Risque de fragmentation d'internet: l'association de régulation mondiale "optimiste"

Les États membres de l’ONU, appelés à se prononcer en décembre sur les règles régissant internet, préserveront probablement l’écosystème actuel, évitant une fragmentation nationale ou régionale, a déclaré mardi à l’AFP le directeur de l’autorité mondiale de régulation des noms de domaine (Icann).

« La grande majorité des pays que nous avons rencontrés, y compris ceux qui étaient très sceptiques par le passé, estiment que le modèle actuel de gouvernance d’internet a fait ses preuves », a affirmé Kurtis Lindqvist, directeur de l’Icann, lors du Web Summit à Lisbonne, un salon consacré aux nouvelles technologies.

« Il y a un optimisme prudent. Voyons ce qui se passera en décembre », a-t-il ajouté, notant que « les négociations » sur le texte qui doit être adopté par l’ONU « commencent maintenant ».

Entreprise à but non lucratif installée en Californie, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers coordonne l’attribution mondiale des adresses internet, qu’il s’agisse des versions simples que les utilisateurs tapent dans les navigateurs web, ou des chaînes de chiffres utilisées par les ordinateurs, appelées adresses IP.

Disposer d’un système d’adresses unique et accepté dans le monde entier signifie que chacun, dans n’importe quel pays, peut facilement joindre d’autres internautes ailleurs dans le monde en visitant leur site web ou en envoyant un courriel.

Cette structure, harmonisée par l’Icann, a longtemps échappé aux débats, avant d’être soumise à des pressions ces dernières années.

Plusieurs propositions ont ainsi été déposées aux Nations Unies pour donner aux gouvernements et aux groupes commerciaux le contrôle de ces éléments de l’infrastructure d’internet.

Pour le gestionnaire, cela mènerait vers un internet fragmenté, où il pourrait s’avérer coûteux voire impossible pour les utilisateurs de se connecter à travers des systèmes d’adresses distincts.

Les avantages sociaux et commerciaux d’internet ne sont « possibles que parce que nous avons une norme technique uniforme, nous avons des identifiants uniformes qui sont accessibles dans tout internet », a ajouté M. Lindqvist.

« Si nous commençons à fragmenter cela en érigeant des barrières ou au travers d’actions politiques, alors nous commençons à diminuer cette création de valeur ».

Le directeur de l’Icann a également appelé l’ONU à mettre fin à la pratique consistant à réexaminer la gouvernance d’internet tous les dix ans.

Concernant la régulation de l’intelligence artificielle (IA), « tout est littéralement sur la table » dans les discussions entre les gouvernements, a souligné Kurtis Lindqvist, avec des propositions allant d’une gouvernance indépendante sur le modèle de l’Icann à une agence dédiée de l’ONU pour l’IA.