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Imprimer du mou en 3D

Posté le 11 février 2016
par La rédaction
dans Matériaux

Sculptéo, un prestataire de service d’impression 3D, révélait début janvier un matériau capable de reproduire la souplesse et la rigidité des organes. La prouesse ne tient pas tant au matériau lui-même qu’à sa facilité d’accès permisse par l’impression additive.

Chaque année, le Consumer Electronics Show de Las Vegas est l’occasion pour les professionnels de l’électronique grand public de dévoiler leurs innovations. Lors de cette grand-messe des technophiles, l’entreprise de vente en ligne de produits imprimés en 3D, Sculptéo, présentait un matériau souple et résistant.

Selon la classification Shore, il est d’une dureté Shore A de 65, soit la souplesse d’une chambre à air de vélo. A titre de comparaison, un élastique aurait une dureté Shore A comprise entre 10 et 30. Un matériau plus rigide, comme une semelle de chaussure par exemple, dépasserait les 90 unités sur cette échelle.

Rien de très original, donc. Des chambres à air de vélo, fussent-elles imprimées en 3D, ce n’est pas une révolution. Mais le matériau présenté ici repousse un peu plus les limites de souplesse imposées à l’impression 3D. Yvon Gallet, président de Initial, une autre entreprise spécialisée dans l’impression 3D, rappelle tout de même que des matériaux souples imprimés en 3D existent déjà depuis plusieurs années. Cette vidéo de 2013 présente d’ailleurs un autre plastique, le TPU 92A, d’une dureté Shore A de 92. Des propriétés « uniques », indique la vidéo, mais des propriétés désormais dépassées.

L’intérêt de cette poursuite d’une meilleure souplesse est la création de formes complexes possibles grâce à l’impression 3D. Et l’entreprise Sculptéo s’en donne à cœur joie comme le prouve la ligne de vêtements dessinés par une élève de l’École supérieure des arts et techniques de la mode :

ou les répliques exactes de cœurs de patients pour l’Institut Montsouris à Paris :

Selon Clément Moreau, co-fondateur de l’entreprise en ligne, ce plastique cumule les avantages. Il résiste à l’eau, aux solvants et a une bonne résistance dans le temps. « En fait, ces avantages viennent de la technique d’impression, explique l’entrepreneur. Nous utilisons l’impression par frittage laser. À la différence d’une impression couche après couche, cette technique ne modifie pas le plastique utilisé (et compatible) lors de la création de l’objet ».

Résultat : des objets de meilleure qualité que ce que pourrait produire une imprimante 3D personnelle. C’est d’ailleurs dans ce secteur des objets 3D de qualité que se niche l’entreprise. Impression en polyamide, alumine, résine ou plâtre, Sculptéo propose d’imprimer des prototypes 3D de bonne facture.

Pourtant, bonne facture ou pas, ces méthodes d’impression ne devraient pas quitter le prototypage. La production de masse, elle-même pour de petites séries, est en quête d’autres propriétés. « C’est bien simple, je n’ai jamais de demande sur de tels produits » annonce le président de Initial. L’entreprise s’adresse plutôt à l’industrie qu’au grand public et les demandes ne sont évidemment pas les mêmes. « Il est souvent intéressant d’avoir des objets souples à certains endroits et durs ailleurs. Et ça, c’est possible avec des imprimantes 3D capables d’imprimer plusieurs matériaux en même temps, précise Yvon Gallet. On crée, par exemple, des prothèses dentaires de cette façon-là. Sur la même pièce, on imprime une gencive souple et les dents dures. » Ainsi, chaque corde ajoutée à l’arc de l’impression additive ne sert pas au même utilisateur.

Par Baptiste Cessieux


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