Décryptage

OCDE: lutter contre le réchauffement bénéficie au PIB !

Posté le 29 mai 2017
par Matthieu Combe
dans Environnement

Selon un nouveau rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) , les mesures économiques de lutte contre le changement climatique peuvent booster la croissance économique des pays du G20 à moyen et long terme.

Les pays du G20 représentent 85% du PIB mondial et 80% des émissions de CO2. Traiter simultanément la question du changement climatique et de la croissance économique permettrait d’accroître leur PIB de 1 % d’ici 2021 et 2,8 % d’ici 2050. L’OCDE exhorte les pays du G20 à intégrer les objectifs climatiques dans les réformes pour favoriser la croissance économique.

L’objectif est d’allouer les ressources et les investissements dans le cadre de réformes structurelles pour recentrer ainsi « l’investissement dans les infrastructures à faibles émissions et résilientes face au climat », prévient l’OCDE. Les dispositions nécessaires passent notamment par l’adoption d’une taxe carbone, la réforme des subventions aux énergies fossiles et le recours aux marchés publics pour stimuler l’innovation bas carbone. Par ailleurs, il convient de prendre de nouvelles initiatives pour « verdir » le système financier, comme l’a fait récemment la France en lançant la première obligation verte souveraine.

Il y a mieux. En prenant en compte l’élimination des coûts dus aux externalités négatives du changement climatiques (inondations, tempêtes, etc.), l’augmentation nette du PIB en 2050 est proche de 5% projette l’OCDE. « Loin d’être un frein, l’intégration de l’action climatique à la politique en faveur de la croissance peut avoir un effet économique positif », estime donc Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE dans un communiqué.

Tout retard mènerait à une baisse du PIB

Retarder le passage à l’action entraînerait au contraire une baisse du PIB. Selon le rapport, une action climatique globale ne commençant qu’après 2025 entraînerait une perte de PIB de 2 % en moyenne au bout de dix ans pour les pays du G20. Car cela nécessiterait des mesures plus strictes, prises dans l’urgence, entraînant « des perturbations économiques et environnementales plus profondes », présage l’OCDE.

La plupart des pays du G20 ont sous-investi dans leurs infrastructures ces dernières années. Pour limiter le réchauffement à 2°C en 2100, l’OCDE estime qu’il faudra « des investissements dans les infrastructures de 6 900 milliards USD par an entre aujourd’hui et 2030 ». C’est « seulement 10% de plus qu’une croissance intensive en carbone », calcule l’OCDE. Un surcoût qui serait plus que compensé par les économies d’énergies fossiles permises par ces nouvelles infrastructures moins énergivores. L’OCDE estime ces économies à 1.700 milliards de dollars au total.

Certains pays peuvent être récalcitrants, craignant une récession. C’est notamment le cas des pays exportateurs nets d’énergies fossiles. Mais l’OCDE tient à les rassurer. « ll est possible, en lançant l’éventail d’actions qui convient, de faire en sorte qu’une croissance bas carbone compense les conséquences sur l’économie et l’emploi de la mise en œuvre des mesures d’atténuation », assure-t-elle.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


Pour aller plus loin

Dans les ressources documentaires