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Décryptage

Energies renouvelables, emploi et conjoncture

Posté le par La rédaction dans Environnement

La création d'emplois liée à la prise en compte par les entreprises des problématiques liées aux énergies renouvelables se heurte aujourd'hui à la crise et aux choix stratégiques des grands groupes...

Au-delà des décisions du Grenelle, les chiffres liés à la création d’emplois dans les secteurs des énergies renouvelables au sein des grands groupes doivent être pondérés avec d’autres facteurs. La crise économique mondiale en est un. La volonté des entreprises de s’engager dans des processus longs pour faire évoluer leurs pratiques en est un autre.

On distinguera les entreprises considérées comme « vertes », qui se sont constituées dans le but de produire des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien…) de celles qui font évoluer leur activité vers une production ou/et des pratiques plus renouvelables. En ce qui concerne ces entreprises, voyons secteur par secteur quels vont être les acteurs concernés.

Au niveau énergétique, des grands groupes producteurs d’énergie ont, depuis le Grenelle, diversifié leurs moyens de production. C’est le cas d’EDF par exemple. Dans d’autres secteurs, les entreprises doivent remettre en cause tout ou partie de leur outil de production. C’est le cas du secteur des matériaux, dont l’empreinte écologique est désormais pointée du doigt (le béton en est le meilleur exemple). L’industrie chimique, elle, via Reach par exemple, opère une remise à plat de ses pratiques.

Autre exemple, le secteur de l’automobile. Les constructeurs travaillent déjà depuis plusieurs années sur la consommation des véhicules. Depuis quelques temps, le véhicule électrique est un défi technologique qui concentre les secteurs R&D des plus grands constructeurs. Les batteries représentent notamment un enjeu crucial.
Il est important de remarquer que pour les constructeurs automobiles par exemple (mais la grande majorité des grands groupes est soumis aux mêmes contraintes), les enjeux sont désormais multiples. En effet, au-delà de l’innovation en termes de consommation des véhicules, c’est le véhicule en lui-même qui doit évoluer :

  • Au niveau des matériaux ;
  • Au niveau des substances utilisées dans la fabrication des véhicules ;
  • Au niveau du suivi des pratiques des prestataires.

De nouvelles pratiques métiers plutôt que de nouveaux métiers

Par delà, ce sont donc les métiers eux-mêmes, du début à la fin de la chaine de production, qui doivent évoluer. L’ensemble des familles professionnelles ainsi que tous les niveaux d’emploi, de l’opérateur au manager, sont impactés. En ce qui concerne l’automobile, voici un panorama de l’évolution des métiers observée :

  • les transports ferroviaires et guidés : l’ingénierie vers de l’éco-conception, l’exploitation des réseaux vers une vision plus systémique du transport vue sous l’angle de la mobilité ;
  • une maintenance plus intégrée : les responsables de sites et de maintenance, les opérateurs de maintenance et les techniciens, les services fonctionnels avec une approche du travail plus transversale ;
  • le transport de marchandises : le développement durable devient un vecteur de promotion du service vendu. Perfectionner les conducteurs en conduite rationnelle, développer la prévention des risques, sur les aspects comportementaux de l’exercice du métier, relationnels commerciaux ;
  • l’exploitation des transports : conduite économe, déménagement durable, chauffeur livreur en milieu urbain, rationalisation des transports ;
  • les voies d’eau : polyvalence, nouveaux modèles d’exploitation, fonction d’accueil, manutention et logistique ;
  • la logistique : maximisation du remplissage des camions, meilleure organisation des tournées de livraison pour regrouper en un seul trajet les livraisons à plusieurs clients, intermodalité… ;
  • les travaux publics : gestion des déchets, droit de l’environnement, propreté des chantiers, respect de la faune et de la flore sur chantier (préparation avant réalisation du chantier, pendant et après – ces actions sont souvent à réaliser en concertation avec le maître d’ouvrage), réduction des nuisances sonores (chantiers furtifs, …), pollution des sols, préservation de la qualité de l’air, protection de l’eau, l’ingénierie écologique du paysage…

On le voit donc, les considérations des entreprises en termes d’utilisation des énergies renouvelables impliquent des changements en profondeur dans toute la chaîne de production de valeur. L’exemple du secteur de l’automobile est à ce titre frappant.
Mais les exemples du secteur du bâtiment, de la chimie, ou encore de la production et de la distribution d’énergie révèlent, on l’a vu, les mêmes particularités. Dans ces secteurs également, il faut reconsidérer, verticalement et transversalement, les implications induites par ces changements.
L’évolution des métiers eux-mêmes implique des besoins en termes de compétences et de formation. Mais pas tant que cela. Comme le soulignent souvent les responsables des grandes entreprises, il s’agit avant tout d’une prise de conscience collective sur des thèmes qui sont devenus importants depuis quelques années. Le changement opéré l’est donc autant au niveau des mentalités que des process métiers.

Quels sont les facteurs qui ont ou vont influencer le virage énergétique ?

L’évolution des pratiques dans les grandes entreprises, liée à la prise en compte de la problématique environnementale et énergétique, se heurte aujourd’hui à la réalité des marchés… Réalité qui depuis deux ans n’a qu’un mot à la bouche pour éclairer sa situation : la crise. Si la crise freine bien évidemment les grands projets non vitaux pour les entreprises, elle a aussi tendance à ralentir les transitions opérées par les entreprises vers de grands investissements « verts », destinés à améliorer leurs pratiques, leur production ou simplement leur bilan carbone.

C’est pour cela qu’il est vital que l’état soutienne les investissements à caractère durable, et surtout tant que les répercussions de la crise financière se font sentir sur les entreprises.

Au final, les opportunités pour les entreprises françaises impliquées dans ces processus de changement des pratiques sont grandes. À terme, les retombées économiques et industrielles attendues sont les suivantes :

  • Tout d’abord la création d’environ 450 M d’euros d’activité sur la période 2009/2020 ;
  • La création de « champions » industriels avec une capacité d’export dans des secteurs durables (éolien offshore, voiture électrique) ;
  • Réduction des temps de transports, avec le développement des TCSP et du LGV ;
  • Substitution de la production d’énergie d’environ 200 TWh final/an, par de l’énergie renouvelable (dans le détail : 64 par le fonds de chaleur renouvelable, 57 par l’éolien, 42 par la biomasse) ;
  • Réduction de la consommation d’énergie d’environ 180 TWh final/an ;
  • Désenclavement de la Seine par le canal Seine Nord Europe : ouverture sur le réseau européen de voies navigables.

Ainsi, on voit bien que pour le entreprises évoluant dans les secteurs que nous avons évoqués plus haut, le virage énergétique voulu lors du Grenelle représente une opportunité de faire évoluer leurs pratiques, et pourquoi pas gagner de nouveaux marchés.

Par Pierre THOUVEREZ

 

Sources : developpement-durable.gouv, CRE, BCG

 

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