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La fin des sacs plastique… ou pas

Posté le 12 juillet 2016
par Sophie Hoguin
dans Matériaux

Reportée à deux reprises, l'interdiction des sacs plastiques à usage unique est finalement effective depuis le 1er juillet. Même si des alternatives existent, la matière plastique n'est pas prête de déserter pour autant les caisses des magasins.

Trop polluant mais surtout mettant beaucoup trop de temps à se dégrader (en moyenne 400 ans pour une utilisation de 20 minutes), le sac en polyéthylène d’une épaisseur inférieure à 50 microns est définitivement banni des caisses des supermarchés, pharmacies, épiceries, etc. Il n’est plus ni distribué ni vendu. Cependant on pourra encore le trouver dans les rayons fruits et légumes ou chez le boucher et le poissonnier jusqu’au 1er janvier 2017.

Cinq milliards de sacs !

Cette mesure de la loi relative à la transition énergétique portée par Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, espère ainsi réduire l’empreinte néfaste du polyéthylène. Chaque année, rien qu’en France, 5 milliards de sacs à usage unique étaient distribués dont 80% étaient majoritairement importés d’Asie. Sans oublier les 12 millions de sacs utilisés pour emballer les fruits et légumes. Ils contribuaient ainsi à grossir chaque année un peu plus le septième continent, constitué de déchets et flottant sur l’océan Pacifique.

Le plastique ne fait pas pour autant ses adieux

Désormais, les consommateurs doivent donc opter pour des sacs en papier ou réutilisables qui peuvent être en plastique mais plus épais (supérieur à 50 microns), en coton, en toile de jute ou en dérivé du plastique comme le nylon ou le polypropylène tissé – qui sont des plastiques plus facilement recyclables. C’est donc la potentielle après-vie qui est déterminante, les plastiques devront donc être composés de matière organique comme l’amidon de maïs ou de pomme de terre pour être capables de se dégrader entièrement ou d’être recyclés dans des composts à domicile par exemple.

Création de 3000 emplois

Le ministère de l’Environnement parie sur l’essor des sacs biosourcés et compostables. « Le développement de nouveaux plastiques biosourcés permettra, en comptabilisant les emplois dans la recherche et le développement, la culture des végétaux qui serviront de base aux matières premières, la production de nouvelles résines composées de matière végétale et les usines fabriquant les produits biosourcés de créer 3 000 emplois sur le territoire national », peut-on lire dans un communiqué. Certaines entreprises françaises (SPhere, Barbier, Limagrain, Bagherra, Styl-Pack, La Française des Plastiques…) produisent déjà ce type de sacs.

Et la bataille est donc déjà engagée entre les industriels qui rivalisent tous d’ingéniosité pour proposer le sac du futur qui devra répondre aux critères de coût, d’étanchéité, de résistance, d’esthétisme et de recyclage bien-sûr.

Attention, les « oxo » sont aussi interdits

Enfin, les autorités mettent en garde contre les sacs dit « oxo-fragmentables » ou oxo-dégradables. A la suite d’un amendement déposé à l’Assemblée nationale stipulant que « Contrairement aux matériaux biodégradables, certifiés par la norme européenne EN 13432, et qui ne laissent à la fin du processus de biodégradation que du CO2 , de l’eau et de la matière organique ; les plastiques oxo-fragmentables se désagrègent en fines particules de plastique, le plus souvent du polyéthylène fossile, sans jamais atteindre la déstructuration moléculaire finale qui caractérise la biodégradation. Ces particules de plastique s’accumulent dans les milieux naturels avec pour conséquences une pollution des sols et une contamination de notre alimentation ».

Le législateur a pour le moment choisi d’inclure dans cette catégorie les plastiques oxo-biodégradables qui font encore débat, estimant que la biodégradabilité d’un matériau ne peut être validée officiellement qu’au regard de la norme EN 13432 et que ces plastiques étaient susceptibles de perturber la filière recyclage en France et en Europe.

Par Sophie Hoguin


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