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Les recycleurs relèvent le défi du recyclage des plastiques

Posté le 25 juin 2018
par Matthieu Combe
dans Matériaux

La feuille de route pour une économie circulaire prévoit de "tendre vers 100% de plastiques recyclés" en 2025. Alors que les engagements volontaires des industriels seront annoncés le 2 juillet, la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l'environnement (FNADE) voit déjà plus loin.

À en croire Guy Castelan, chef de projet ACV et développement durable chez PlasticsEurope,  «recycler 100% des plastiques est une vision», comme le zéro accident en entreprise. Il y voit même «une étoile polaire inatteignable». Pour sa part, Philippe Maillard, nouveau Président de la Fnade préfère parler de «recyclage matière et énergétique». Les dernières interventions de Brune Poirson confirment qu’il s’agit plutôt d’une tendance à atteindre qu’un objectif ferme.

Il est vrai que la chaîne actuelle du recyclage des plastiques ne fonctionne pas. Le taux de recyclage des plastiques n’est encore que de 22% en France. Et les nouveaux plastiques mis sur le marché en Europe ne contiennent en moyenne que 7% de matière recyclée. Tendre vers 100% de plastiques recyclés demandera donc des engagements forts, mais également plus de collecte et d’usines.

Augmenter fortement la collecte

Dans un premier temps, pour recycler 100% des plastiques, il faudrait en collecter 100%. Le décret 5 flux qui oblige les entreprises à trier papier/carton, métaux, plastiques, verre et bois n’est que trop peu respecté. La Fnade demande des outils de suivi, de contrôle et des pénalités pour mieux faire respecter la loi. Par ailleurs, la collecte reste trop faible dans les centres urbains denses et hors-foyer. Notamment, la collecte dans les centres-villes doit devenir une priorité. Ainsi, les initiatives telles que TriLib à Paris et les Points Tri à Marseille doivent être multipliées.

La feuille de route pour l’économie circulaire prévoit la mise en place de consignes solidaires, malgré l’opposition de certaines collectivités qui craignent des pertes économiques. Carlos de Los Llanos, directeur scientifique de Citeo, veut les rassurer : toutes les nouvelles solutions (apports volontaires, kiosques, machines de tri…) viennent en complément de la collecte, et non en substitution. Il apparaît en effet que les automates attirent de nouveaux citoyens vers le geste de tri. D’après des retours d’expériences, le fait de donner ne serait-ce qu’un centime en bon d’achat dans un automate de collecte fait que les personnes ont plus confiance dans le recyclage.

Des engagements volontaires insuffisants

La Fnade demande des soutiens pour investir dans l’outil industriel. «Quand on fait le calcul de l’investissement nécessaire pour atteindre l’objectif de 100% des plastiques valorisés, cela représente 2 milliards d’euros», projette Jean-Marc Boursier, président sortant de la Fnade. Or la feuille de route économie circulaire ne prévoit aucune aide au financement et le secteur privé n’investira pas sans débouché.

L’Ademe développe donc l’intégration des matières recyclées dans les nouveaux produits avec ses appels à projet «Objectif Recyclage Plastiques» (Orplast). Une centaine de projets sont soutenus, à hauteur de 30 millions d’euros. Ils visent à canaliser environ 300.000 tonnes supplémentaires de déchets plastique vers les recycleurs d’ici trois ans. «Avec 300.000 tonnes supplémentaires, cela fera passer le taux d’incorporation de matières recyclées dans le vierge de 7% à 13%», calcule Jean-Marc Boursier. Ce qui reste loin des objectifs de la feuille de route. «Si l’on veut aller au-delà, il faudra que l’Europe et la France prennent des engagements, avec des quotas d’incorporation obligatoires», insiste-t-il.

La ligne de la Fnade est claire : si les engagements volontaires sont insuffisants, elle demandera de mettre en place des obligations d’incorporation de plastiques recyclés dans certains produits. Et ce, pour les quatre principales résines employées, soit 80 % des 5 millions de tonnes de plastique consommés annuellement en France. «La Fnade pense qu’il est raisonnable de prévoir 10 % en 2020 et 25 % en 2025», avertit Jean-Marc Boursier.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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