Plusieurs dizaines de salariés et représentants syndicaux de Photowatt, un des derniers fabricants français de panneaux photovoltaïques, ont fait part de leurs inquiétudes vendredi après l’annonce d’un projet de cession par EDF Renouvelables à la société Carbon, lors d’une conférence de presse à Bourgoin-Jallieu (Isère).
Pour Yannick Delorme, élu CFE-CGC du CSE de Photowatt, le « business plan » proposé par Carbon, entreprise créée en 2022 et qui porte un projet de giga-usine à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), est « vraiment peu crédible », alors que l’entreprise projette de posséder 50% des parts du marché français d’ici 2025-2026.
« C’est une start-up, ils n’ont aucune connaissance du métier », a taclé de son côté un technicien de production âgé de 53 ans, dont 17 ans chez Photowatt, pour qui la cession à Carbon n’est qu’un « licenciement caché ».
Photowatt souffre depuis longtemps de la concurrence chinoise. EDF Renouvelables avait repris l’entreprise, en redressement judiciaire, en 2012. L’entreprise a progressivement fermé des ateliers pour se concentrer sur les plaquettes de silicium à la base des cellules de panneaux solaires.
Le projet de reprise de Photowatt prévoit un plan d’investissement de 40 millions d’euros avec la création d’une unité de production pour une mise en service « avant la fin de l’année 2025 », selon Carbon et EDF Renouvelables.
Le projet d’accord prévoit le maintien des 170 emplois pendant 24 mois, a indiqué Carbon à l’AFP. Selon une source proche du dossier, EDF Renouvelables assure le paiement des salaires pendant 12 mois et Carbon doit prendre le relais les 12 mois suivants.
Carbon annonce même viser une augmentation de l’effectif à 200 emplois « d’ici 2026 ». Mais pour les syndicats il n’y a pas de garanties.
« Carbon annonce des ventes en hausse, alors qu’une crise du solaire se profile », dénonce Barbara Bazer-Bachi, secrétaire CFE-CGC du CSE: « les prix de l’électricité vont baisser en 2025, donc les Français vont installer moins de panneaux solaires », estime-t-elle.
Selon les syndicats, la reprise de Photowatt se fait pour un euro symbolique, et en échange, EDF Renouvelables assure la couverture de certains frais pendant un an après la reprise.
Le sénateur écologiste Guillaume Gontard, a appelé lors de la conférence de presse à « ralentir ce projet fait à la va-vite », et demandé « des garanties financières de l’Etat pour structurer une filière française du photovoltaïque ».
Le CSE de Photowatt doit donner son avis consultatif sur le projet le 21 novembre, date à laquelle la reprise doit être actée.
« Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 Agence France-Presse. »
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE