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Reportage

Turfu Festival : zoom sur un projet robotique open source et une intelligence artificielle

Posté le par Frédéric Monflier dans Insolite

A la manière des «living labs», le Turfu Festival de Caen, dont la troisième édition vient de s'achever, encourage le grand public à prendre part aux innovations de demain.

Imaginer ensemble le futur : c’est la devise du Turfu Festival, dont la troisième édition s’est tenue de 2 au 7 octobre dernier à Caen. «Et l’on parle  du futur qui arrive demain, pas dans 20 ans» précise François Millet, co-inventeur avec Jérôme Caudrelier de ce festival dont l’approche est singulière. Le mot «ensemble» n’est pas anodin en effet, car l’évènement incite à la participation de tous, sur la base du modèle instauré par «les living labs » : citoyens, étudiants, chercheurs, artistes et industriels sont conviés toute la semaine à une quinzaine d’ateliers et partagent leurs réflexions pour améliorer des projets plus ou moins avancés (voir deux exemples ci-dessous).

«Ces ateliers sont des outils extraordinaires pour changer la médiation de la culture scientifique et technique entre des publics qui se parlent peu, confie François Millet. Le grand public n’est plus passif et peut se montrer critique.» Plusieurs grands enjeux de notre époque ont été au centre des discussions : mobilité, santé et handicap, intelligence artificielle, énergie hydrogène, etc. A en juger par le nombre de participants, passant de 450 l’année dernière à 600 cette année, cette nouvelle édition a rencontré le succès. Et si jamais une découverte géniale venait à surgir de ces immenses séances de brainstorming, nul ne doit pouvoir en tirer profit. «C’est la règle du jeu, indique François Millet. Les propositions faites ici sont documentées et demeurent dans le domaine public, accessibles à tous.»

Farmbot, le robot-maraîcher en quête d’autonomie

Farmbot est un projet robotique open source dont les prémices remontent à 2011, aux Etats-Unis. Objectif : élaborer un robot déconnecté de la production intensive, capable de cultiver de manière autonome un jardin potager. «Farmbot possède une tête aimantée et va chercher l’outil approprié à la fonction, explique Matthieu Debar, chargé de développement au sein du Dôme. Il repère les mauvaises herbes à l’aide d’un endoscope, les élimine en les enterrant, sème grâce à une pompe à vide pour aspirer les graines puis les arrose… Il peut également tester l’hygrométrie du sol si besoin. La base étant ouverte, l’instrumentation est libre. L’économie du produit est basée sur la vente du kit, le département R&D est mondialisé.»

Pendant le festival, les participants ont réfléchi aux moyens de gommer ses faiblesses pour qu’il fonctionne en parfaite autonomie. «Farmbot doit en effet être relié aux réseaux d’énergie et d’eau, en plus d’être raccordé à un serveur informatique, précise Matthieu Debar. Une hypothèse de travail serait de le munir d’une toiture assortie de panneaux solaires et d’un dispositif de récupération d’eau. Un mètre-carré de panneaux solaires suffit à fournir l’alimentation de 2,5 ampères nécessaire.» Avec l’appui de la Chambre d’agriculture de Normandie, 20 sites expérimentaux sont prévus. Un exemplaire est déjà installé dans un fab lab rural, cinq autres sont déployés dans des établissements pour l’enseignement. Selon Matthieu Debar, «c’est un outil pédagogique qui promeut la culture de l’open source et implique de nombreux corps de métiers : informatique, robotique, agriculture, horticulture, chaudronnerie…»

 

©clementineandre

Phebe centralise les services pratiques à bord de la voiture

Le projet Phebe vise à installer une intelligence artificielle conversationnelle, semblable à celles proposées par Google ou Amazon, mais dans la voiture. «Phebe a pour vocation de fluidifier la mobilité, indique Jérôme Caudrelier, associé à l’entreprise et par ailleurs co-fondateur du festival Turfu. Elle vous aide à trouver une place de parking, vous y conduit et paye automatiquement la place. Nous testons la possibilité de payer de la même façon le carburant délivré par des pompes de l’industriel Tokheim, dans des magasins Leclerc. Nous travaillons sur des APIs pour que Phebe puisse aussi interagir avec des services d’assistance. Nous concevons des usages plutôt à l’échelle locale.» Pour accomplir tout cela, Phebe est un petit boîtier bardé de capteurs – lecteur d’empreinte digitale, accéléromètre, GPS, gyromètre… – et connecté au réseau 4G, via une carte SIM multi-opérateurs et prépayée.

Cet assistant communique aussi via Bluetooth et possède plusieurs micros pour écouter distinctement les consignes du conducteur. Mais Phebe peut tout aussi bien prendre l’initiative de la parole, si elle constate de forts ralentissements, afin de proposer la consultation de l’info trafic. «On revendique même l’idée que notre assistant puisse faire la moue» poursuit Jérôme Caudrelier. Les interactions et les façons de s’adresser à une telle IA faisaient partie des thématiques abordées dans les ateliers lors du festival, outre la problématique du traitement des données à caractère privé. Phebe devrait être expérimentée dans des conditions réelles l’année prochaine, à bord de plusieurs centaines de voitures dans la région normande. La commercialisation est prévue fin 2019, auprès des particuliers et des entreprises qui gèrent des flottes de véhicules.

Par Frédéric Monflier

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Posté le par Frédéric Monflier


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