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Décryptage

L’huile de palme durable l’est-elle vraiment ?

Posté le par Matthieu Combe dans Environnement

Face aux désastres sociaux et environnementaux de la culture de l’huile de palme, une garantie pour une huile de palme durable a notamment été créée par la Table ronde pour l’huile de palme durable (dite RSPO). Quelles sont les garanties ?

La garantie RSPO fixe 3 niveaux distincts : « segregated » (ségrégation), « mass balance » (balance de masse) et « book and claim » (réserver et revendiquer). La garantie « segregated » indique que l’huile de palme utilisée pour fabriquer le produit est tracée et séparée des autres huiles non vérifiées sur toute la chaîne d’approvisionnement. Elle ne s’applique qu’à l’huile de palme 100% « durable ». La garantie « mass balance » veut que l’huile de palme utilisée soit majoritairement durable, mais sans séparation le long de la chaîne d’approvisionnement. Ainsi, le produit contient un mélange d’huile de palme durable et non durable, et donne aussi droit à une étiquette « verte ». Enfin, pour la garantie « book and claim », le fabricant achète simplement des certificats Green Palm, indépendemment de la chaîne d’approvisionnement réelle. Le logo RSPO est réservé aux produits contenant de l’huile de palme durable « segregated » et « mass balance »; ceux contenant de l’huile « book and claim » ne peuvent qu’indiquer « participe à la lutte contre la déforestation ».

Aujourd’hui, 2,2 millions d’hectares de plantations sont certifiées RSPO, soit 15% environ de la surface mondiale plantée (contre 106 000 ha en 2008). 8,2 millions de tonnes d’huile de palme RSPO ont été produites en 2013 (contre 620 000 tonnes en 2008). Toutefois, en 2015, un peu moins de 10 % de l’huile de palme échangée sur les marchés mondiaux était certifiée RSPO, en raison d’une offre qui dépasse la demande.

RSPO : des critères à consolider !

Dans leur forme actuelle, les critères de la RSPO ne donnent que des lignes directrices trop vagues pour viter l’assèchement des zones humides. Il n’y a pas non plus pour l’instant de critères concernant les émissions de gaz à effet de serre causées par la production d’huile de palme. Ses principes et critères garantissent cependant que les droits fondamentaux des précédents propriétaires terriens, des travailleurs sur les plantations, des cultivateurs et de leurs familles sont respectés et pris en compte. Ils assurent également qu’aucune forêt primaire ou zone protégée n’a été détruite depuis novembre 2005 pour laisser la place à des exploitations d’huile de palme. Mais la déforestation secondaire n’est pas toujours prise en compte et quelques certificats delivrés par RSPO sont aujourdhui contestés en Asie.

Face à ces critiques, la RSPO propose désormais « RSPO Next », une initiative volontaire dépassant les exigences actuelles de la RSPO. Pour obtenir cette certification, les planteurs doivent s’engager sur l’ensemble de leurs plantations à ce qu’il n’y ait aucune déforestation et aucun feu. Ils s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, à respecter les petits exploitants et les droits ouvriers, à interdire le paraquat, un pesticide interdit dans l’Union européenne, et à renforcer leur traçabilité.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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