Décryptage

GE/Alstom : Feu vert de Bruxelles

Posté le 8 octobre 2015
par La rédaction
dans Énergie

La Commission européenne a donné son accord début septembre à l’absorption d’Alstom par son concurrent américain General Electrics (GE), confortant ce dernier comme leader mondial de la fourniture d’équipements de production électrique.

C’était la décision qu’attendait GE. Près de 15 ans ont passé depuis que le commissaire européen à la concurrence de l’époque, un certain Mario Monti, n’empêche le groupe américain de réaliser une énorme opération avec Honeywell. En autorisant le rachat d’Alstom, Bruxelles permet à General Electrics de réaliser sa plus grosse opération financière de son histoire (12,4 milliards d’euros) et de poursuivre la stratégie engagée de sortir rapidement des services financiers pour se concentrer sur l’industrie. Et de concentration, il en a été une nouvelle fois beaucoup questions dans les couloirs de la Commission européenne.

Moins de concurrence

L’acquisition du fleuron français a de quoi inquiéter les producteurs européens d’électricité qui voient le nombre d’acteurs sur le marché des équipements se réduire avec un risque, à terme, de hausse des prix.

Une crainte que ne semble pas avoir partagé les autorités européennes : « la Commission n’a relevé aucun problème de concurrence, principalement en raison du fait que les activités des deux entreprises sont complémentaires et ne se chevauchent pas ». A quelques exceptions près tout de même. C’est pourquoi le feu vert a été conditionné à la cession à Ansaldo (Italie) de l’activité vente et maintenance des turbines à gaz de grande puissance, sur laquelle Alstom et GE sont en concurrence directe, l’Américain dominant déjà le marché suivi de Siemens, Alstom et Mitsubishi Hitachi Power Systems (MHPS).

Cet oligopole de fait s’explique par l’ampleur des investissements initiaux requis pour la R&D, les essais et la fabrication, ce qui engendre de très importantes barrières financières et technologiques. En mettant en selle l’Italien, Bruxelles espère maintenir un semblant de compétition. « Ansaldo est un concurrent existant sur le marché des turbines à gaz de grande puissance. Elle possède déjà le savoir-faire, l’expérience et une usine performante de fabrication de turbines à gaz et d’autres éléments destinés aux centrales électriques (comme des turbines à vapeur et des générateurs) », justifie la Commission. Reste à savoir si elle aura la taille critique pour survivre sur ce marché.

Par Romain Chicheportiche

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