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Cette serrure s’ouvre à l’aide d’une clé lumineuse

Posté le 6 février 2018
par Frédéric Monflier
dans Innovations sectorielles

La serrure de la start-up Havr troque le signal Bluetooth, jugé trop vulnérable, pour une clé encodée dans le flash du smartphone.

Les serrures connectées traînent la réputation d’être vulnérables aux tentatives de piratage, et la nature même de leur protocole de communication est parfois en cause. «Les transmissions radiofréquence comme le Bluetooth, le RFID et le NFC émettent à 360° et sont susceptibles de traverser les murs, constate Alexandre Ballet, directeur technique et cofondateur de la société Havr, née en novembre dernier. De fait, les opportunités d’intercepter le signal s’accroissent. C’est d’autant plus vrai que, dans le cas du Bluetooth, la portée grandit sans cesse.»

C’est l’idée qui a motivé la création de Havr et de sa serrure connectée d’un nouveau genre : la «clé» est transmise par l’intermédiaire d’un signal lumineux, qui a l’avantage d’être directionnel et ne risque pas de passer outre une cloison. Le flash du smartphone, et non plus sa puce Bluetooth, est mis à contribution pour ouvrir la serrure, à une vingtaine de centimètres de distance. «Le code est modulé dans le signal lumineux du flash, décrit Alexandre Ballet. Bien que la fréquence des flashs soit limité à environ 50 hertz, ce code-morse est assez rapide pour ne pas être déchiffrable à l’oeil nu. Il sert à authentifier l’utilisateur et l’appareil employé.»

Code à usage unique

Toutefois, le code en question pourrait être enregistré par une caméra puis reproduit. Mais une parade a été mise au point. «Ce code est à usage unique et renouvelé à chaque utilisation, explique Alexandre Ballet. Il est engendré de manière automatique et symétrique par l’application iOS/Android du smartphone et par la serrure. Un signal qui serait répété n’est donc plus valide. La serrure, du côté intérieur de la porte, est équipée d’une LED modifiée afin de capter ce code lumineux et d’indiquer en retour si la procédure d’authentification a réussi ou non. Le signal est relayé par une fibre optique traversant le cylindre.»

Si la serrure est connectée au WiFi, elle l’est de manière intermittente. «La connexion Internet n’est activée que lorsque une mise à jour de la liste des accès est nécessaire (nouveaux accès, modification des accès existants…), précise Alexandre Ballet. L’absence de connexion permanente diminue à la fois le risque de piratage et la consommation énergétique. La puce WiFi est mise hors veille grâce au réseau Sigfox. Nous envisageons de coupler les technologies Sigfox et LoRa pour maximiser la couverture géographique.»

Pour le particulier et l’entreprise

Le moteur et les composants électroniques sont alimentés par deux piles CR2, dont l’autonomie serait de six mois, moyennant dix cycles d’utilisation par jour. Le changement du cylindre de la porte est requis, contrairement à la serrure de l’autrichien Nuki par exemple, mais l’opération est simple a priori pour quiconque sait manier un tournevis. L’accéléromètre intégré est utile en temps normal pour notifier l’utilisation de la porte et aussi pour détecter des tentatives de forçage ou de perçage.

Cette serrure devrait être livrée avec une licence gratuite pour cinq utilisateurs, et payante au-delà via un abonnement. La start-up Havr cible le marché du particulier et aussi celui de l’entreprise. «Les espaces de co-working et les bureaux sont des débouchés possibles, estime Alexandre Ballet. Et de manière générale, partout où le flux de personnes et la gestion de clés induisent une logistique importante.» La commercialisation est prévue à la fin de l’année, à un prix aux alentours de 300 €.

Frédéric Monflier


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