Peinant parfois à briller face à ses prestigieuses voisines de Paris et Milan, la Fashion week de Londres s’est offert un coup de projecteur pour son lancement jeudi avec une performance électrique de la star de l’été Charli XCX, lors d’une soirée du géant du prêt-à-porter bon marché H&M.
Pour cet évènement, « le plus convoité » de la semaine de la mode selon les médias britanniques, la marque suédoise de fast fashion a transformé un stade sportif de l’est de Londres en gigantesque club, et s’est offert la présence de la chanteuse britannique Charli XCX, à deux jours du lancement de sa tournée mondiale à guichets fermés.
H&M a dévoilé sa collection automne-hiver 24 avec une chorégraphie de danse contemporaine habitée au lieu d’un défilé, avant de céder la place à une performance de la chanteuse, dont la musique hyper-pop est née dans les « raves » de Londres, devant un public déchaîné.
La marque suédoise de fast fashion avait déboulé dans le calendrier de la Fashion week printemps-été 2025 à peine un mois avant le début des 48 défilés, prévus jusqu’à mardi, et a fait de la pop star britannique l’un des visages de sa collection.
Son album hyper-pop « Brat » (« sale gosse »), ode aux fêtes chaotiques et reflet des questionnements d’une génération, a donné le ton de l’été – rebaptisé « brat summer » pour l’occasion. Le vert néon de sa pochette a orné les tenues, campagnes de pub et même le compte X de la candidate américaine Kamala Harris.
En plus des invités triés sur le volet, une poignée de fans et de clients de la marque avaient réussi à obtenir leur entrée pour cette soirée gratuite.
C’est une collaboration « excitante », avait souligné Caroline Rush, la directrice du British Fashion Council (BFC), qui organise la Fashion week et s’efforce de maintenir Londres sur la carte de la mode, alors que des créatrices britanniques stars comme Stella McCartney ou Victoria Beckham défilent à Paris.
– Mode « seconde main » –
Par un hasard du calendrier, la plateforme eBay et l’organisation caritative Oxfam, en collaboration avec le site lituanien de vente d’articles d’occasion Vinted, organisaient toutes les deux des défilés juste avant celui du géant de la fast-fashion, uniquement avec des vêtements de seconde main.
Dans une salle aux hautes colonnes de béton dans l’ouest de la capitale, les modèles du show d’Oxfam – la mannequin Eunice Olumide ou l’acteur George Robinson (« Sex Education ») – sont apparus dans des pièces chinées dans les entrepôts de l’ONG.
Sur le podium, des pantalons évasés à carreaux, robes en velours, manteaux en laine et sacs en cuir, trésors chéris d’une autre époque.
« Nous voulons aller contre les idées reçues: la mode de seconde main peut être abordable et élégante », a affirmé Marianne Gybels, du site Vinted.
La créatrice et activiste britannique Katharine Hamnett, 77 ans, a clôturé le show avec l’un de ses célèbres tee-shirts, portant le message « No more fashion victims » (« Plus de victimes de la mode »), 40 ans après son défilé lors de la première Fashion week de Londres en 1984.
L’ONG Collective Fashion Justice pointe dans un récent rapport qu’à peine 3,39% des 206 marques membres du British Fashion Council (BFC) se sont fixé un objectif de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Certains influenceurs mode ont déploré sur TikTok que la présence du géant H&M au milieu de marques souvent indépendantes ne s’accompagne pas de « vrais progrès » sur la qualité de ses vêtements.
Le numéro deux mondial de l’habillement, qui tente de monter en gamme face à la concurrence agressive de « l’ultra fast fashion » de chaînes comme Shein, avait récemment assuré de son côté faire des efforts pour « réduire sa dépendance au polyester », matière synthétique dérivée du pétrole.
Si l’excitation provoquée par la fête de la marque suédoise a quelque peu éclipsé le programme habituel de la Fashion week, célébrités, acheteurs et influenceurs prendront vendredi matin le chemin des podiums, avec le vétéran de la mode Paul Costelloe et de jeunes créateurs en vogue comme Di Petsa ou Bora Aksu.
Au total, 72 créateurs, talents émergents ou renommés comme JW Anderson, Richard Quinn, Erdem ou la maison britannique Burberry, présenteront leurs collections lors de cette seconde édition célébrant les 40 ans de l’événement, un anniversaire déjà fêté en février durant la Fashion week automne-hiver 2024-25.
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