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Décryptage

Le traitement illégal des DEEE est majoritaire en Europe !

Posté le par Matthieu Combe dans Environnement

La directive européenne DEEE 2 impose aux pays européens un objectif de collecte de 45 % du poids moyen des équipements électriques et électroniques en 2016 et de 65 % en 2019. Selon une étude menée par Interpol, les pays en sont loin et le traitement illégal reste majoritaire en Europe.

Interpol et les Nations Unies ont publié fin août les résultats d’une enquête de deux ans portant sur le traitement des déchets électriques et électroniques (DEEE) en Europe. Au niveau européen, seulement 35 % des 9,5 millions de tonnes de DEEE jetés en 2012 ont été pris en charge par les systèmes officiels de collecte et de recyclage. Les 65 % restant ont été recyclés en Europe dans des conditions non conformes (3,15 millions de tonnes), exportés illégalement (1,5 million de tonnes), triés seulement pour en récupérer les matériaux de valeur (750 000 tonnes) ou tout simplement jetés dans les poubelles (750 000 tonnes). Le commerce illégal de ces déchets se fait avant tout en Europe, proche des lieux de consommation.

Sur les 1,5 millions de tonnes de DEEE exportées, peu sont officiellement déclarées. Selon les estimations de l’étude, 70 % auraient une deuxième vie, 30 % seraient directement traitées comme déchets. Selon les informations d’Interpol, « chaque année, sur l’ensemble des déchets électroniques exportés par l’Union européenne, seules 2 000 tonnes (0,5 %) [sont] interceptées dans le cadre d’opérations donnant lieu à une forme de condamnation, des amendes administratives ou des sanctions civiles ». Le risque d’interception est faible pour les trafiquants, qui ne risquent pas grand chose dans ce business juteux.

Les vols dans les centres de traitement agréés sont également dénoncés dans cette étude. « Le vol à grande échelle de composants de valeur prélevés sur ces déchets, tels que les circuits imprimés et les métaux précieux, entraîne une importante perte de matériaux et de ressources pour les sociétés de traitement des déchets respectueuses de la loi en Europe, estimée entre 800 millions et 1,7 milliard d’euros annuellement », estime Interpol.

Concernant les performances de chaque pays, les pays scandinaves et la Suisse occupent les premières places et atteignent déjà les objectifs réglementaires pour 2016 (de 60 à 85 % des DEEE recyclés). A l’opposé, la Roumanie, l’Espagne et Chypre sont les plus mauvais élèves, avec moins de 20 % de leurs DEEE recyclés. La France essaye de rattraper son retard et se situe dans le peloton des pays européens. En 2014, l’équivalent de 7,4 kg de DEEE ont été collectés par habitant en France. En 2019, la collecte devra atteindre 15 kg par an et par habitant, pour respecter les objectifs de la directive européenne DEEE 2.

Dresser un bilan pour mieux lutter

Pour lutter contre ce commerce illicite particulièrement rentable, le rapport propose d’harmoniser les définitions de déchets, les sanctions administratives et pénales et la coopération entre les pays européens. « L’harmonisation, y compris du type d’infractions, du degré de gravité et de la définition des sanctions, permettrait de limiter les écarts entre les pays européens et, par conséquent, le déplacement des activités illicites entre les pays. Cela faciliterait les enquêtes, les poursuites et les condamnations et donc, créerait un véritable effet dissuasif sur les délinquants », souligne le rapport. Il propose également de mieux suivre le marché dans chaque pays, définir des standards de recyclage et de réutilisation, mieux informer le public et lutter contre les vols sur les points de collecte et les décharges.

Un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP) publié en avril rappelle que le volume de déchets électriques et électroniques ne cesse d’augmenter. Au niveau mondial, 42 millions de tonnes de DEEE ont été produits en 2014, et 50 millions sont attendus en 2020. Selon les estimations, de 60 % à 90 % des DEEE échapperaient aux filières de dépollution à l’échelle mondiale. Les bénéfices du trafic illégal sont estimés à près de 20 milliards d’euros.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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