Brieuc et Fécamp qui ont commencé de produire de l’électricité en 2023. Toujours en cours de chantier, ils doivent atteindre 496 MW pour le premier et 497 MW pour le second. À Fécamp, par exemple, ce sont plus de la moitié des 71 éoliennes qui sont installées, de 7 MW chacune, et les autres devraient l’être au printemps 2024. Neuf autres projets sont en cours sur les façades nord et ouest de la France (voir carte). En Méditerranée, l’objectif est de privilégier l’éolien flottant, technologie déjà en test avec la ferme pilote de Faraman où trois éoliennes flottantes ont été installées en 2023, pour un total de 23 MW. Deux autres sites pilotes sont en construction à Gruissan (30 MW) et à Leucate-Le Barcarès (30 MW) pour une mise en service prévue cette année. Deux projets commerciaux de 250 MW chacun sont en cours de mise en concurrence.

L’objectif français est d’avoir 45 GW d’éolien en mer en 2050. À la dizaine de gigawatts déjà en développement ou identifiés, une quinzaine supplémentaire doit l’être dans les 10 ans, et le reste ensuite. Une accélération s’impose, surtout quand on voit que les premiers parcs sont sortis de mer plus de 11 ans après les premiers appels d’offres… Et les progrès récents ne doivent pas faire oublier que la France est en retard sur ces objectifs d’électricité renouvelable, comme le récent baromètre d’Observ’ER, de l’Ademe et de la FNCCR l’a confirmé.


[1] avec le taux de change de 0,8526, au 2 février 2024 selon la Banque de France, 1€=0,8526 £, cela fait, traduit en euro, un passage de 51,6 à 85,6 €/MWh.


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