« Je souhaite qu’aujourd’hui soit le jour 1 de la guerre contre la désinformation », a déclaré vendredi le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, lors d’un colloque au ministère contre « l’obscurantisme et la désinformation en santé ».
« La désinformation nuit gravement à la santé et, dans le domaine médical, elle peut tuer », a souligné M. Neuder, citant l’exemple de patients atteints de cancers qui arrêtent leur chimiothérapie pour des méthodes alternatives à l’efficacité pas avérée scientifiquement.
Dans un contexte marqué par « la montée des discours complotistes et des dérives sectaires », la lutte contre la désinformation en santé « s’impose comme une priorité stratégique pour l’Etat », a assuré le ministre, cardiologue de profession.
Aggravée par la pandémie de Covid-19, la désinformation médicale est alimentée désormais par la situation aux Etats-Unis depuis le retour de Donald Trump. Les déclarations « inquiétantes » du ministre de la Santé Robert Kennedy Jr, qui relaie entre autres une théorie fausse établissant un lien entre vaccins et autisme, doivent « nous faire réagir », a-t-il estimé.
Pour « faire de la défense de la science une politique publique à part entière », M. Neuder a défini plusieurs axes qui seront explorés par des groupes de travail, dont la création d’un « observatoire national dédié à la désinformation » ou un « programme national d’éducation critique en santé » en lien avec l’Éducation nationale.
Le ministre souhaite aussi renforcer l’implication « déterminante » des plateformes numériques dans cette lutte, alors que certains géants du numérique « prennent le sens inverse et réduisent au contraire leur politique de modération ».
Autre objectif: tenter de mieux « riposter », a détaillé M. Neuder, par exemple en créant un « label » qui pourrait être attribué à des personnalités ou des instituts garantissant qu’ils donnent une information médicale fiable.
Interrogé sur le développement des pratiques de soins non conventionnelles, y compris dans certains établissements de santé, épinglé dans le récent rapport de la Miviludes sur les dérives sectaires, M. Neuder a déclaré qu’il regarderait « avec attention » que l’on ne véhicule pas « nous-mêmes de fausses informations ».
« Je vais réinsister sur la nécessité d’avoir des démarches rationnelles, que ce soit en ville, à l’hôpital, ou dans ce ministère », a-t-il affirmé.
Et « il ne sortira rien de ce ministère (…) qui n’irait pas dans le sens de la lutte contre l’obscurantisme », a répliqué M. Neuder à une question sur l’éventuelle création, avec le feu vert de ses services, d’une instance de régulation de la profession d’ostéopathe — une pratique de soins non conventionnelle.
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