Décryptage

Impulser le développement des gaz renouvelables

Posté le 16 mars 2018
par Matthieu Combe
dans Énergie

La transition énergétique nous invite à reconsidérer l'origine du gaz naturel. Alors que le gouvernement prépare un nouveau plan de développement de la méthanisation, la Fabrique Ecologique dresse deux propositions pour lever les freins au développement des gaz renouvelables d'ici 2020.

La loi de transition énergétique pour la croissance verte a pour objectif que les gaz renouvelables assurent 10 % de la consommation française de gaz en 2030. En premier lieu, ces gaz comptent le méthane obtenu par méthanisation ou pyrogazéification, un procédé à haute température qui transforme la biomasse ou des déchets en gaz de synthèse. La famille des gaz renouvelables compte également l’hydrogène obtenu par électrolyse de l’eau. On parle de power-to-gas pour qualifier cette dernière technologie lorsque l’électricité utilisée provient des périodes où la production électrique des éoliennes et du solaire est supérieure à la demande. Les usages de ces gaz sont multiples : électricité, chaleur, carburant et matières premières industrielles.

Malgré les ambitions à long terme, les gaz renouvelables couvrent à ce jour moins de 1 % de la consommation française. La dynamique reste encore largement insuffisante. Le gouvernement annoncera donc un nouveau plan pour faire émerger la méthanisation, qu’elle soit agricole, territoriale ou encore industrielle le 26 mars prochain. Un fonds de prêt de 100 millions d’euros a d’ores et déjà été annoncé. La note de la Fabrique Ecologique Gaz 100% renouvelables – Comment impulser le mouvement maintenant arrive donc à point nommé pour alimenter le débat.

Impulser le développement de la méthanisation

La méthanisation est la technologie de production de gaz renouvelable la plus mature. Elle était déjà sur le devant de la scène lors de la Conférence environnementale en 2012. La feuille de route prévoyait un plan national biogaz. Stéphane Le Foll, alors ministre de l’agriculture, et Delphine Batho, ministre de l’écologie, avaient lancé dans la foulée le Plan Energie Méthanisation Autonomie Azote (EMAA). L’objectif était de développer en France, à l’horizon 2020, 1.000 méthaniseurs à la ferme, contre 90 fin 2012. Il était par ailleurs projeté l’installation d’environ 500 méthaniseurs supplémentaires utilisant des déchets ménagers, des déchets de l’industrie agroalimentaire et des boues de stations d’épuration. Mais en 2018, on ne compte qu’environ 600 unités en fonctionnement, dont environ 400 dans le domaine agricole, largement en dessous des objectifs. Plusieurs freins empêchent encore leur développement.

Afin d’impulser le développement de la méthanisation, la Fabrique Ecologique propose de tripler le nombre de méthaniseurs en activité d’ici 2020, avec comme date butoir le terme de la PPE en 2023. Pour ce faire, elle incite les pouvoirs publics à simplifier les procédures administratives, diminuer les délais et faciliter l’accès aux crédits bancaires pour les agriculteurs. Elle propose également de mettre en place à grande échelle une filière de valorisation des digestats sous forme d’engrais.

Une feuille de route pour le power-to-gas et pour adapter les réseaux

Pour gérer le surplus de production photovoltaïque et éolienne, la Fabrique Ecologique propose par ailleurs de définir une feuille de route pour le power-to-gas. Il conviendra de simplifier la législation en cours sur la production et le stockage d’hydrogène, favoriser les expérimentations territoriales, en particulier dans les territoires insulaires.

Le développement des gaz renouvelables nécessitera également la modernisation des réseaux de transport et de distribution. Pour la Fabrique Ecologique, il apparaît essentiel de maintenir des budgets R&D « Smart Gas Grid » dans le tarif et mettre en place des dispositifs de soutien.

En collaboration avec GRDF et GRTgaz, l’ADEME a publié en janvier 2018 de nouveaux scenarios consacrés au gaz naturel. Sa principale conclusion est qu’un mix de gaz 100% renouvelables pourrait entièrement couvrir la demande française de gaz naturel injecté dans les réseaux en 2050. Pour y parvenir, 30 % du gaz serait obtenu par méthanisation et 30 % pourrait provenir du power-to-gas. Enfin, 40% proviendrait de la pyrogazéification.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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