Décryptage

Eolien flottant : 4 technologies sur le banc d’essai

Posté le 14 novembre 2016
par Pierre Thouverez
dans Énergie

Le ministère de l’Energie et du Développement Durable a annoncé deux nouveaux lauréats de l'appel à projets pour des fermes pilotes d'éoliennes flottantes en Méditerranée. Ils rejoignent les deux autres vainqueurs de cet été. Quatre technologies vont ainsi être testées.

Le premier lauréat de l’appel à projet est la filiale renouvelables du plus grand électricien de l’Hexagone : EDF EN. Il mène un consortium qui installera, sur la zone de Faraman en Méditerranée, 3 éoliennes de 8 MW conçues par Siemens, installées sur des flotteurs élaborés par SBM/IFPEN (Institut français du pétrole et des énergies nouvelles). Le duo a imaginé un dispositif d’amarrage à inclinaison qui minimiserait les mouvements au niveau de la nacelle. L’intérêt du secteur parapétrolier à ces débouchés n’a rien d’étonnant, les besoins technologiques étant similaires à l’industrie pétrolière.

Le deuxième lauréat est le projet EFGL porté par Engie/EDPR (Energias de Portugal Renewables)/CDC (Caisse des Dépôts et Consignations), avec 4 éoliennes Haliades de 6 MW de General Electrics (anciennement Alstom) et des flotteurs Eiffage/PPI, sur la zone de Leucate. Le concept, développé par Principle Power dans son centre d’ingénierie d’Aix-en-Provence, conserve le principe du tripode mais l’éolienne est installée sur l’un trois des sommets. C’est l’une des technologies de flotteur avec le plus grand retour d’expérience. Un prototype est testé depuis 2011 au large du Portugal et aurait injecté quelque 16 GWh sur le réseau.

Investissements d’avenir

Ils rejoignent les deux premiers lauréats de l’appel à projets lancé en août 2015 dans le cadre du programme des investissements d’avenir désignés le 22 juillet 2016.

Le projet EolMed à Gruissan en Occitanie est mené par le spécialiste des énergies renouvelables Quadran. Il installera 4 éoliennes Senvion totalisant 24 MW. Pour cela, il sera épaulé de Bouygues Travaux Publics et Ideol pour l’ingénierie, la construction et l’installation du flotteur Damping Pool en béton.

Enfin, le projet Eolfi/CGN à Groix en Bretagne prévoit l’installation de quatre éoliennes GE/DCNS d’une puissance unitaire de 6 MW. Il bénéficiera d’une aide exceptionnelle de 85 millions d’euros selon la préfecture d’Ile et Vilaine.

Au final, le gouvernement a largement laissé sa chance à chaque acteur en validant quatre projets aux technologies distinctes. Les études, demandes d’autorisations et la construction devraient durer 4 ans, soit une mise en service en 2020 au plus tôt.

La France fait office de précurseur dans le domaine aux côtés du Portugal, de l’Ecosse et du Japon qui eux aussi ont lancé des projets pilotes. L’enjeu est grand car la technologie flottante pourrait affranchir les promoteurs éoliens des difficultés liées à l’installation des turbines sur terre ou près des côtes. On considère qu’à partir de 15 kilomètres, le parc éolien devient quasiment invisible. De plus, les vents sont plus fort et plus régulier au large, donc la productivité potentielle plus importante. Enfin, l’éolien flottant offre une alternative aux zones où les fonds marins sont rapidement profonds proches des côtes, comme c’est le cas en Méditerranée ou sur des îles, dont la France est largement pourvues. C’est également un débouché du savoir-faire français dans le secteur de la mer et ne potentielle source d’emplois qualifiés si cette filière connaît le succès commercial.

Par Romain Chicheportiche


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