Décryptage

Les vraies leçons de management de Steve Jobs

Posté le 18 avril 2012
par La rédaction
dans Entreprises et marchés

Le bibliographe officiel de Steve Jobs a publié un article sur ce que l’on peut apprendre en termes de management de l’histoire de Steve Jobs chez Apple et Pixar. Steve Jobs a contribué à créer et transformer radicalement sept industries : l’ordinateur personnel, le film d’animation, la musique, le téléphone, la tablette informatique, le commerce de détail et l’édition numérique. A ce titre, il va probablement rejoindre le panthéon des grands inventeurs comme Thomas Edison, Walt Disney, ou encore Henri Ford.

Dans son article, Walter Isaacson revient sur la manière dont Steve Jobs a géré ses affaires. Pour lui, sa réussite ne tient pas seulement à sa personnalité mais à quelques principes de base que Steve Jobs a développés et appliqués tout au long de sa carrière d’innovateur et de manager. Je vous livre une synthèse des 14 principes énoncés par Walter Isaacson.

Quand Steve Jobs est retourné chez Apple en 1997, la société produisait une multitude d’ordinateurs et de périphériques. Steve Jobs a simplifié les catalogues en deux gammes de produits, portable et ordinateur de bureau, pour deux types d’utilisateurs, grand public et professionnels.  Pour Steve Jobs « décider de ce qu’il ne faut pas faire est aussi important que décider de ce qu’il faut faire ». Chaque année, Steve Jobs réunissait les cent personnes les plus importantes d’Apple et demandait quelles seraient les dix choses à faire prochainement. Une fois les dix sélectionnées, Steve demandait de n’en garder que trois.

Pour Steve Jobs, les produits devaient être simples à utiliser et simples à comprendre. Steve Jobs a appris à aimer la simplicité quand il a travaillé sur le premier jeu d’ATARI, deux instructions suffisaient alors pour apprendre à utiliser le jeu. Néanmoins, la simplicité ne s’acquière qu’à l’issue d’un énorme travail de conception. Durant la conception de l’interface de l’iPod, Steve Jobs essayait de couper des fonctionnalités à chaque réunion. Pour lui, tout devait être accessible en trois clics. Quand il a suggéré de supprimer le bouton on/off, tout le monde a d’abord été choqué, pour finalement se rendre à l’évidence de l’inutilité de ce bouton. En élaborant un écosystème technique, Steve Jobs a pu reléguer les fonctions les plus complexes sur itunes avec l’ordinateur pour simplifier l’iPod.

Pour Steve Jobs, le producteur doit prendre toute la responsabilité de l’expérience utilisateur. De la vente de ses produits en passant par le matériel, les logiciels et les périphériques, toutes ces composantes doivent être soigneusement liées ensemble pour procurer une expérience utilisateur optimale. « Les gens n’ont pas le temps, ils ont autre chose à faire que de penser comment intégrer leurs appareils ensemble », disait Steve Jobs. Cette prise en charge de l’expérience utilisateur était liée à sa personnalité très autoritaire mais aussi à sa passion pour la perfection et les produits élégants.

Il ne s’agit pas seulement pour une entreprise de développer les nouvelles idées mais aussi de sauter à la prochaine quand celles-ci sont dépassées. Lors de la conception de l’iMac, Steve Jobs a développé les logiciels utiles pour gérer la vidéo et la photographie en négligeant la musique, allant même jusqu’à omettre la fonction gravure de CD. Il ne s’est pas contenté de rattraper son retard à la version suivante mais il a inventé une nouvelle façon de gérer la musique avec l’association de itunes et du ipod. Par la suite, il a été beaucoup plus loin dans la téléphonie, n’associant pas seulement l’ipod et le téléphone, mais créant un véritable compagnon numérique avec les Apps.

Seve Jobs ne recherchait pas dans un premier temps le profit. La recherche de l’optimisation financière à tout prix tue l’innovation. Lors de la conception du Macintosh, il écrivait sur le tableau blanc « pas de compromis ».  Cela a abouti a une machine très coûteuse, difficilement vendable, mais elle a marqué son époque et a positionné clairement Apple dans la révolution de la micro-informatique. Pour Steve Jobs, quand le marketing et les ventes prennent le pouvoir dans une entreprise, les profits sont condamnés à long terme. La priorité est de faire des bons produits innovants et les profits suivent.

Pour Steve Jobs, « le consommateur ne sait pas ce qu’il veut tant qu’il n’a pas vu le produit ». Les études de marché et les focus groupes sont inutiles. Il préfère aux études l’observation et l’intuition de ce que les clients veulent. Steve Jobs se considère comme un focus groupe à lui tout seul : il a fait les produits qu’il voulait et que ses amis voulaient. Dans les années 2000, Steve Jobs sentait bien que les appareils de musique portable étaient en décalage avec les vrais besoins des clients. Il voulait pour lui un appareil simple qui pouvait contenir des milliers de musique dan la poche. Il l’a fait et on connaît le succès de l’iPod.

Steve Jobs avait le don (ou la malédiction) de mettre les gens dans des situations impossibles. Phénomène que ses collègues ont appelé « champ de distorsion de réalité », en référence à un épisode de Star Trek. Et ça marche. Quand Steve Jobs a embarqué Steve Wozniak dans l’aventure de la création du jeu Breakout, Wozniak demandait un mois de délai. Sous la pression de Jobs, il l’a développé en 4 jours. Steve Jobs pensait que les règles ordinaires de la vie ne pouvaient s’appliquer à lui-même et ses équipes. Il poussait ses collaborateurs à faire l’impossible car ils ne réalisaient pas que c’était impossible. En cas de contestation, il trouvait les arguments. Lors de la conception du Macintosh, il a poussé Larry Kenyon a faire démarrer le système d’exploitation en moins de 30 secondes au prétexte que pour l’ensemble des utilisateurs, cela ferait économiser un siècle de vie d’attente chaque année.

Le troisième principe de la doctrine Steve Jobs après Focus et Empathy, était Impute. Pour lui, la première impression d’un produit est essentielle, d’où l’importance d’investir dans le design, le packaging et la présentation sur le point de vente. Tout doit contribuer à donner l’impression que la machine est accessible, « friendly », le design de la machine, le design du système et le packaging qui est aussi une expérience tactile.

La recherche de la perfection doit conduire la conception de tout produit. Steve Jobs était capable de mettre en pause la conception et le lancement d’un produit s’il sentait que ce n’était pas parfait. Il a fait refaire tout le design de l’iphone, mettant à la poubelle des mois d’effort, car les premières versions intégraient un bord en aluminium autour de l’écran, trop masculin selon Steve Jobs. De même, il a été jusqu’à faire redessiner la carte mère du Macintosh pour qu’elle soit belle alors que la machine ne pouvait pas être ouverte. Cela semble excessif pour la majorité des personnes, mais la perfection se voit, se ressent, et finalement, cela a contribué aux succès des produits d’Apple. Steve Jobs agissait comme un artiste, ses produits étaient ses créations.

Lire la suite ici

(Source : Isaacson Walter, The real leadership lessons of Steve Jobs, Harvard Business Review n°90 (4), Avril 2012)

 

Par Guy Parmentier, TheInnovation.eu

 

Guy Parmentier

Chercheur en management de l’innovation, Guy Parmentier effectue des recherches sur la gestion de l’innovation avec les communautés d’utilisateurs et l’entreprise face aux mondes virtuels.

Passionné d’innovation, avant de passer à la recherche et au conseil à l’innovation, il a géré successivement des projets éditoriaux dans l’édition de beaux-livres, la production de jeu vidéo et une start-up sur la conception et la gestion des personnages virtuels.

Aujourd’hui, il apporte ces multiples compétences au service de la recherche sur le terrain, de l’enseignement et de l’accompagnement de projets d’innovation.

Ce blog lui permet aussi de contribuer au Web 2.0 en publiant réflexions et analyses sur le management de l’innovation.

 

 

Pour aller plus loin :

Découvez les fiches pratiques Techniques de l’Ingénieur :