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Décryptage

La stabilisation des puissances éoliennes en Espagne préfigure-t-elle le futur du réseau ouest-européen ?

Posté le par La rédaction dans Énergie

[Tribune de Raymond Bonnaterre]

La baisse des consommations d’énergie électrique en Espagne, l’instabilité du réseau intrinsèque à une large part de puissance éolienne, la nécessité de stabiliser les coûts de la ressource, l’application de saines règles de gestion a conduit depuis près de deux ans, l’opérateur espagnol Red Electrica vers un arrêt pur et simple de mise en place de nouveaux équipements de génération d’électricité.

Cette attitude, assez  nouvelle en Espagne, de bon sens économique pourrait, dans certaines conditions, se généraliser à l’ensemble du réseau ouest-européen.

La vie industrielle nous apprend qu’un investissement de capacité, dans le cadre d’une expansion d’activité, constitue une excellente opportunité pour réaliser à peu de frais de puissants progrès techniques et de bienvenus gains de productivité.

En effet l’investissement est immédiatement rentabilisé par la croissance du chiffre d’affaire et apporte, en prime, ce que les économistes classent sous la rubrique « productivité globale des facteurs » qui quantifie globalement les gains de productivité ou de rentabilité naturellement induits par la croissance de l’activité économique et l’intelligence des hommes. En d’autres termes simples, il n’y a là que la traduction économique des progrès continus techniques et technologiques.

Dans le cas de la production d’électricité en Espagne, et selon l’électricien local Red Electrica, en raison de difficultés économiques de ce pays, nous assistons à une décroissance continue des consommations dans la péninsule et donc des productions qui perdaient en cumulé depuis le début de l’année à fin Mai 2014,  2,7% par rapport aux valeurs enregistrées durant la même période en 2013 qui elles-mêmes avaient décru de 4,4% par rapport à la même base en 2012.

Cette décroissance des appels espagnols de puissance électrique entraîne tout naturellement un arrêt des investissements de capacité et une stabilisation depuis 2012 des puissances installées autour des 102GW (Fig.1). Bien sûr les puissances éoliennes installées, elles aussi, depuis la même date, se stabilisent au-dessous des 23 GW nous informe Red Electrica.

Figure 1 : Puissances électriques installées en fin d’année dans la péninsule espagnole et à fin Mai pour 2014 (Red Electrica)

Il apparait donc, de façon tout à fait logique, que la baisse des appels d’énergie sur le réseau entraîne, afin d’éviter les excès de capacité de production, l’arrêt des nouvelles installations d’éoliennes en Espagne. Les seuls enjeux de réductions de coûts ou de progrès techniques ne peuvent pas justifier à eux seuls la pertinence de nouveaux investissements dans ce domaine.

Figure 2 : Consommations annuelles d’énergie électrique sur le réseau ouest européen (ENTSO-E)

Je ne vois pas pourquoi ce phénomène, économiquement raisonnable, à l’échelle de la péninsule ne se répèterait-il pas à l’échelle du continent ouest-européen dont les consommations d’électricité, tout comme en Espagne, décroissent (Fig.2) et dont les excès d’équipements de génération sont notoires et entraînent une baisse continue des prix de gros du MWh (Fig.3) ce qui décourage tout investissement de capacité non subventionné et entraîne, même, la mise sous cocon de centrales à gaz à cycle combiné les plus modernes (GDF-Suez) ?

Figure 3 : Prix de gros, en euros 2010,  du MWh électrique sur la plateforme EEX (Fraunhofer)

Même si la rumeur institutionnelle entretenue, en vigueur en Europe, annonce pour les années à venir, un accroissement rapide de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique, la raison économique nous indiquerait plutôt que ces investissements dans de nouveaux moyens de génération, dont les éoliennes et les modules photovoltaïques, devraient décroitre et tendre progressivement vers zéro.

Bien sûr des décisions politiques de maintient des subventions tarifaires aux énergies intermittentes ou d’arrêt de centrales nucléaires existantes sont de nature à contrecarrer cette prévision de bon sens. Dans cette hypothèse il faut s’attendre à un accroissement continu des prix de détail de l’électricité qui intègrent les subventions tarifaires en vigueur.

C’est ce dont nous menacent certains volets de la soi-disant « transition énergétique » annoncée en France, à moins que la poursuite ou  l’accélération de la dégradation économique de notre pays ne stoppe net ce processus de surinvestissement, éminemment politique et annoncé en fanfare. Un mode de gestion plus rigoureux et plus économe des finances de notre pays devrait revenir un jour en vogue.

Par Raymond Bonnaterre

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