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Informatique et écologie : quel rapport ?

Posté le par La rédaction dans Informatique et Numérique

[Tribune] Marie-Pierre Alizay, ingénieur documentaliste Documental

Parmi les nouveaux défis que va devoir relever le DSI européen, en voici un dont on commence à peine à parler mais qui a déjà pris de l'ampleur aux États-Unis : l'application des multiples facettes de l'écologie et de la protection de l'environnement au monde informatique.

Avouons-le, jusqu’à présent, le secteur informatique pensait échapper à la préoccupation écologique. Avec, du côté des matériels, une absence de rejet de CO2 et, du côté des logiciels, des produits immatériels, écologiques par nature, il se croyait quasiment exempt de toute réflexion sur le sujet.

Pourtant, informatique ne rime pas vraiment avec écologie. Des déchets électroniques en croissance perpétuelle (6 millions de tonnes en Europe cette année). Des produits (ordinateurs, téléphones…) qui polluent, qui chauffent, qui consomment énormément d’énergie. Des matériels qui ne sont pas recyclables, qui utilisent des substances dangereuses ou qui envoient des radiations électromagnétiques. Des équipements, fréquemment renouvelés qui, une fois obsolètes, sont jetés sans la moindre précaution… Le réveil qui s’annonce risque de se montrer fort pénible.
Après une prise de conscience tardive, la course à la bonne conscience

L’époque de l’inconscience semble effectivement disparaître. À cela, plusieurs explications. Il y a d’abord les discours, les rapports écrits, les actions symboliques qui sont de plus en plus largement relayés par les médias et poussent les entreprises du monde informatique – y compris les plus récalcitrantes – à prendre conscience des multiples dangers qui menacent l’environnement.

Un exemple phare, le tapage médiatique autour de l’étude d’août 2006 de Greenpeace portant sur les efforts fournis par les entreprises de l’industrie électronique pour préserver l’environnement. À la clé : un tableau des bons et des mauvais élèves. Ce classement très médiatisé a fait réagir la plupart des mauvais élèves qui ont tenté de se justifier par voie de presse ou sur leur site Internet. On voit bien là que l’impact négatif de tels documents auprès des consommateurs n’est plus pris à la légère.

Une législation de plus en plus contraignante

Reste que ces actions, aussi médiatiques soient-elles, ne se suffisent pas à elles seules. Les beaux discours ont un impact limité. C’est là qu’intervient le législateur. Et son message se veut de plus en plus ferme en matière d’écologie. Ainsi, une belle palette de directives européennes transposées en droit français oblige aujourd’hui les entreprises à changer leurs attitudes.

Deux d’entre elles sont sous les feux des projecteurs : la ROHS (Restriction Of Hazardous Substances) et le recyclage des DEEE (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques).

Quand l’écologie prend sa place dans la stratégie business

Impossible de reculer, les entreprises sont désormais obligées légalement de prendre en considération les enjeux environnementaux liés à leur métier.

Outre le fait qu’il faille acheter plus propre, produire plus propre, voire même dans le cas des DEEE, récupérer ses produits pour les recycler après les avoir vendus, il faut de plus être capable d’identifier précisément ce qu’on consomme, en quoi on pollue, et communiquer institutionnellement sur ces éléments (une obligation pour les sociétés cotées qui est dictée par la loi française relative aux Nouvelles Régulations économiques).

Comment faire face à la nouvelle donne ? Parmi les solutions, nombre d’entreprises ont presque naturellement mis à contribution leur direction informatique pour trouver globalement les moyens de gérer l’enjeu écologique. Bien sûr, il n’est pas du tout question de faire retomber tout le problème sur les seules épaules du DSI, mais à l’évidence, on estime qu’il a un rôle à jouer. Un rôle sur lequel il est utile de réfléchir dès aujourd’hui…

Green IT

Tout bon DSI éco-responsable est tenu d’anticiper, planifier, organiser le phénomène en cours. Mais aujourd’hui, peu de DSI cherchent à faire la corrélation entre leurs décisions stratégiques en matière de technologies informatiques et la planète en danger.

Pourtant, le discours change peu à peu : dans la presse, quelques DSI prennent la parole et souhaitent convaincre du fait qu’il y a un intérêt économique à promouvoir les « green IT ». À ce titre, un universitaire américain spécialiste du sujet expliquait récemment en quoi les entreprises intelligentes pouvaient utiliser des stratégies écologiques pour innover, créer de la valeur et trouver un avantage compétitif.

Il donnait l’exemple de HP qui a su, à temps, réagir à la concurrence de quelques acteurs qui menaçaient son marché fort lucratif des cartouches d’encre pour imprimante en proposant des consommables recyclés à moitié prix. HP s’est lancé à son tour dans le recyclage de ses cartouches et en a profité pour améliorer sensiblement ses marges.

Des constructeurs rappellent aussi que certaines matières premières ne sont pas éternelles et que chercher à les récupérer après usage vaut la peine : un exemple, une tonne de cartes broyées peut être vendue jusqu’à 1 500 euros pour en valoriser l’argent, l’or et le palladium… De là, l’utilisation d’une formule choc qui semble qualifier les nouveaux alchimistes : « Turn green to gold ».

L’informatique : problème et solution ?

La prise de conscience du danger est bien là. Mais, paradoxalement, si les déchets informatiques et électroniques sont au coeur du problème car ils ont contribué à polluer la planète, ce sont sans doute les mêmes matériels électroniques qui vont aider à la rendre plus propre.

En effet, la simulation, la traçabilité et l’optimisation qui sont nécessaires pour produire, consommer et recycler plus propre reposent sur des technologies informatiques plutôt avancées…

Par Marie-Pierre Alizay, ingénieur documentaliste à Documental / Journal du Net

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