Décryptage

Vie sur Mars : traces du passé, espoirs futurs ?

Posté le 12 février 2016
par Sophie Hoguin
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Deux annonces viennent éclairer les possibilités de vie passées et futures sur Mars. D'une part, des traces géologiques signant une activité microbienne passée et d'autre part, des champignons capables de résister à des conditions similaires à celles régnant sur cette planète actuellement.
Vue rapprochée des dépôts de silice lobée prise par le rover Spirit – Crédit: NASA/ JPL-Caltech

Des choux-fleurs sur Mars ! C’est ainsi que le buzz s’est fait sur la toile. Mais bien évidemment il ne s’agit pas de notre crucifère… Seulement de petites structures de silice qui ont pris des formes faisant penser à des choux-fleurs que le rover Spirit a photographié en 2008 et 2009 sur Mars. Deux chercheurs de l’université d’Arizona, Steven Ruff et Jack Farmer, ont trouvé frappantes les ressemblances entre ces structures et celles observées dans des sources chaudes du désert de l’Atacama au Chili. Or ces structures sont façonnées sur Terre grâce à une activité microbienne.

Une activité hydrothermale idéale

Spirit a débarqué sur Mars dans le cratère Gusev dont on attribue de manière avérée certaines structures géologiques à une activité hydrothermale d’origine volcanique. Dès 2008 Steven Ruff émet l’idée que l’on pourrait détecter des formes de vies microbiennes dans cette région. Malheureusement Spirit n’est pas équipé pour les analyses adéquates. Cependant, les dépôts de silice lobée dont l’origine n’est pas encore expliquée de manière formelle semblent en tout point semblables à celles trouvées sur Terre, y compris par leur signature spectrale infrarouge. Or ces structures apparaissent sur Terre grâce à une présence microbienne qui laisse ainsi sa marque. Ces dépôts constituent en quelque sorte des  « microstomatolites » dont on trouve des exemplaires dans la plupart des sites hydrothermaux terriens, en premier lieu desquels El Tatio à 4000m d’altitude, dans le désert d’Atacama au Chili. Mais, pour confirmer totalement cette hypothèse, il faudrait des analyses in-situ ou des échantillons rapportés de Mars. On attend donc avec impatience, les résultats des prochaines missions telles que ExoMars 2016-2018, ou Mars 2020 pour en être sûrs.

La vie est-elle possible aujourd’hui sur Mars ?

Oui ! répondent des expériences menées par l’Esa sur la station spatiale internationale.

Le module Expose-E permet de soumettre des organismes à des conditions spatiales. Il est situé à l’extérieur du laboratoire européen Columbus de l’ISS. Crédit : ESA.

La plateforme expérimentale Expose-E de l’ESA accueille depuis plusieurs années des expériences sur le développement du vivant dans des conditions spatiales au sein du laboratoire Columbus. Les études menées au sein d’Expose-E continuent de fournir d’importants indices sur la possibilité de trouver des traces de vie actuellement sur Mars. Ainsi, les dernières recherches montrent que des champignons provenant de l’Antarctique et des lichens issus de milieux extrêmes européens, sont capables de se développer dans les conditions régnant aujourd’hui sur la planète rouge.

Dix-huit mois de tests

Plusieurs échantillons de micro-organismes ont été testés : deux espèces de champignons (Cryomyces antarcticus et Cryomyces minteri) et deux de lichens (Rhizocarpon geographicum et Xanthoria elegans). Les différents échantillons ont été plongés dans des conditions similaires à celles régnant sur Mars pour une partie (reproduisant la pression atmosphérique, la composition de l’atmosphère, et les rayonnements ultraviolets) et dans des conditions spatiales pour d’autres. Résultats : 60% des cellules de champignons ont réussi à préserver leur ADN ou à rester intacts et un peu moins de 10% ont réussi à former des colonies dans les conditions martiennes. Quant aux lichens, quelles que soient les conditions appliquées 70 à 84% sont restés viables après leur retour sur Terre !

Sophie Hoguin


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