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PPE : Le Gouvernement prêt à quelques concessions, le SER à l’offensive

Posté le par Joël Spaes dans Énergie

Le ministre de la Transition écologique et solidaire (MTES), François de Rugy, s’est montré prêt à quelques aménagements de sa copie sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), jeudi 7 février, en introduction de la deuxième journée du XXe colloque du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

Notamment interpellé par Jean-Louis Bal, le président du SER, sur le sujet du biogaz et de l’éolien en mer, deux énergies renouvelables avec le vent en poupe mais parmi les plus maltraitées dans la PPE actuelle, François de Rugy a concédé être prêt « à évoluer sur certains points » ; la concertation en cours pouvant servir comme plate-forme afin d’ajuster les propositions sur la table depuis le 28 janvier dernier.

Néanmoins, il a ajouté qu’« on ne peut pas se disperser à l’infini, surtout s’il y a un coût, cela entraînera un impact sur le budget. »

Sur le gaz renouvelable, ou biogaz, l’ambition fixée dans la PPE fin janvier dernier, est inférieure à celle prévue par la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015. L’objectif fixé est de 7% de biogaz injecté dans le réseau, contre 10% prévus. Le ministre a indiqué que « , oui, le gaz renouvelable a un rôle à jouer, notamment pour éliminer le gaz naturel émetteur de CO2», néanmoins, « aujourd’hui, sa part est de à peine 1% dans le mix gazier. La PPE a peut-être une ambition en baisse en la matière, mais il faut être concret sur la question du coût et du prix, » a insisté François de Rugy. Sur le biogaz, la profession se fixe un objectif expliquant que les coûts vont baisser, mais « je constate aujourd’hui qu’à ce jour nous sommes autour de 90€/MWh, contre 20 €/MWH pour le gaz naturel importé. » Nous sommes favorables à une augmentation du prix du gaz fossile, via la taxe carbone, mais ce ne sera pas suffisant, il faut a minima un croisement des courbes, » juge le ministre. Néanmoins, il est prêt à en discuter avec son homologue de l’Agriculture, tout en rappelant que d’ores et déjà, avec un prix cible de 67 €/MWh à terme, cela signifie un coût pour la collectivité de 9 milliards d’euros.

Sur l’éolien offshore, le ministre a souligné que : « On l’a vu avec l’éolien offshore, si c’est trop cher, la tentation est de tout arrêter, at-il insisté, et cette tentation a existé. » « Tout mettre sur le budget du MTES a ses limites », a-t-il martelé.

Cependant, F. de Rugy a indiqué que si « les coûts sont maîtrisés » et « si cette tendance est affirmée, on pourrait revoir les volumes » contenus actuellement dans la PPE. Et le ministre de conclure : « le propre d’un syndicat (lire, le SER, ndlr) est de porter beaucoup de revendications, mais nous ne pouvons pas répondre à toutes, même si sur certains points, j’y suis prêt et nous y travaillons ensemble. »

Le SER toujours vent debout

Un discours loin d’avoir convaincu ses interlocuteurs du SER, comme l’a montrée la conférence de presse organisée en mi-journée, même si, a souligné J-L. Bal, la réponse du ministre montre une ouverture sur l’éolien en mer, contrairement au biogaz. Pour le biogaz, le président du SER reste confiant, rappelant que « nous avons des alliés dans le mode agricole et dans les régions maritimes ». « Le gouvernement doit donc revoir sa copie, en particulier sur l’éolien flottant. » D’autant qu’entre-temps, il y aura eu les résultats de l’appel d’offres en cours sur Dunkerque, a insisté Bruno Bensasson, PDG d’EDF Renouvelables et vice-président du SER.

J-L. Bal a en effet rappelé que « la PPE souhaitée par le SER pour l’éolien posé et flottant était de 1 000 MW/an, alors qu’actuellement la PPE tourne autour de 600 MW/an avec des années blanches ». Et d’insister : « avec les six parcs déjà engagés lors des deux premiers appels d’offres, cela représente pour la filière un potentiel d’emplois d’environ 15 000 personnes. « En outre, avec Dunkerque, on va tutoyer les prix du marché, et le tarif cible indiqué dans la PPE est de 70€/MWh. Il n’y a donc pas de raison de restreindre le volume sur l’éolien posé ! »

Le flottant est à un niveau d’émergence certes, « mais il va suivre la même courbe de progrès que le posé, martèle J-L. Bal, et on a besoin des volumes des appels d’offre et de prix cibles », sans attendre… au risque que l’avance actuelle de la France en la matière soit récupérée par d’autres à l’international…

Quant au biogaz, Alexandre Troesch, délégué général du SER, a rappelé que le prix de 67€/MWh, cible de la profession, est celui des appels d’offres que le SER appelle de ses vœux, et non le prix final potentiel de cette technologie. J-L. Bal a par ailleurs noté dans son propos introductif de la matinée que sur le dossier du gaz renouvelable, la PPE ne prenait « pas en compte les externalités positives », et la forte dynamique qui entoure ce sujet, qu’il serait dommageable de briser, alors que les acteurs sont mobilisés.

Pour aller plus loin

Posté le par Joël Spaes

Les derniers commentaires

  • Le biogaz est maltraité parce qu’il n’est pas traité. Si Monsieur Bal pense avoir des alliés, la filière méthanisation va trouver en face d’elle de plus en plus d’adversaires déterminés . En effet, sur le terrain rien n’est mis en place par l’Etat pour parer aux dérives d’une méthanisation non raisonnée et protéger l’environnement et les populations riveraines.
    Quand Monsieur Bal dit « biogaz », il faut qu’il pense : « digestats, « odeurs pestilentielles », « surfaces agricoles dédiées », « respect des populations », « fuite de gaz à effet de serre », « fuites de gaz irritants et toxiques ».
    En effet, nous en avons assez de payer, car c’est nous qui payons : subventions, aides, hausse du gaz, nous payons pour mal être et mal vivre. Car c’est ce qui se passe. Vous avez entendu Monsieur Bal « Nous en avons assez ! »
    La méthanisation n’est rentable que grâce aux aides, sans elles c’est une filière qui disparaîtrait d’elle-même…

  • Comme d’habitude un pas en avant deux en arrière ?
    Nous, scientifiques pour une méthanisation raisonnée, attendons toujours une rencontre avec notre ministre pour donner un autre son de cloches. La balance CO2 est pas aussi positive qu’il n’y paraît, tout dépend ce que l’on compte. Nous aimerions un ministre ou des représentants un peu plus au fait des énergies plutôt que de tourner au moindre coup de vent. Qui sont les experts qui guident la PPE ? Des ingénieurs GRDF ?
    Soyons clairs, c’est le contribuable qui finance par ses subventions tous ces développement. Et en contrepartie il n’a rien, même pas une ristourne sur le prix du gaz, au contraire ! Quelle honte
    Les prochaines échéances seront les urnes.
    Sincèrement
    Daniel Chateigner
    Professeur
    Université de Caen Normandie


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