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Le LiFi bidirectionnel entre dans l’ère industrielle

Posté le 23 septembre 2016
par Frédéric Monflier
dans Informatique et Numérique

Avec son nouveau luminaire LED, Lucibel déploie la technologie LiFi bidirectionnelle à une échelle industrielle. Les milieux professionnels seront les premiers servis.

La transmission de données par la lumière devient une affaire sérieuse. Spécialiste français de l’éclairage LED, Lucibel vient d’annoncer le premier luminaire LiFi (Light Fidelity) industrialisé au monde. Le terme «industrialisé» signifie que plusieurs milliers d’exemplaires pourront être produits chaque année à l’usine de Barentin, en Seine-Maritime. «Nous avons déjà vendu une centaine d’unités et une autre centaine de pré-commandes sont validées» se félicite Frédéric Granotier, PDG de Lucibel.

Pour rappel, le LiFi exploite la capacité d’une LED à s’éteindre et à s’allumer plusieurs milliards de fois par seconde. Le flux lumineux peut alors être modulé de façon à transporter des données. En version bas débit monodirectionnelle, le LiFi est utilisé dans des applications de géolocalisation. Ce spot encastrable en faux plafond se destine pour sa part aux échanges bidirectionnels et à haut débit. Il intègre une LED blanche de 1800 lumens, fabriquée par Nichia, les composants électroniques qui modulent le signal LiFi dans la lumière émise, une carte réseau Ethernet et aussi un capteur infrarouge.

«Chaque luminaire raccordé au réseau de l’entreprise devient un point d’accès accessible à huit utilisateurs, explique Edouard Lebrun, et il est bidirectionnel grâce au récepteur infrarouge. Le poste de travail Windows, MacOS ou Linux est équipé d’une clé USB qui réceptionne les données du signal LiFi et émet le signal IR. Un système de «handover» permet à l’utilisateur de passer d’un «cône» de connexion à l’autre dans un délai de huit secondes. Le débit maximal de la voie descendante atteint 42,5 Mbit/s, celui de la voie montante environ 25 Mbits/s. Ce dernier a été multiplié par quatre depuis l’an dernier.»

Un prix de 2300 € HT

Il y a un an, en effet, Lucibel présentait un prototype où le récepteur IR était déporté sur un détecteur de fumée externe. Quant à la clé USB, elle mesurait 30 centimètres de long. Sa taille a été divisée par cinq depuis. Cet industriel cherche de la même manière à réduire les coûts. Le système coûte pour l’heure 2300 € HT, soit 1500  € pour le luminaire et 800 € pour la clé USB. «C’est encore deux à trois plus que le budget pour un éclairage LED normal et un réseau WiFi, estime Edouard Lebrun. On devrait l’égaler en 2018.» Une deuxième phase d’industrialisation, prévue à cette date, et le remplacement des FPGAs (Field programmable gate array) par des ASICs (Application specific integrated circuit), circuits électroniques moins chers et plus compacts, devraient y contribuer.

Lucibel cible dans un premier temps une clientèle professionnelle, qui n’utilise pas ou peu le WiFi pour des raisons règlementaires ou sécuritaires. Dans le milieu hospitalier, les ondes radio perturbatrices sont proscrites et le LiFi est une alternative envisageable. Le secteur bancaire et l’industrie de la Défense se montrent aussi intéressés, car le LiFi, contrairement au WiFi, ne traverse pas les murs et préserve la confidentialité des échanges. La récente loi dite «Abeille», qui interdit le WiFi dans les crèches, est une autre opportunité.

Selon Lucibel, le marché du grand public devrait s’ouvrir vers 2019 ou 2020. A condition que le LiFi s’invite entre temps dans les smartphones, étape indispensable à sa démocratisation. Il pourrait ensuite participer à l’essor de l’Internet des objets, qui aura besoin d’autres «tuyaux » que les réseaux existants.

Frédéric Monflier


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