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EYE verrait mieux et plus vite à travers la fumée

Posté le par Frédéric Monflier dans Innovations sectorielles

Le détecteur de fumée EYE abandonne la traditionnelle chambre optique et exploite deux LEDs, dans le but d'accélérer la détection et de réduire les fausses alarmes.

Détecter la fumée avant même qu’elle n’atteigne le détecteur ? C’est le principe du EYE, un détecteur autonome avertisseur de fumée (ou DAAF) dont la commercialisation est prévue au printemps.

eyeEYE est un produit de la marque Nodon, elle-même propriété du groupe Altyor, un sous-traitant industriel basé à Orléans. «C’est le fruit d’une collaboration entre le bureau d’étude PDCi (appartenant à Altyor, NDLR), qui a planché sur la technique de détection, les équipes de Nodon, qui ont travaillé sur la connectivité, et aussi des chercheurs américains, détaille Thomas Gauthier, président de Nodon. Onze brevets ont été déposés.»

Deux particularités distinguent EYE de ses concurrents : il est dépourvu de chambre optique, l’espace interne où s’opère la détection de la fumée, et est équipé de deux diodes LED, l’une infrarouge, l’autre bleue. D’ordinaire, une chambre optique est composée d’une LED infrarouge, d’une cellule photoélectrique et d’un écran qui empêchent l’une et l’autre d’être en regard direct. En temps normal, le faisceau infrarouge n’est pas dévié. Quand de la fumée pénètre dans la chambre optique, les particules qu’elle contient dispersent le faisceau dont une partie frappe la cellule photoélectrique, ce qui déclenche l’alarme. Cette technique de détection s’oppose à la détection ionique, interdite partout en France depuis 2011 à cause de la présence d’éléments radioactifs.

EYE est construit de manière différente : les LED et la cellule photoélectrique sont externes et affleurants. «Cette absence de chambre optique annule les habituelles contraintes mécaniques et de design, explique Thomas Gauthier. On pourrait envisager d’encastrer cette technologie ou de l’intégrer à d’autres produits. Autre bénéfice de cette configuration, la LED IR peut scruter l’environnement avec une portée de 30 cm. La détection de fumée est deux fois plus rapide que dans une chambre optique.» La LED bleue sert quant à elle à affiner l’analyse. «Elle permet de déterminer la nature de la fumée et de discriminer les types de feu, en particulier la vapeur d’eau qui émane d’une simple cuisson, ajoute Thomas Gauthier. L’objectif est de réduire le nombre de fausses alarmes, raison pour laquelle certaines personnes finissent par ôter les piles.»

L’innovation se niche dans l’algorithme

Renforcer la détection avec une LED bleue n’est cependant pas si nouveau. La dernière édition du Nest Protect, le DAAF de Nest, incorpore déjà un tel dispositif et la société américaine s’enorgueillit d’être la première à l’employer dans un détecteur à usage domestique. Publié en juin 2015, un document technique publié par Nest Labs précise qu’un feu ne produit pas le même type de particules selon qu’il soit assorti de flammes ou non et selon la nature du matériau. Ce même document décrit les avantages de combiner deux LEDs : les longueurs d’onde vers le bleu (450 à 500 nanomètres, nm) sont plus efficaces pour repérer les petites particules d’environ 50 nm, le phénomène de dispersion étant plus intense. Les longueurs d’ondes supérieures, dans le proche infrarouge au-delà de 800 nm, interagissent avec les plus grosses particules, de l’ordre de 250 nm.

De fait, Thomas Gauthier promeut surtout l’algorithme, qui décide notamment s’il faut déclencher l’alarme ou non : «Celui-ci concentre l’essentiel de l’innovation. Nous avons dû modéliser tous les types de feu puis créer une base de données pour son développement. C’est aussi une solution algorithmique qui nous a permis de réussir le test d’éblouissement réalisé par l’organisme de certification belge ANPI.» Un éclairage trop intense peut en effet fausser la détection, et l’instrumentation externe du EYE y aurait été d’autant plus sensible.

Innover, c’est aussi l’occasion de justifier un prix d’achat supérieur. EYE sera vendu 49 € en version non communicante, avec une pile CR2 lui octroyant 5 ans d’autonomie. Dans la mouvance des objets connectés, une version Z-Wave (avec deux piles CR2), du nom d’un protocole utilisé en domotique, sera aussi commercialisée à 79 €. Enfin, une version Wi-Fi est prévue en fin d’année.

Frédéric Monflier

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