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Les crimes ont leur empreinte carbone

Posté le 16 août 2016
par Matthieu Combe
dans Insolite

Une étude publiée dans le Journal of Industrial Ecology s'intéresse à l'empreinte carbone des crimes. Un angle original pour construire de nouvelles politiques prenant en considération l'ensemble des impacts criminels !

Les chercheurs ont évalué l’empreinte carbone des crimes en Angleterre et au Pays de Galles. Ils ont considéré l’ensemble des émissions associées au système judiciaire : enquêtes policières, gestion des prisons et des tribunaux… Mais aussi celles liés au remplacement de biens volés ou endommagés, aux hospitalisations des blessés, aux assurances, etc. En appliquant des modèles d’écologie industrielle, ils estiment ainsi que l’ensemble des crimes (enregistrés ou non) perpétrés en 2011 ont entraîné l’émission de 4 millions de tonnes de carbone. Cela équivaut aux émissions énergétiques d’environ 900.000 foyers britanniques. « Etant donné que le volume réel de la criminalité qui se produit ne peut jamais être pleinement estimé[…], notre empreinte est encore susceptible d’être sous-estimée », préviennent les auteurs.

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Dans le détail, l’empreinte carbone la plus élevée est de loin, celle liée aux homicides, à environ 71 tonnes de CO2 équitalent (teqCO2) par incident. Suivent les agressions graves avec une empreinte d’environ 5 teqCO2 émis par infraction et les vols de voitures neuves (4,2 teqCO2). Les agressions sexuelles, les vols et cambriolages émettent environ 1 teqCO2 par incident, et plusieurs infractions, comme les voies de fait et le vol à l’étalage , ont une empreinte beaucoup plus petite, moins de 0,1 teqCO2 par incident.

Mais si l’on en prend en compte le nombre total d’infractions, le classement est bouleversé. Vu le nombre relativement faible d’homicides qui se produisent chaque année, ils ne contribuent qu’à hauteur de 1% de l’empreinte carbone totale de la criminalité. Les cambriolages accaparent 30% de l’empreinte totale, notamment en raison du carbone émis lors du remplacement des biens volés ou endommagés. Les blessures et les vols représentent chacun environ 11% de l’empreinte totale.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la réduction des crimes n’engendre pas systématiquement une baisse nette des émissions de carbone. Car un prisonnier consomme moins qu’un habitant lambda! Par ailleurs, l’argent public et privé actuellement consacré à la lutte anti-criminalité pourrait être réinvesti dans des actions plus polluantes. En considérant la consommation britannique moyenne, les chercheurs estiment, par exemple, qu’une réduction de 5% des cambriolages domestiques pourrait entraîner une augmentation de 2% des émissions de carbone. D’autres travaux sont en cours pour mieux illustrer cet effet rebond.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

 


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