Bouger chaque jour, se peser régulièrement, respecter son traitement, limiter le sel: quatre réflexes à adopter par les insuffisants cardiaques sont au coeur d’une nouvelle campagne de l’Assurance maladie, qui mise plus que jamais sur la prévention dans un contexte d’économies budgétaires.
« C’est une maladie très grave, qu’on saurait mieux détecter si les signes d’alerte étaient mieux repérés, mais avec laquelle on peut vivre plus longtemps en bonne santé si on adopte de bons comportements », a expliqué la directrice déléguée de la Cnam, Marguerite Cazeneuve, lors d’une conférence de presse mardi.
L’insuffisance cardiaque affecte au moins 1,5 million de personnes en France, et sa prévalence devrait augmenter de 25% tous les quatre ans. Cette pathologie, à l’origine de 70.000 décès par an, est jusqu’ici la première cause d’hospitalisation chez les plus de 65 ans.
Si cette maladie affecte surtout des seniors, son incidence augmente avant 55 ans en raison d’autres facteurs de risques, comme le diabète, l’obésité, le tabagisme ou la sédentarité.
La nouvelle campagne, lancée avant la Journée mondiale du coeur du 29 septembre, est centrée sur les témoignages de deux femmes et deux hommes incarnant chacun un bon réflexe.
Elle est déclinée en vidéos sur le site de la Cnam, en dépliants ou en affiches pour les cabinets des généralistes, et accompagnée notamment d’informations spécifiques pour les soignants.
Pour renforcer le coeur et se sentir mieux, il est recommandé 30 minutes d’activité physique chaque jour (marche, vélo, danse, jardinage ou encore ménage).
Se peser au moins deux fois par semaine, voire tous les jours selon les consignes, est préconisé pour détecter une prise de poids rapide, signe d’une aggravation de la maladie.
– « Gagnant-gagnant » –
Respecter le traitement est également crucial.
« Quand j’ai été hospitalisée, j’ai fait une décompensation, je ne pouvais plus monter deux marches et je venais d’accoucher. Grâce à la rééducation cardiaque, au traitement -un an pour trouver le bon-, je suis passée de 20% de fonctionnement de mon coeur du côté gauche à 50% », a raconté, des larmes dans la voix, Julie Beaudoux, 38 ans, diagnostiquée il y a deux ans.
Pour éviter la rétention d’eau et réduire le risque d’élévation de la tension artérielle, il est aussi conseillé de limiter le sel à 6 grammes quotidiens.
Contraint à 4 grammes, Pascal Lhorte, 56 ans, a détaillé ses nouvelles habitudes avec surtout des plats qu’il cuisine à l’avance et relève avec « des herbes aromatiques, des épices, des fumets de champignon ».
Au-delà des bons réflexes, Julie Pompougnac, psychologue au centre de référence des amyloses cardiaques à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), a insisté sur l’intérêt d’un accompagnement psychologique.
A l’annonce de son insuffisance cardiaque, le patient va « devoir faire le deuil de lui-même en bonne santé » et parfois se retrouver dans le déni, voire la sidération ou la dissociation, a-t-elle décrypté. Le choc passé, il devra composer avec cette maladie chronique et évolutive.
Assurant que « la prévention est centrale pour l’Assurance maladie » et dans les « investissements qu’on va continuer d’amplifier », la numéro deux de l’institution a souligné que « ce qui coûte cher au système de santé, ce sont les pathologies chroniques et graves, et c’est gagnant-gagnant que les patients soient diagnostiqués le plus tôt possible » et mieux suivis.
Dépistages plus précoces, nouvelles prérogatives pour certains paramédicaux, maîtrise des prescriptions, lutte contre la fraude: l’Assurance maladie avait livré 30 propositions pour freiner ses dépenses et économiser 1,56 milliard d’euros en 2025 dans son rapport annuel sur les dépenses de santé.
Il y a deux ans, la Cnam a lancé une première campagne sur l’insuffisance cardiaque axée sur quatre signaux d’alerte (essoufflement inhabituel, prise de poids rapide, oedèmes des pieds et des chevilles, fatigue excessive).
Et des outils ont été déployés pour aider les soignants à développer des parcours de soin territorialisés.
« Jusqu’à récemment, les gens arrivaient aux urgences en insuffisance cardiaque, étaient pris en charge en cardiologie ou gériatrie et ressortaient sans parcours identifié », a expliqué Emmanuelle Berthelot, présidente du groupe Insuffisance cardiaque de la société française de cardiologie.
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