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Décryptage

Est-on prêts à se sevrer du pétrole ?

Posté le par Sophie Hoguin dans Énergie

Au coeur de la transition écologique qui a donné son nom au nouveau ministère de l'environnement, on trouve l'idée d'un sevrage possible des énergies fossiles comme le pétrole. Les freins techniques commencent à être levés, qu'en est-il des freins politiques ?

D’un point de vue technologique et organisationnel, de nombreuses études montrent qu’il devient réellement possible de se passer massivement des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) sans pour autant se passer du confort que leur emploi pour l’énergie ou les produits manufacturés a apporté. Depuis quelques années, les ONG environnementales appellent les autorités à opposer une réelle volonté politique et à mettre en place des actions fortes pour amener la France et l’Europe vers un sevrage des énergies fossiles. Le plan climat présenté par Nicolas Hulot et le plan national de bioéconomie sont-il les marquants d’un changement de paradigme ?

La facture des énergies fossiles

Selon les données du ministère la facture énergétique de la France s’élevait en 2016 à plus de 30 Md d’euros. Un chiffre encore élevé même s’il est à la moitié de son niveau de 2012/2013 où il a atteint entre 65 et 70 milliards d’euros. Ceci essentiellement grâce à une baisse du cours des produits pétroliers (-70%) plus que d’une baisse de la consommation (-2%). Les exportations d’électricité ne suffisent pas à compenser cette dépense puisque l’excédent est à peine d’1 Md euros pour 2015-2016. Réduire cette dépendance aux produits fossiles pourrait permettre de substantielles économies, une amélioration de la balance commerciale et un impact carbone moindre. En tout état de cause, ces motivations permettent de justifier la pression accrue vers une sortie de la dépendance aux énergies fossiles.

La bioéconomie, solution miracle ?

La bioéconomie, économie fondée sur l’exploitation optimale des ressources biologiques (principalement biomasse qu’elle soit agricole, forestière, maritime ou issue de co-produits et de déchets) est en plein essor. De nombreuses avancées permettent aujourd’hui la fabrication de produits et substances biosourcées rentables et innovantes (voir dossier du mois de juin). Officiellement lancée en janvier 2017, la stratégie nationale pour la bioéconomie a fait entrer la France dans le cercle des nombreux pays européens qui s’inscrivent dans une volonté politique forte de diminuer leur dépendance au pétrole via un appel massif à la biomasse. L’originalité d’une telle politique tient au fait qu’elle doit unifier et construire une politique en la matière avec toutes les parties prenantes : des producteurs de biomasse aux transformateurs et utilisateurs ainsi qu’à la société civile (ONG environnementales notamment) afin de construire une économie sans pétrole, durable et circulaire. Le plan concret issu de cette stratégie est actuellement en discussion et une version finale doit être présentée mi-septembre.

Cependant, la bioéconomie n’est pas sans risque notamment celui de surexploitation des ressources naturelles ou d’atteinte à la sécurité alimentaire. Comme le soulignait le CESE dans son évaluation présentée en mars 2017 : elle nécessite un contrôle des autorités publiques pour assurer une vision à long terme, des règles stables d’accès aux ressources et d’affectation des sols, l’établissement de critères d’évaluation de la durabilité (environnementale, économique et sociale) tant au niveau local que national.

Un plan climat complémentaire

Le plan climat présenté par Nicolas Hulot le 6 juillet dernier doit donner le ton de ce quinquennat : faire entrer la France dans une économie décarbonée et qui met fin à l’appel massif aux énergies fossiles en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris. Parmi les axes marquants de ce plan on peut ainsi noter : la fin de la commercialisation des véhicules essences et diesel pour 2040 et une production d’électricité sans énergies fossiles poursuivant une réduction de la part du nucléaire et la mise en place d’outils de finance verte et un soutien accru à la recherche scientifique.

Ces différents éléments sont des signes forts d’une volonté politique d’entrer dans une transition écologique. Reste à transformer ces objectifs en actions concrètes. Avec les budgets qui vont avec. Sachant que les « pays du pétrole » et les multinationales de l’énergie sont des lobbyistes puissants qui feront tout pour freiner cette transition tant qu’ils ne seront pas prêts à y trouver leur compte.

Sophie Hoguin

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