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Avec Trump, l’Australie se met à douter de son pacte militaire avec les Etats-Unis

Posté le par AFP

Avant ses législatives du 3 mai et depuis que l’imprévisible Donald Trump est revenu au pouvoir, l’Australie se met à douter d’un pacte militaire scellé en 2021 avec Washington et Londres, censé juguler l’influence de la Chine dans le Pacifique.

Pourtant, cette alliance tripartite Aukus — que Canberra a conclue dans le dos de la France pour lui préférer des sous-marins américains à propulsion nucléaire pour 210 milliards d’euros — fait toujours consensus bipartisan entre le Premier ministre sortant de gauche Anthony Albanese et son rival conservateur Peter Dutton.

Même si M. Albanese a qualifié de « geste indigne de la part d’un ami » les droits de douane de 10% imposés par le président américain.

Reste que pour l’ancien chef de gouvernement conservateur australien Malcolm Turnbull (2015-2018), « Aukus est un accord calamiteux, si injuste pour l’Australie ».

Donald Trump « devrait se dire: mais qui sont les imbéciles qui ont approuvé ceci? », a ironisé récemment M. Turnbull, dont le successeur Scott Morrison (2018-2022) avait signé le 15 septembre 2021 ce retentissant Aukus avec le président américain d’alors Joe Biden et le Premier ministre britannique de l’époque Boris Johnson.

– Coup de poignard –

A l’époque, ce fut un véritable coup de poignard infligé à Paris, trahie par Canberra qui avait alors brutalement annulé un mégacontrat pour 12 sous-marins conventionnels français qui auraient été construits en Australie.

A la place, Aukus prévoit la fourniture à partir de 2040 d’une flotte de sous-marins furtifs à propulsion nucléaire d’un coût total sur 30 ans de 370 milliards de dollars australiens (235 milliards de dollars américains, 208 milliards d’euros).

Le contrat perdu par le français Naval Group aurait coûté quatre fois moins cher.

La Chine, grande rivale des Etats-Unis et de ses alliés dans le Pacifique, a dénoncé ce pacte militaire tripartite comme une menace sur sa sécurité nationale.

En campagne pour les élections législatives du 3 mai, M. Albanese a défendu l’Aukus.

Il a nié tout retour en arrière en matière de défense et considéré que l’impétueux Donald Trump, qui a déclenché une guerre commerciale contre le reste du monde, y compris ses alliés, ne déchirerait pas un pacte militaire qui « est dans l’intérêt des Etats-Unis ».

Et même si l’Aukus est l’oeuvre du prédécesseur honni de Donald Trump, le démocrate Joe Biden (2021-2025).

– « Jamais rencontré » Trump –

De même le candidat conservateur Dutton, qui n’a « jamais rencontré » Donald Trump, a assuré lors d’un débat électoral mi-avril que l’Australie « faisait confiance aux Etats-Unis ».

« Nous avons toujours été aux côtés de l’Amérique dans chaque conflit. C’est une relation exceptionnelle », a-t-il souligné.

Mais des critiques sont plus sceptiques.

Elles redoutent que les chantiers navals américains mettent des années à construire les sous-marins pour l’Australie, alors qu’ils peinent déjà à fournir la marine des Etats-Unis.

Ce qui a fait dire à un autre ex-Premier ministre, Paul Keating (1991-1996), que le « gouvernement (australien) s’est vendu aux Etats-Unis ».

De fait, depuis que Donald Trump a bouleversé en 100 jours l’ordre économique et géopolitique mondial, la confiance de l’opinion publique australienne en son « meilleur ami » américain est en berne.

– Méfiance en hausse –

« La méfiance des Australiens envers les Etats-Unis est en forte hausse », résume Ryan Neelam, qui dirige une enquête annuelle de l’institut Lowy sur la politique étrangère du géant d’Océanie.

Seulement 36% des Australiens interrogés font confiance aux Etats-Unis, soit une chute de 20 points depuis que Donald Trump a été investi le 20 janvier.

Du jamais-vu en 20 ans selon M. Neelam, qui y voit une « forte désapprobation des nombreuses politiques » du milliardaire américain ultraconservateur.

Et Michael Green, à la tête du centre d’études australien sur les Etats-Unis, reconnaît qu’il existe de « l’angoisse en Australie quant à savoir si l’Aukus peut survivre à Trump. Car rien ne semble sacré pour lui ».

Cet ancien conseiller à la Sécurité nationale en Australie ne pense toutefois pas que « l’administration Trump va dévier de sa route après que tant d’efforts ont été déployés » pour maintenir cette alliance indéfectible, de la Seconde Guerre mondiale aux guerres en Irak.

D’autant qu’il n’y a pas vraiment d' »alternative », conclut M. Green.

sft/djw-nr/tmt

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