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Décryptage

Le soleil a rendez-vous avec l’atome

Posté le par La rédaction dans Environnement

[tribune] Geoffrey Styles

Le géant du solaire First Solar vient de signer un protocole d'accord avec le gouvernement chinois pour la construction d'une centrale solaire d'une capacité de 2.000 MW en Mongolie Intérieure. Si le projet aboutit, la centrale solaire d'Ordos sera la première au monde d'une envergure suffisante pour autoriser des comparaisons avec la plus importante source d'énergie à faible émission de CO2 : le nucléaire.

(Article corrigé le 1er octobre 2009) Le géant du solaire First Solar vient de signer un protocole d’accord avec le gouvernement chinois pour la construction d’une centrale solaire d’une capacité de 2.000 MW en Mongolie Intérieure. Si le projet aboutit, la centrale solaire d’Ordos sera la première au monde d’une envergure suffisante pour autoriser des comparaisons avec la plus importante source d’énergie à faible émission de CO2 : le nucléaire.Depuis des années, j’entends parler de propositions pour recouvrir des zones entières du désert avec des panneaux solaires. Ce projet me paraît être le plus important jusqu’à aujourd’hui, dans les limites du faisable. 65 km2 sont concernés, près de la ville d’Ordos en Chine. Certes, le projet Desertec en Afrique du Nord pourrait au final être plus important, mais nous n’en verrons pas la couleur avant longtemps même si First Solar insiste bien dans son communiqué de presse sur le fait que le projet démarrera sur une base modeste de 30 MW avant de monter en puissance. Je me demande si les dernières phases du projet sont conditionnées à la baisse des tarifs actuels de l’énergie solaire.En effet, comme je l’ai souligné récemment, même avec des modules solaires à moins de 1 dollars/Watt comme ceux à couche mince de First Solar, le coût total de l’installation peut dépasser les 4 dollars/Watt. Le projet Ordos joue donc dans la même catégorie qu’une nouvelle centrale nucléaire en termes de coût, et pas seulement de production notionnelle.

La même quantité d’énergie qu’une centrale à charbon ?
En parlant de production, nous devons considérer dans quelle mesure une installation de panneaux solaire de 2.000 MW peut se comparer à deux centrales à charbon ainsi que de nombreux articles en ont fait mention. Bien que je n’ai pas pu obtenir les données réelles pour Ordos, un coup d’œil à la carte de l’ensoleillement en Chine suggère que cette zone reçoit environ 6 kW/m2/jour, soit 6 heures d’ensoleillement par jour. Le projet a ainsi un facteur d’efficacité moyen de 0,25, ce qui signifie que 2.000 MW d’énergie solaire génèreraient à peu près la même quantité d’électricité par jour qu’une centrale à charbon de 700 MW ou une centrale nucléaire de 550 MW.L’intérêt principal du projet est peut-être sa progressivité. A la différence d’une nouvelle centrale nucléaire qui mettrait probablement aussi longtemps à se construire, les Chinois n’auront pas besoin d’attendre l’achèvement du projet prévu pour 2019 pour produire de l’électricité. Chaque module serait ainsi indépendant et le premier pourrait commencer à générer de l’électricité d’ici un an ou deux.

Un coût de revient problématique
Cette centrale solaire pourrait ainsi produire autant d’énergie que deux centrales nucléaires (ou deux grosses centrales à charbon) en un instant donné mais moins d’énergie que chacune de ces deux technologies sur toute l’année, tout en coûtant presque aussi cher qu’un gros réacteur nucléaire. Même en misant sur une amélioration considérable des coûts entre le moment où le premier et le dernier panneau solaire sera installé, la donne ne change pas. Le degré d’utilité de l’installation dépendra en grande partie de la nature des besoins énergétiques de la Chine : ceux-ci seront-ils plus importants aux heures d’ensoleillement ou seront-ils réguliers tout au long de la journée ? Je me réjouis autant que tout le monde que la Chine cherche à diversifier ses sources d’énergie, même à une échelle modeste. Rien n’exclut non plus de développer l’énergie nucléaire dans le futur puisqu’à long terme le solaire et le nucléaire seront certainement amenés à se compléter. Toutefois, si on laisse de côté le fait que ce projet pourrait contribuer dans l’avenir à faire baisser les prix du solaire, en termes d’efficacité/coût, ce choix ne semble pas le plus évident.  Geoffrey Styles est gérant de GSW Strategy Group, LLC, une firme de consultants sur l’énergie et les stratégies environnementales. Il a également un blog : Energy Outlook.

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