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Uramin : Lauvergeon mise en examen

Posté le par La rédaction dans Entreprises et marchés

Anne Lauvergeon, entendue par les juges Renaud Van Ruymbeke, Charlotte Bilger et Claire Thépaut, a été mise en examen le vendredi 13 mai dans l’affaire Uramin. Elle est soupçonnée de présentation et publication de comptes inexacts et diffusion de fausses informations. Elle a été placée sous statut de témoin assisté pour le chef d'abus de pouvoir.

Un vendredi 13 mai pour les superstitieux. Alors que François Hollande se trouvait en visite officielle en Centrafrique, pays concerné par le dossier Uramin, Anne Lauvergeon était mise en examen à Paris. Cette société, rachetée à prix d’or par Areva en 2007, s’est avérée être un véritable fiasco industriel. Au point que certains doutent de l’intégrité de certains membres de la direction d’Areva, à commencer par son ancienne présidente, « Atomic Anne ».

Les faits

Areva rachète en juillet 2007 la société canadienne Uramin qui détient des gisements de Centrafrique (Bakouma), de Namibie (Trekkopje) et en Afrique du Sud (Ryst Kuil) pour la coquette somme de 2,5 milliards de dollars. Toute l’opération d’acquisition est menée par un banquier belge, Daniel Wouters, qui aurait été présenté à Areva par Olivier Fric, le mari d’Anne Lauvergeon. Ce dernier aurait également pris part à la transaction et en aurait bénéficié financièrement. C’est pourquoi les juges d’instruction l’ont également mis en examen, pour « blanchiment et délit d’initié ».

Les géologues d’Areva se rendent finalement comptent que le potentiel annoncé de ces mines a été sur-évalué, avant de conclure tout bonnement à leur non-rentabilité pour cause géologique ou en raison du coûts prohibitifs des techniques à mettre en œuvre. Selon nos confrères de Mediapart, une enquête, diligentée en 2010 par Gérald Arbola, numéro deux du groupe, et réalisée par Marc Eichinger, responsable d’une petite société de renseignement, a abouti à la conclusion qu’« Areva pourrait avoir été victime d’une escroquerie lors du rachat d’Uramin ».

Or, loin d’abandonner, la direction du groupe se serait opposée à de nombreuses reprises à déprécier ces actifs pour favoriser une éventuelle entrée d’un partenaire chinois (en vain), et ne pas précipiter le groupe dans une crise largement entamée par les chantiers EPR français et finlandais, tous deux largement hors coûts et délais, et la chute des cours de l’uranium en 2011 suite à l’accident de Fukushima. Or, Anne Lauvergeon est en guerre ouverte avec le pdg d’EDF de l’époque, Henri Proglio, pour le contrôle de la filière. Une opposition qui a conduit pour beaucoup à l’échec nucléaire d’Abou Dhabi la même année.

Guéant mis en cause

Anne Lauvergeon a gardé la même ligne de défense depuis le début des révélations. Elle assume la stratégie industrielle et réfute l’idée que ces mines ne valaient rien. Elle estime être victime d’un coup monté pour l’empêcher devenir le chef de file du nucléaire français et de déstabiliser Areva. Lors de son audition par les juges, elle aurait affirmé avoir pris connaissance d’une note confidentielle évoquant des échanges secrets entre Sébastien de Montessus, le directeur de la branche mines d’Areva de l’époque, et Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée. Et l’ancienne patronne d’Areva d’évoquer un « projet de filialisation de la branche mines d’Areva, puis d’une introduction en Bourse, pour une privatisation » au rabais destinée à des investisseurs qataris…

Par Romain Chicheportiche

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Posté le par La rédaction

Les derniers commentaires

  • N’oublions pas que c’est Mitterrand …

    … qui a éduqué Lauvergeon dès son plus jeune âge, sur tous les plans, mais qu’ensuite, tonton étant monté au ciel, ce sont Jospin et Strauss-Kahn qui l’ont placée en 1999 à la tête de Cogema en remplacement de Jean Syrota.
    Une fois purgée cette belle compagnie minière de tous ses forts caractères et compétences historiques pour les remplacer par des obligés, pour bon nombre enâge de la couche-culotte, elle a reproduit ce même mode opératoire chez Framatome NP, hérité en 2001 par fusion dans Areva, pour exercer sa mégalomanie maladive, hors de tout contrôle,..

    Jusqu’à ce que Sarkozy en 2011…

    Débute alors une autre histoire, guère plus reluisante, avec des managers proclamés dirigeants, plus ignorants les uns que les autres de la réalité des métiers de chaudièriste. Tous pour ainsi dire aspirants parachutiste dans l’âme, et se tenant par la barbichette du silence, ils ont dissimulé au fil des ans l’accumulation de plus de 5 milliards de perte.
    Cet aveu tardivement fait en 2015, la curiosité de l’actionnaire principal étant quasiment nulle, n’est que la partie émergée –la partie financière- d’une catastrophe également technologique. La disparition naturelle ou forcée des compétences humaines n’a été gérée qu’à force d’une myriade de procédures impersonnelles, informatisées, bref décérébrées.
    Le résultat en est aujourd’hui dans une dégradation des produits fabriqués et services rendus sur le marché.
    Raison pour laquelle les électriciens font le leur de plus en plus auprès des concurrents d’Areva. Y compris EDF.
    Mais faut-il les en blâmer ?


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