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La liquéfaction, alternative à la crémation et à l’inhumation

Posté le 4 septembre 2011
par La rédaction
dans Environnement

Une entreprise britannique, Resomation Limited, propose une alternative à la crémation ou à l'inhumation d'un corps, à savoir la liquéfaction, par hydrolyse alcaline. L'entreprise vient tout juste de vendre et d'installer son premier appareil à une maison funéraire basée en Floride. Explications et vidéo.

C’est dans une maison funéraire de la ville américaine de Saint-Petersbourg, en Floride, que l’entreprise britannique, Resomation Limited, a installé son tout premier dispositif permettant la liquéfaction d’un corps, présentée comme une alternative écologique à l’inhumation et à la crémation. L’hydrolyse alcaline, base concrète du procédé, permettrait de produire trois fois moins de gaz à effet de serre que la crémation, en utilisant seulement 1/7e de l’énergie et en rendant possible la séparation complète des plombages et autres broches, pour une élimination en bonne et due forme.

La liquéfaction fonctionne par la dissolution du corps dans de l’eau alcaline et chauffée : le corps est entièrement immergé dans une solution aqueuse d’hydroxyde de potassium, à une pression légèrement supérieure à 10 bars, et portée à 180°C pendant un temps variant de deux heures et demi à trois heures. Les tissus humains sont complètement dissous, et le liquide ainsi obtenu est évacué par… le système des égouts municipaux.

D’après Sandy Sullivan, biochimiste et fondateur de Resomation Limited, les tests préliminaires auraient prouvé que les effluents seraient « stériles » et qu’ « ils ne contiendraient pas de trace d’ADN, ni ne poseraient de risque environnemental ». Il souligne aussi que le mercure provenant des amalgames dentaires, vaporisé lors d’une crémation, serait responsable de près de 16 % des émissions de mercure en suspension dans l’atmosphère, obligeant les crématoriums à réagir et à installer un système de filtration du mercure pour en réduire les émissions. La liquéfaction permet de récupérer aisément ces plombages, et de s’en débarrasser de manière écologique.

Une fois le corps dissous, il ne reste que les os (séparés des broches, amalgames dentaires et autres) qui se voient alors retirés de l’appareil et broyés par un « cremulator », la même machine qui est utilisée pour pulvériser les os et fragments après une crémation.

Bien que l’hydrolyse alcaline ait déjà été utilisée pour se débarrasser de certains cadavres médicaux ou d’animaux de ferme, l’installation de ce dispositif en Floride a nécessité l’approbation de l’État de Floride, levant les derniers freins légaux à l’arrivée de Resomation Limited, tout comme dans (seulement) un septième des États américains. L’État du Queensland, en Australie, s’est déjà servi de cette méthode l’année dernière, de même que l’État d’Ohio plus tôt cette année, dix-neuf corps ayant pu être liquéfiés avant que la Cour de l’état rende le procédé non conforme à la loi.

Si les verrous législatifs se lèvent petit à petit, Sandy Sullivan fait pression sur les autorités de son pays pour pouvoir faire de l’hydrolyse alcaline une réalité au Royaume-Uni. Celui-ci espère pouvoir y vendre son dispositif, qu’il pense être moins onéreux que la crémation, notamment en raison de la charge supplémentaire que représente les systèmes de filtration du mercure. L’installation américaine devrait fonctionner dans quelques semaines. Voici une courte illustration vidéo du processus :

 

 

Par Rahman Moonzur