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Décryptage

Une pénurie mondiale de disques durs, provoquée par les inondations en Thaïlande

Posté le par La rédaction dans Informatique et Numérique

Les inondations historiques qui frappent la Thaïlande depuis juillet dernier ont paralysé de nombreux secteurs industriels, notamment celui des disque durs informatiques, dont près de la moitié de la production mondiale était assurée par la Thaïlande.

Le constat est le même un peu partout, des grandes enseignes informatiques aux célèbres détaillants de la rue Montgallet à Paris : le prix des disques durs a sensiblement augmenté (il a parfois même doublé), et la rupture de stock n’est souvent pas loin. « Les disques durs d’une capacité de stockage d’un téraoctet se trouvaient à 70 € il y a un mois et demi. Aujourd’hui, on les vend entre 120 et 160 € ! », explique Gauthier Picquart, co-fondateur du site Internet Rueducommerce.com. En cause, les dramatiques inondations en Thaïlande.

Alors qu’elle a fait plus de 500 morts depuis juillet dernier, et que les dégâts sont estimés à près de 1 300 milliards de bahts (environ 31,5 milliards d’euros), la catastrophe a paralysé la production de nombreuses usines du nord du pays. Sept parcs industriels et 15 000 usines ont été fermés, parmi lesquelles de nombreuses usines spécialisées dans l’électronique, qui ont fini… dans l’eau.

La Thaïlande, alternative à la Chine

Un grand nombre de sociétés étrangères (allant du textile à l’électronique, en passant par le secteur automobile) implantées en Thaïlande, sont très touchées telles Samsung, Pioneer, Canon, Ford, Mitsubishi, Toyota, Honda et Panasonic en tête. C’est aussi le cas des géants mondiaux du disque dur, Seagate, Toshiba, Hitachi et surtout l’Américain Western Digital, leader mondial avec près de 50 % de parts du marché mondial. La Thaïlande représente en effet une alternative à la Chine car la main d’œuvre y est bon marché, alors que de nombreux maillons de la chaîne de production des disques durs y sont déjà présents.

Un manque de 60 millions de disques durs

Bien que l’une des usines du site de Bang Pa-In, une zone industrielle au nord de la capitale thaïlandaise, ait redémarré la production le 30 novembre dernier, après plus d’un mois sous deux mètres d’eau, les autres bâtiments du site n’en sont qu’au stade de la réparation des machines et de la remise en état des lieux. Pire, d’autres sites du fabricant Western Digital restent inondés. L’eau restante devrait être drainée en partie dans moins d’une semaine, ce qui permettra aux autres usines de redémarrer après une phase de nettoyage et de lourds travaux , afin d’assurer la reprise complète de la production, espérée pour le prochain trimestre.

À la fin de l’année 2011, période de fêtes oblige, la demande en disques durs devrait être approximativement de 180 millions, alors que le secteur table sur près de 120 millions d’unités livrées, soit 60 millions d’unités manquantes. 60 % des disques durs de Western Digital étaient produits en Thaïlande, ce qui explique le recul de la production mondiale de disques, estimé lui à 30 %. Western Digital aurait chiffré le préjudice subi, pour le seul dernier trimestre 2011, entre 225 et 275 millions de dollars.

Un quart de la production mondiale de sliders

Une des usines Western Digital du site de Bang Pa-In était responsable du quart de la production mondiale d’une toute petite pièce indispensable à tout disque dur : le « slider », qui permet d’assurer la lecture et l’écriture des données sur le disque. Les Américains doivent donc pour le moment se fournir chez d’autres fabricants. Certains constructeurs de disques ont même d’ores et déjà relocalisé une partie de la production en dehors du royaume. Le Japonais Nidec, pesant plus de 70 % du marché mondial des moteurs de disques durs, connaît lui aussi de grandes difficultés avec ses usines thaïlandaises.

Les conditions extrêmes et strictes de l’assemblage d’un disque dur ne simplifient pas la donne : salles « blanches » d’assemblage, où la concentration particulaire est maîtrisée, humidité contrôlée au plus près… Le prix des disques durs externes, des ordinateurs de bureau comme celui des ordinateurs portables, risque donc de souffrir, un temps, de ces inondations, alors que certains observateurs y voient déjà la fin de l’ordinateur « bon marché ».

Par Rahman Moonzur

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