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Le meilleur de la tech #14

Posté le 24 décembre 2021
par Romain FOUCHARD
dans Informatique et Numérique

Quoi de neuf dans le domaine de l'innovation ce mois-ci ? Un robot à mi-chemin du drone et du faucon pèlerin ; un aspirateur de polluants des mers et un poisson-robot à la rescousse de têtards menacés !

Le robot qui se perchait dans les arbres…

Attraper des objets de formes diverses peut paraître aisé, mais pour un robot il n’en est rien ! Or, dans la nature se trouvent des exemples-types, capables de s’agripper à tout ce qui passe à leur portée : les oiseaux. Des ingénieurs de l’Université de Stanford ont donc développé un robot biomimétique attaché à un drone quadricoptère. L’ensemble porte le petit nom de SNAG (pour stereotyped nature-inspired aerial grasper) et est détaillé dans un article publié dans Science Robotics le 1er décembre 2021. Les pattes de l’oiseau mécanique s’inspirent de celles du faucon pèlerin, en transformant de manière passive la puissance de l’impact (avec une branche par exemple) en force pour s’agripper, en même temps que le mécanisme correspondant aux serres se referme en moins de 50 millisecondes… SNAG s’est montré doué pour capter des proies factices et autres balles de tennis. Testé en système naturel, dans une forêt de l’Oregon, le robot – alors muni d’un capteur d’humidité et de température – a permis d’effectuer des mesures de ce microclimat. Une première étape vers un emploi futur dans le domaine de la surveillance environnementale !

Celui qui nageait à la surface des océans…

Un robot autonome en pleine mer, est-ce possible ? C’est du moins dans ce sens que tendent les travaux des chercheurs de l’UC Riverside. Dans le Science Robotics du 1er décembre 2021, ils ont présenté leur Neusbot, un robot biomimétique inspiré des neustons – des organismes vivant sur une surface aquatique comme les punaises d’eau. Il s’agit en fait d’un oscillateur photothermique à vapeur, alimenté par le rayonnement solaire. Le film dont Neusbot se compose contient trois couches différentes. Celle du dessous, hydrophobe, prévient tout risque de « noyade » du système. La couche du milieu est un hydrogel accueillant de l’eau et des nanobarres hybrides d’oxydes de fer et de cuivre (Fe3O4/Cu). Ces dernières peuvent convertir la luminosité reçue en chaleur, à l’origine de la propulsion de l’engin. Ensuite, en fonction de l’intensité lumineuse, les oscillations seront plutôt continues ou pulsées. À l’avenir, les scientifiques aimeraient doter Neusbot d’une quatrième couche spécialisée dans l’aspiration des fuites de pétrole ou la captation des polluants trouvés dans l’eau.

Et celui qui terrifiait les espèces invasives !

Les espèces invasives sont une menace sérieuse pour la biodiversité. La grenouille Litoria moorei, endémique au sud-ouest de l’Australie, en paie ainsi les frais. Plus précisément, ce sont les têtards de cette espèce qui souffrent des attaques du poisson-moustique (Gambusia holbrooki). Ce dernier s’en prend à leurs queues en les mâchouillant avant de laisser sa victime périr pendant qu’il se délecte des œufs d’autres poissons et amphibiens. Face à ce danger, une équipe internationale composée de biologistes et d’ingénieurs issus d’Australie, des États-Unis et d’Italie, s’est intéressée au pouvoir du stress non létal sur l’écologie et l’évolution de l’envahisseur. Pour ce faire, ils ont mis au point un robot inspiré du prédateur naturel du poisson-moustique : la perche noire (Micropterus salmoides). Leur création, décrite le 16 décembre 2021 dans iScience, a été placée brièvement et à plusieurs reprises en présence de l’espèce invasive. Rapidement, les chercheurs ont noté des altérations du comportement du petit poisson, avec une peur et un stress élevés pendant des semaines ! Sur le long terme, l’expérience a résulté en une perte de masse des poissons-moustiques, une modification corporelle privilégiant la fuite, et une baisse de fertilité chez les deux sexes. Finalement, les effets du robot biomimétique ont directement impacté la survie de l’espèce, à travers sa reproduction et son succès écologique. Une petite victoire pour Litoria moorei, et pourquoi pas une voie à explorer pour aider à la conservation des animaux menacés par des espèces invasives.


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